Photo : S. Zoheir De notre envoyé spécial à Tlemcen Hasna Yacoub
Une forte explosion de gaz a secoué, vendredi dernier, la cité universitaire de garçons Bakhti-Abdelmadjid, de Tlemcen, vers 19h40, au moment où les étudiants prenaient leur dîner. Sept personnes ont trouvé la mort et près d'une quarantaine d'autres ont été blessées, dont au moins quatre grièvement. La déflagration, qui a été entendue sur des kilomètres à la ronde, a provoqué une grande panique chez les habitants de la ville de Tlemcen. Les souvenirs encore vivaces des années de terrorisme n'ont pas manqué de créer un vent de panique et la rumeur d'un acte terroriste a vite circulé. Si les agents de la police scientifique ont préféré ne pas se prononcer sur l'origine de l'explosion jusqu'à la fin de leurs investigations, le directeur de la Protection civile a confirmé pour sa part que la cause de l'explosion est due au gaz. Le directeur des œuvres universitaires a, lui aussi, déclaré que l'explosion serait due à l'accumulation de gaz au sous-sol du restaurant suite à une fuite. A la cité Bakhti-Abdelmadjid, trois heures après l'explosion, une grande foule bloque l'entrée composée de curieux, de parents inquiets venus chercher leurs enfants résidants dans la cité et d'amis des victimes. Les agents de police, de la police scientifique, du croissant rouge et ceux de la Protection civile sont tous regroupés face à un spectacle désolant. Du restaurant universitaire, il ne reste plus que décombres et débris de verres mêlés à une forte odeur de brûlé. Le souffle de l'explosion a carrément arraché la porte du resto, la projetant quelques mètres plus loin. Du côté des cuisines, le mur s'est complètement effondré. A l'intérieur, plus rien. Le feu a tout consumé. Des étudiants et des employés ne quittent pas des yeux le lieu du drame et se répètent sans cesse les circonstances de l'explosion, les derniers gestes, les dernières paroles des uns et des autres. Certains, toujours sous le choc, arrivent à peine à communiquer à d'autres étudiants les noms de leurs amis victimes. Les larmes aux yeux, l'un d'eux cite le nom d'un étudiant qui a perdu les bras dans l'explosion. Il évoque également une femme, employée aux cuisines, qui a perdu la vie. A l'intérieur de leur pavillon, des étudiants, très affectés par la perte de leurs collègues, grognent. Ces derniers affirment que l'odeur de gaz empestait depuis quelques temps déjà le resto universitaire et qu'ils ont, à plusieurs reprises, signalé à l'administration l'existence d'une fuite. L'un d'eux imputera même la cause du drame à l'inconscience des responsables de la maintenance et rappellera qu'une explosion de gaz de moindre importance a eu lieu au même resto, l'année dernière et a causé des blessures à un des employés. Les employés de la cité universitaire ont refusé, pour leur part, de faire des commentaires sur l'accident. Au niveau de l'hôpital de Tlemcen, le personnel trouve beaucoup de difficultés à gérer le flux important de gens qui affluent au service des urgences. Selon des sources hospitalières et des services de sécurité, il y a sept victimes, dont six étudiants et une employée de la cité. Les six étudiants seraient originaires de Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, et Médéa. A signaler que le bilan des victimes se serait alourdi, hier vers midi, après le décès d'une huitième victime. L'étudiant n'a pas survécu à ses blessures, jugées graves. Trois autres étudiants sont toujours au service de réanimation. Signalons enfin que le ministre Hachemi Djiar, qui fait office de ministre de l'Enseignement supérieur, était hier matin au chevet des blessés. «L'enquête déterminera les causes exactes de cet accident tragique, et nous ferons tout pour que cela ne se reproduise plus», a-t-il déclaré à la presse.