L'Algérie a fait don de 20 tonnes de produits alimentaires au profit des sahraouis. Ce don, fait par un opérateur économique national, est composé de différentes pâtes alimentaires et conserves de tomate, en plus d'autres produits alimentaires. Cela rentre dans le cadre des aides humanitaires accordées à ce peuple militant pour sa liberté et son indépendance, a indiqué mardi soir à Tindouf, Mohammed Bendjedidi, membre de la Commission nationale consultative algérienne de promotion et de protection des droits de l'Homme, qui a appelé, en outre, les différents opérateurs économiques nationaux à «participer aux aides humanitaires accordées à ce peuple frère». Cette initiative a été saluée par le président du Croissant-Rouge sahraoui, Yahia Bouhabine, en rappelant qu'elle n'était pas la première du genre d'autant que, cette fois-ci, elle émane de la société civile. Ces aides seront distribuées aux familles nécessiteuses, a-t-il précisé, ajoutant qu'elles sont variées et comportent des produits alimentaires, des affaires scolaires et des chaises roulantes pour les personnes handicapées. L'expérience algéro- sahraouie dans la gestion des aides humanitaires est «unique en son genre et remarquable» entre un pays d'accueil et un peuple réfugié, a-t-il estimé, soulignant qu'un représentant des réfugiés sahraouis se trouve actuellement au port d'Oran, premier point d'arrivée des aides humanitaires. Cette aide est plus que salutaire pour les sahraouis des camps de réfugiés à Tindouf, qui vivent dans des conditions humanitaires désastreuses et manquent des besoins les plus élémentaires, (nourriture, eau, médicaments), ces dernières années. Leur situation insoutenable se complique chaque jour davantage, surtout à l'approche des grandes chaleurs qui coïncidera avec le mois du carême et en raison de l'amenuisement des dons de la communauté internationale. La crise économique mondiale qui a touché certains pays, n'est pas étrangère à cela, en sus de la situation géopolitique qui a relégué au second plan la question sahraouie. Des responsables sahraouis l'expliquent ainsi, et mettent en garde contre «la situation difficile» qui prévaut au niveau des camps de réfugiés sahraouis en raison «du manque d'aides humanitaires». Ils se sont plaints, auprès de la presse espagnole, du fait que les aides humanitaires espagnoles à destination des camps de réfugiés ont été réduites de moitié en raison de la crise économique mondiale.Si, pour les besoins les plus élémentaires des sahraouis, pas moins de 82 millions de dollars/an sont nécessaires, selon l'évaluation faite par le président du Croissant-Rouge sahraoui (CRS), à notre confrère d'Info Soir, il s'avère, selon lui, que, «les donateurs se font de plus en plus rares». Et «l'écart des dons enregistré afin de pouvoir couvrir tous ces besoins pour l'année en cours est estimé à 32 millions de dollars», a précisé la même source, en citant une enquête réalisée par la représentation à Tindouf du Comité des Nations unies des réfugiés (Unhcr) en octobre dernier. Pour sa part, l'Unhcr assure des aides de l'ordre de 8 millions de dollars seulement, ajoute-t-il. Situation compliquée pour une population dont les ressources naturelles sont «exploitées illégalement par le Maroc en complicité avec d'autres Etats». Toujours selon la déclaration faite par Yahia Bouhabini, la malnutrition touche 30% de la population réfugiée, l'anémie chronique 67%, le taux des femmes enceintes en difficulté d'accouchement est de 55%. Sans compter le diabète et l'hypertension dont souffrent plus de 50% des réfugiés. Des difficultés chroniques qui mettent en évidence le rôle des organisations humanitaires internationales afin de soulager les souffrances de la population sahraoui réfugiée à Tindouf, qui, de l'aveu même de ces organismes, fait figure de cause oubliée. «Il est évident que la question des réfugiés sahraouis figure parmi les causes qui sont oubliées par la communauté internationale», a avoué Abdulkarim Ghoul, représentant du HCR, lors d'une rencontre à Alger. L'action de l'organisme onusien, le HCR, consiste à offrir une assistance destinée à répondre aux besoins élémentaires et à assurer des services essentiels aux réfugiés installés dans des camps à Tindouf. le HCR, qui annonce un budget total du programme en Algérie pour 2012 et 2013 s'élevant à quelque 25,5 millions de dollars par an, estime néanmoins que ce montant reste insuffisant pour prendre en charge la totalité des besoins de la population réfugiée sahraouie. Le programme alimentaire mondial estime avoir besoin d'au moins 36 millions d'euros pour financer l'aide alimentaire, estimée à 125 000 rations mensuelles, aux populations sahraouis de Tindouf. A. R.