[image] Par Karima Mokrani L'appel de la Fédération nationale du secteur de la justice (Fnjs), affiliée au Snapap, aux greffiers et aux corps communs de la justice, pour une grève nationale de trois jours, à partir d'hier, n'a pas trouvé d'écho favorable auprès des concernés. Seuls quelques syndicalistes du tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) ont essayé de répondre présent mais ont été vite dissuadés par les forces de police d'aller au bout de leur action. Ailleurs, notamment au niveau de la Cour suprême à El Biar et la Cour de Hussein Dey, aucune trace d'un quelconque mouvement de grève ou d'autre action protestataire. Les greffiers et autres employés du secteur sont «terrorisés», selon les dires de l'un de leurs représentants. «C'est vrai, il n'y a pas eu de réponse à notre appel au mouvement de grève. C'est toutefois compréhensible, les gens sont terrorisés. Les portes du dialogue sont fermées et la répression n'arrête pas de s'accentuer sur les protestataires», affirme un dirigeant syndicaliste. Selon ce dernier, 51 greffiers ont été licenciés abusivement et tous sont des pères de famille. Le dernier d'entre-eux a une femme et un enfant à charge. Leur seul tort est d'avoir réclamé l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle, insiste-t-il. Par ailleurs, 8 greffiers, dont 6 femmes, sont en grève de la faim depuis le 6 mai dernier. Tous des délégués syndicaux ayant osé dire à haute voix leur colère devant le mépris et le refus de la tutelle de satisfaire leurs revendications. Leur état de santé ne cesse de se dégrader, dans l'indifférence totale du ministère et autres représentants des pouvoirs publics. Des syndicalistes et des militants des droits de l'Homme soutiennent leur cause et affichent leur soutien pour les grévistes de la faim mais, eux aussi, subissent la même pression de la part du ministère de la Justice. Mercredi, au moins quatre militants des droits de l'Homme sont attendus au tribunal de Bab El Oued pour répondre au chef d'inculpation d'incitation à la manifestation publique. Il leur est reproché également leur solidarité avec les grévistes de la faim. Dans un communiqué rendu public hier, le Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (Sess) a dénoncé «l'acharnement» contre les syndicalistes et les militants des droits de l'Homme. «Alors que la grève de la faim du personnel de la justice risque d'entraîner leur mort, les autorités algériennes pensent que le moment est venu pour désarmer toute contestation en criminalisant les protestataires», s'indigne le Sess. Le syndicat dénonce les poursuites contre Abdelkader Kherba, Yacine Zaid, Abdou Bendjoudi, Athmane Aoumer, et Lakhdar Bouzini. L'organisation autonome affirme son soutien pour les cinq militants et appelle à une forte adhésion au rassemblement prévu devant le tribunal de Bab El Oued, le jour du procès, soit mercredi.