Photo : Riad Par Badiâa Amarni Invité par le Forum des Chefs d'Entreprise (FCE), l'ancien ministre des Finances, le Professeur Abdelatif Benachenhou a présenté jeudi dernier à l'hôtel Riadh, un exposé autour des 50 propositions présentées par cette organisation patronale, à l'occasion du symposium organisé en mars dernier, à l'hôtel El Aurassi. Propositions qui ont pour objectif le développement de l'économie algérienne.D'emblée, le conférencier a rappelé que «les propositions du FCE tournent autour de quatre grands axes, à savoir la liberté d'investissement -un point extrêmement important dira-t-il-, la restriction du marché informel, la révision du climat des affaires, dans le sens de l'allègement et de la simplification, et enfin l'organisation de l'administration économique pour accompagner l'investissement».Il dira que «parler d'un nouveau régime de croissance, comme suggéré par le FCE, est opportun car, d'abord, nous attendons un nouveau gouvernement. En plus, l'Europe latine, notre partenaire économique, est en mauvais état, tout comme notre entourage et ce, pour une longue période», rappelant qu' «à l'intérieur, on n'est pas indifférent à ce qui se passe chez les autres. De plus, je ne pense pas qu'on ait mesuré la situation des hydrocarbures, qui font 50% de la croissance de l'Algérie».«Le FCE s'est engagé dans une aventure qui parle de régime de croissance, en se rattachant à l'école de régulation qui repose sur l'organisation de l'économie, sa régulation, la stratégie de l'économie, la protection sociale et le dialogue social», rappelle le professeur Benachenhou. Sur le premier point, à savoir l'organisation, le FCE dit qu'«il faut changer l'organisation de l'économie et le régime de croissance, en donnant plus de liberté d'investissement et de modulabilité de gestion». Adhérant à la proposition du FCE, le conférencier rappelle que «la libéralisation de l'économie est devenue plus indispensable, pour des raisons simples et chiffrées. Les ¾ des Algériens ne savent pas que nous sommes dans la plus grande crise de l'investissement productif depuis l'indépendance. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas investi, bien au contraire. L'investissement de l'Etat représente 79%, le secteur de l'énergie entre 6 et 7%. Sur les 15% restants, 6% sont attribuables aux sociétés, dont 1,5% dans l'industrie et les services modernes. En 2009, sur les 30 milliards d'euros investis, seulement 150 millions d'euros l'ont été dans l'industrie et les services modernes, sous forme de sociétés». En disant oui pour la libéralisation de l'acte d'investir, le conférencier dira qu'«à côté il faut aller vers la préférence nationale sous trois aspects, entres autres, les champions nationaux aidés par l'Etat, et les aides multiples (financières, fiscales…)». Sur la régulation de l'économie, Benachenhou a évoqué le financement, en disant : «Il est clairement nécessaire d'aller vers une industrie bancaire, avec des banques publiques, privées et étrangères et cela représente un long processus». À propos de la fiscalité, l'invité du Forum explique qu'il se «préoccupe de l'amnistie fiscale, à laquelle il adhère, mais en identifiant d'abord les sources du commerce informel, qui sont le trafic de la devise, le trafic aux frontières, et la vétusté de nos circuits de distribution. Il faut que l'Etat gendarme se mette avec l'Etat régulateur, pour lutter contre ce phénomène». Sur le taux de change, Benachenhou, rappelant que «la banque centrale a sa théorie, et c'est la maîtrise du taux de change effectif réel qui est un modèle du FMI». L'orateur propose d'engager un débat sur cette question, pour que chacun exprime son avis.Le professeur Benachenhou se dit étonné que le FCE «n'ait pas parlé, dans ses propositions, du secteur public et de sa participation à la croissance, de même que des hydrocarbures, qui représentent 45 à 50% de la valeur ajoutée». «Il est totalement illusoire de passer de 3% à 8%, ou 10% de croissance, sans parler en détail du secteur des hydrocarbures». Et d'ajouter qu' «il faut une réévaluation de la politique gazière de notre pays et, parallèlement, de la politique pétrolière. Une chose que je répète depuis des années».Concernant les énergies renouvelables, il dira qu'«il y'a deux conditions pour que ça marche, entres autres à qui vendre l'électricité, avant d'enchaîner «si vous voulez ruiner Sonelgaz, faisons de l'énergie renouvelable».Benachenhou n'a pas manqué d'évoquer «le problème de la macro finance», disant que «la consommation est excessive, mais on ne la voit pas, parce qu'elle est subventionnée». Et d'ajouter «je rêve du jour où l'on prendra la moitié des 21% du PIB pour les mettre dans l'investissement des entreprises». Reconnaissant que ce problème de macro finance lui fait passer des nuits blanches, l'hôte du Forum propose de remettre le logement algérien sur le marché. Il rappellera que «3,5% du PIB va au logement, alors que 1,5% de ce PIB va à son financement» et dit «adhérer à la théorie de restructuration du financement du logement, qui pose un problème macroéconomique». Selon lui, «il faut trouver les formules les plus adaptées à chaque catégorie sociale, de même que des solutions ciblées». Enfin le professeur Benachenhou dit qu'il est «pour le dialogue social comme le revendique le FCE, mais à condition de partager la même base d'informations, pour pouvoir s'entendre».