[image] Photo : M. Hacène De notre correspondant à Bejaïa Kamel Amghar
La vue d'un espace vert est nécessaire au bien-être psychologique et à l'épanouissement personnel. C'est une vérité scientifiquement établie. Tous les thérapeutes affirment que le contact visuel avec des espaces d'agrément végétalisés améliore la capacité à faire face à des difficultés personnelles et diminue l'agressivité, en réduisant la fatigue mentale. Des études expérimentales, menées à ce sujet par plusieurs groupes de chercheurs, ont également conclu que les usagers des espaces verts dans les grandes villes augmentent leur espérance de vie. En effet, la vision d'un espace naturel est relaxante, inspire une perception positive des choses et aide beaucoup à récupérer d'un stress. Ceci pour souligner que la création et l'entretien des espaces verts relève fondamentalement de la santé publique. En Algérie, l'administration ne semble pas prendre entièrement conscience de cette question vitale. Le tissu végétal cède chaque jour, devant l'avancée implacable du béton. Même les jardins et les placettes boisées, hérités de l'époque coloniale, se rétrécissent progressivement, en raison du manque d'entretien et de la constante pression démographique sur le milieu urbain. Dans les anciennes photos, toutes les villes de la wilaya de Béjaïa affichent des trottoirs ombragés par des rangées d'arbres au feuillage toujours dense. Dans les vieux clichés des années 1960 et 1970, le tissu urbain émerge toujours d'une végétation luxuriante, qui offre à la cité un aspect reposant. Kherrata, Akbou, Tichy, Sidi Aïch, Amizour ou El Kseur avaient alors fière allure et respiraient mieux la vie. Aujourd'hui, toutes ces villes manquent terriblement d'espaces verts et de parcs, où les ménages pourraient se ressourcer et faire la promenade. Au chef-lieu de wilaya, le constat est presque le même et le peu d'aires existantes sont fortement sollicitées. La place du 1er Novembre – communément appelée Place Gueydon- constitue une escale incontournable pour tous les visiteurs de la vieille ville. Terrasse boisée, où l'on s'accorde «obligatoirement» une halte, sous le feuillage diffus des ficus, ou sous les parasols des terrasses de cafés attenants. La fraîcheur iodée de la brise marine, la vue panoramique qu'elle offre sur le port en contrebas et les lointains sommets bleuâtres des Babors, apaisent immanquablement le promeneur. Dans la plaine, à El Khemis, le square Pasteur incarne un peu l'antithèse de cette scène mouvante et énergique. Un jardin bien entretenu, centré par la fameuse statue «Le Zéphyr», qui dégage une sensation de calme et de sérénité. Sur ses bancs de bois, des vieillards, des jeunes et des moins jeunes viennent feuilleter leurs journaux, à l'ombre d'une pergola bordée de roses multicolores. A moins de cent mètres de là, sur le boulevard Abane Ramdane, le square El Qods, un minuscule parc, dallé de gros galets et ceint de gros arbustes, constitue aussi un refuge végétal très fréquenté. Autour des tables de marbre d'un petit estaminet, les supporters de football et les joueurs de loto font leurs pronostics, ou se lancent des paris. A Amriw, à l'autre bout de la ville, le parc Mezzaia, mitoyen à la maison de la culture, ne désemplit pas aussi de visiteurs, en quête d'un moment de tranquillité. Ce plan d'eau, bordé d'une ceinture végétale luxuriante, s'étend sur une superficie d'environ 3 hectares. Il abrite un peuplement aviaire d'une quarantaine d'espèces, qui se nourrit d'anguilles et de gambusies, à l'ombre des roseaux et des peupliers. Entouré de cafés, de salons de thé et d'espaces de jeux dédiés aux enfants, l'étang –placé sous la tutelle du PNG- séduit davantage les familles et les couples. En tout, on ne compte que ces trois petits espaces, dans une ville qui s'est considérablement étalée, dans tous les sens. Les nouveaux quartiers (Ihaddaden, Ighil Ouazzoug, Sidi Ahmed, Tharga Ouzammour, Edimco, Smina, Thala Ouriane, …) manquent terriblement d'espaces verts. Quand on arrive, enfin, à créer un petit coin de nature, le manque d'entretien se fait vitre sentir. Aujourd'hui, les populations prennent conscience de ce problème et s'organisent, un peu partout, pour créer des jardins publics. A Akbou, l'action du mouvement associatif a déjà porté ses fruits. La réalisation d'un parc de trois hectares a été lancée, au mois d'avril dernier. Des initiatives similaires germent un peu partout. C'est de bon augure !