De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Il est des placettes, des squares, des jardins ou des marchés dont on se souvient toujours et pour lesquels on éprouve une espèce d'attachement. Ils sont comme des êtres captivants qu'on a eu la chance de croiser à un moment ou un autre de sa vie, et dont on reste entichés pour le restant de ses jours. Des endroits qui nous marquent comme çà, simplement. On en garde des senteurs, des couleurs, des sonorités ou des ambiances en souvenirs évocateurs. Ces lieux «sympathiques» symbolisent dans notre imaginaire la mémoire vivante d'une ville ou d'une cité dans laquelle on a eu à vivre ou à séjourner. A Béjaïa, la place du 1er Novembre –communément appelée Place Gueydon- constitue une escale incontournable pour tous les visiteurs de la vieille ville. Terrasse boisée où l'on s'accorde «obligatoirement» une halte sous le feuillage diffus des ficus ou sous les parasols des terrasses de cafés attenants. La fraîcheur iodée de la brise marine, la vue panoramique qu'elle offre sur le port en contrebas et les lointains sommets bleuâtres des Babors apaisent immanquablement le promeneur. Au sous-sol, il y a la cinémathèque. Le TRB est à quelques pas plus haut. La proximité de ces deux institutions fait d'elle un lieu de rendez-vous privilégié pour les artistes. Carrefour de tous les événements culturels de la cité, elle est constamment «mouvementée» et bruyante. Dans la plaine, à El Khemis, le square Pasteur incarne un peu l'antithèse de cette scène mouvante et énergique. Un jardin bien entretenu, dont le centre est occupé par la fameuse statue «Le Zéphyr», qui dégage une sensation de calme et de sérénité. Sur ses bancs de bois, des vieillards, des jeunes et des moins jeunes viennent feuilleter leurs journaux à l'ombre d'une pergola bordée de roses multicolores. Seul l'appel du muezzin de la mosquée «El Kathar» qui lui est contigu et les gazouillements des oiseaux interrompent par moments la délicieuse quiétude de cet îlot de verdure. A moins de cent mètres de là, sur le boulevard Abane Ramdane, le square El Qods, un minuscule parc dallé de gros galets et ceint de gros arbustes, constitue aussi un refuge végétal très fréquenté. Autour des tables de marbre d'un petit estaminet, les supporters de football et les joueurs de loto font leurs pronostics ou se lancent des paris. A Amriw, à l'autre bout de la ville, le parc Mezzaia, mitoyen à la maison de la culture, ne désemplit pas non plus de visiteurs en quête d'un moment de tranquillité. Ce plan d'eau, bordé d'une ceinture végétale luxuriante, s'étend sur une superficie d'environ 2,5 hectares. Il abrite un peuplement d'oiseaux d'une quarantaine d'espèces, qui se nourrit d'anguilles et de gambusies, à l'ombre des roseaux et des peupliers. Entouré de cafés, de salons de thé et d'espaces de jeux dédiés aux enfants, l'étang –placé sous la tutelle du PNG- séduit davantage les familles et les couples d'amoureux. On y va rarement seul, en tout cas. Il y a, bien sûr, de nombreux autres sites caractéristiques de la ville de Béjaïa, mais les espaces verts restent de loin ceux dans lesquels on préfère généralement se reposer. Le constat reste valable pour les autres villes de la wilaya. Thala N'Tbaborth (une fontaine publique) à Kherrata, le lac noir à Adekar, Laânser Azegzaw (latéralement, source verte) à Taskriout et le parc animalier d'Akbou, pour ne citer que ceux-là, jouissent d'une notoriété particulière. C'est dire toute l'importance qu'il va falloir accorder à ce genre d'équipements publics pour rendre nos villes un peu plus agréables à vivre.