En dépit de l'importance l'effectif du cheptel estimé à 22 millions de têtes d'ovins et près de deux millions de têtes de bovins, la filière viandes reste la cible préférée des spéculateurs. Ces dernières années, les Algériens constatent, à leurs dépens, que les prix de la viande rouge ont atteint des seuils quasi inabordables. Les spécialistes indiquent que les prix pratiqués actuellement sont causés par les différents dysfonctionnements que connaît la filière viande rouge. L'absence d'une réelle organisation des circuits de commercialisation, qui est censée reposer sur des réseaux fondés sur des conventions entre les différents acteurs, a, malheureusement, induit des comportements spéculatifs. L'autre facteur qui contribue à cet état de fait, c'est que l'Algérie n'a jamais disposé d'abattoir industriel moderne. L'absence de telles infrastructures a laissé le champs libre aux différents intermédiaires, exerçant dans la majorité des cas, dans l'informel, pour dicter leurs propres lois. Les professionnels, rencontrés récemment au Salon SIPSA-Agrofood, nous ont indiqué que la multiplicité des intervenants dans le circuit de la commercialisation entre maquignons et la prédominance du marché informel sont les véritables causes qui ont mis à genou cette filière. Et pour mettre fin à cette anarchie totale, les pouvoirs publics ont décidé de réorganiser en amont et en aval cette filière. C'est dans cette optique que le ministère de tutelle a décidé de réaliser des complexes dotés de toutes les activités à vocation de distribution grand public. Cette vision futuriste sur le moyen et long termes, qui permet d'encadrer la profession, est née en 2008 avec la création d'une SPA, Alviar qui dépend du groupe SGProda, opérationnelle depuis mars 2010. Toujours dans le cadre du développement de ladite filière, en sus de la réalisation de ces trois abattoirs, 5 complexes frigorifiques pour la collecte des produits agricoles, des bases logistiques, des complexes d'entreposage avec la rénovation des entrepôts de l'ex-Enafla et l'Enapsa, sont également à construire. S'étalant sur une superficie de 10 à 15 ha, ces complexes devraient entrer en production en 2014 et auront pour mission l'«absorption du surplus de production et la sécurisation des éleveurs». Les trois complexes d'abattage, prévus à Bouketeb (El-Bayadh), Hassi Bahbah (Djelfa) et Aïn M'lila, comptent pour chacun une chaîne d'abattage mixte ovine et bovine, des entrepôts frigorifiques, des tunnels de congélation, des ateliers de transformation, des bâtiments de servitude et des aires de stabilisation. Les trois complexes auront des relais au Nord à travers trois «centrales viandes», dont une de capacité 30 000 m3 à Skikda, une à Mostaganem et une autre au Centre. Ces centrales auront pour vocation «la réception du produit des Hauts-Plateaux, le conditionnement et la distribution au grand public».