"L'Algérie est le seul pays de l'Afrique du nord qui a une armée bien équipée et bien entraînée. Un rapprochement de la France avec l'Algérie est absolument nécessaire pour ramener la sécurité et l'apaisement dans la partie nord du Mali et dans l'ensemble des pays du Sahel africain" a estimé l'ancien directeur de la surveillance du territoire français (DST), M. Yves Bonnet, intervenant lors d'une rencontre autour de la crise sécuritaire dans les pays du Sahel et les effets négatifs d'une intervention étrangère, organisée à l'hôtel el-Aurassi par l'Association algérienne de soutien à la famille rurale et le magazine "Aldjazaïr.com". Et c'est d'ailleurs, ce à quoi sont parvenus des experts dans les questions sécuritaires en Afrique et Moyen-Orient, réunis à l'hotel Aurassi (Alger), puisqu'ils ont eux aussi estimé que la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne ne peut s'effectuer uniquement par des efforts nationaux avant de souligner qu'une coopération "étroite" entre l'Algérie et la France peut être une réponse à la crise sévissant dans le nord du Mali. C'est ainsi que l'ancien directeur de la surveillance du territoire français a préconisé "une coopération étroite entre l'Algérie et la France pour juguler le phénomène du terrorisme dans la région sahélo-saharienne et en particulier au Mali", tout en reconnaissant que la France "n'a pas agi pour aider le Mali dans sa crise conformément aux accords qui lient les deux pays". Avec une vision plus large, M. Bonnet a relevé que la menace terroriste est "un phénomène qui touche toute la façade méditerranéenne". De son côté, la présidente honoraire du Sénat Belge, Mme Anne-Marie Lizin, a choisi évoquer les sept diplomates algériens enlevés à Gao en s'adressant à leurs familles présentes à cette rencontre, pour leur exprimer, sa solidarité et son soutien. Pour elle, la prise d'otages dans cette région est pratiquée depuis des années. il s'agissait, selon elle, du seul procédé pouvant procurer aux groupes terroristes des revenus. Parlant de la crise libyenne au moment où le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, M. Mustapha Abdeldjallil effectue une visite officielle de deux jours en Algérie à l'invitation du président de la République , M. Abdelaziz Bouteflika, Mme Lizin relève que celle-ci "était un facteur qui a explosé dans la région avec une capacité militaire noncontrôlée". elle a exprimé sa conviction, au vu de l'émergence de revendications régionales à l'instar de celle du Mouvement Azawad dans le nord du Mali, qu"'un grand pays comme l'Algérie qui est visé". Pour sa part, la présidente de l'Association de solidarité avec la famille rurale, Mme Saïda Benhabyles, a d'abord précisé que cette rencontre a été organisée sur proposition de représentants de la société civile des villes de l'extrême-sud de l'Algérie, à savoir Tamanrasset, Adrar, Ghardaïa et Ouargla, avant de relever que la clause d'ingérence imposée par l'Occident en Libye, pour des motifs humanitaires, "a eu un effet contraire et catastrophique". Et dans la perspective d'illustrer son propos, Mme Benhabyles n'a pas hésité à citer le cas des armes qui circulent dans la région du Sahel, notamment la crise qui secoue le nord du Mali. elle a, également salué, à cette occasion, les familles des sept diplomates algériens enlevés à Gao, affirmant que l'Etat algérien œuvre actuellement pour la libération de ses ressortissants pris en otage. Intervenant lors de cette rencontre, le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), M. Eric Denécé, estime aussi qu'une coopération entre l'Algérie et la France "est la seule voie possible pour un retour à la stabilité dans la région du Sahel en général et le nord du Mali en particulier". Il a rappelé, dans ce contexte, les conclusions d'une mission d'enquête indépendante en Libye, au summum de la crise dans ce pays, dont il était membre, regrettant que la suite des événements dans la région ait donné raison à ce panel qui avait attiré l'attention des puissances engagées en Libye des dangers de dislocation de l'Etat nation dans ce pays. L'écrivain et expert français dans le contre-terrorisme, M. Richard Labévière, a parlé de la structuration des groupes terroristes dans la région du Sahel africain et les moyens de riposte à ce phénomène en indiquant que sur le premier plan, la région du Sahel "abritait les terminaux des cartels de la drogue, à la fois de la Colombie , du Venezuela et récemment du Mexique". Et c'est alors que les groupes terroristes liés à El Qaïda "viennent s'articuler sur le premier segment lié au trafic de drogue et le banditisme", a-t-il ajouté. Et à M. Labévière de conclure que "La France partage avec l'Algérie la menace du terrorisme comme elle doit partager avec elle les moyens de riposte", a-t-il dit.