Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
De Azouza, en haute Kabylie, été comme hiver, la bêtise n'a pas de saison, est-on d'emblée amené à dire, à la vue de l'état de la demeure familiale de l'un des principaux organisateurs de la guerre d'Algérie, Abane Ramdane, promue au rang de musée par les autorités et qui devait être réceptionné le 1er novembre 2007, à l'occasion du 53ème anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance. Nous avons rapporté dans ces colonnes, à l'occasion de la célébration du 20 Août dernier, la situation honteuse dans laquelle se trouvaient les trois espaces qui constituent sa demeure et l'abandon du chantier de restauration par l'entreprise en charge des travaux. Et déjà une année de retard pour un projet dont la seule symbolique ne doit laisser personne indifférent parmi les dignes enfants de ce pays pour lequel Abane et tant d'autres se sont sacrifiés, et qu'aucune contrainte matérielle ou subjective ne devrait arrêter. La maison de Abane est sans toit et en ruine depuis le mois de mai 2007. «Après un abandon des travaux de restauration qui aura duré longtemps, 3 ou 4 jeunes de la même entreprise chargée de la réhabilitation de la maison de Abane sont réapparus vers la fin du mois d'août dernier pour juste passer le temps à gratter un ou deux murs. A ce rythme, la restauration durera au moins une quarantaine d'années, et encore… Je pense que c'est avec ce passe-temps pour enfants qu'on va justifier les dépenses» du budget alloué à l'opération de restauration, nous dira Ahmed Abane, l'aîné des neveux de Abane Ramdane. Il affirme que les employés de cette entreprise raclaient les murs d'une seule pièce et que ce n'était pas des professionnels, «même pas des apprentis», affirme-t-il. «Même mort, Abane est acculé pour des desseins malsains à servir le mensonge et la falsification de l'histoire», conclut Ahmed Abane. En août dernier, le neveu de Abane avait accusé des parties au pouvoir d'être responsables de ces faits, les qualifiant de «sacrilège historique» et «seuls ceux qui ont des choses graves, des dérives à se reprocher et qui ont développé un complexe dur vis-à-vis de la guerre d'indépendance du pays sont à même de commettre un tel affront fait à l'adresse de l'architecte de l'indépendance de l'Algérie», s'indignaient Ahmed et Boussaad Abane qui revenaient sur l'accord de la famille quant à la restauration de l'habitat concerné. «Ecrivez que la famille de Abane a changé d'avis à propos de ce musée Abane Ramdane et qu'elle a renoncé à ce projet, que nous exigeons la remise en son état ancien de la maison de Abane. Les autorités de Tizi Ouzou et à l'échelle nationale se sont jouées de nous. Nous refusons que Abane soit assassiné sans vergogne à chaque anniversaire de son assassinat depuis 1957», nous diront-ils sous l'effet de la colère. Pour rappel, les travaux de ce chantier étaient placés sous la responsabilité de l'APC de Larbaa Nath Irathen et de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, selon les déclarations de membres de la famille Abane. Le directeur de la culture de la wilaya, El Hadi Ould Ali, avait déclaré à ce propos qu'il s'agissait d'un «processus de classement de plusieurs sites comme patrimoine culturel national [qui est] un axe principal de l'action culturelle dans la wilaya de Tizi Ouzou qui vise à réhabiliter des pans entiers de notre histoire et à fixer les repères de la mémoire collective récente ou ancienne».