En ce cinquantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, on ne peut que revenir sur les conséquences de la colonisation française en Algérie. Des conséquences dramatiques sur tous les plans. Les 132 années de présence française sur le sol algérien signifient 132 années de privation, de pauvreté, de soumission et de spoliation des richesses du pays et de bien d'autres souffrances. Durant toute cette période, les atteintes aux droits de l'Homme ne firent que se multiplier. Même le droit à l'enseignement et au savoir fut touché, engendrant des milliers, voire des millions d'analphabètes au lendemain de l'indépendance. Que valent finalement toutes ces années de colonisation et tous les massacres commis à l'égard d'un peuple privé de ses droits les plus élémentaires ? Que valent aussi toutes les années d'occupation française dans d'autres régions du continent africain ? Un continent connu pour la richesse de ses ressources naturelles utilisées sans limites par «les colons». Toutes ces questions s'imposent aujourd'hui. Elles s'imposent d'autant plus après le geste de Silvio Berlusconi envers la Libye de payer cinq milliards de dollars au titre de la «dette coloniale» italienne à raison de 200 millions de dollars par an pendant un quart de siècle. Une repentance coûteuse, pourrait-on dire, mais qui ne pourra jamais effacer les 32 ans (1911-1943) d'occupation italienne en Libye. Une occupation dont les conséquences furent également désastreuses. Et si la France suivait l'exemple italien, réussirait-elle à mettre fin au problème de la repentance ? Sûrement pas. Car, si la France devrait faire comme l'Italie, sa dette envers ses anciennes colonies se compterait en milliers, voire en milliards de dollars. Rien que la colonisation de l'Algérie s'élèverait à des centaines de milliards. Même si la France, l'une des puissances coloniales du siècle dernier, avait les moyens financiers de régler sa «dette» envers ses colonisés, elle ne réussirait pas à en effacer les séquelles. Si la France devait payer ses années de colonisation de l'Algérie, elle devrait présenter officiellement ses excuses. Ce que Sarkozy s'entête à ne pas faire. Il n'a fait que reconnaître tardivement «un colonialisme profondément injuste» lors de sa visite en Algérie en décembre dernier. Les autres puissances coloniales en Afrique n'ont également jamais accepté de s'engager sur la voie de la repentance. Elles ont toujours estimé la page tournée en privilégiant la coopération. Mais une coopération à sens unique puisque, dans la majorité des cas, elle ne sert que l'intérêt de ces anciens colons. La page est, certes, tournée, mais les séquelles sont toujours là, particulièrement en raison des crimes commis durant l'ère coloniale dont la France ne reconnaît pas l'erreur. La repentance, en finalité, ce n'est pas à coups de milliards mais à travers un acte de reconnaissance et de dénonciation des fautes commises même par ses aïeux. S. I.