Les perspectives économiques moroses dans la région, notamment la crise en zone euro devraient inciter les acteurs économiques à engager une réflexion sur la mise en place d'une nouvelle économie en Algérie, a affirmé, jeudi à Alger, l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. "Il est opportun de parler d'un nouveau régime de croissance eu égard à la situation régionale difficile, notamment au mauvais état de l'environnement économique de l'Algérie", a estimé M. Benachenhou lors d'une conférence-débat organisée par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), consacrée aux 50 propositions du forum pour un nouveau pacte de croissance économique. L'ancien ministre a exprimé, à l'occasion, son adhésion à certaines propositions du FCE pour amorcer une nouvelle dynamique de croissance moins dépendante des hydrocarbures, réfutant, toutefois certaines d'entre-elles. M.Benachenhou, professeur agrégé de sciences économiques, s'est dit, ainsi, solidaire du Forum sur la proposition de rétablir la liberté totale de l'acte d'investir , estimant que "la liberté d'investir va être porteuse d'une croissance importante". Selon M. Benachenhou, la libéralisation de l'économie est devenue "plus qu'indispensable" pour deux raisons :" l'Algérie est le pays qui connaît la plus grave crise d'investissement productive. Environ 85% de l'investissement global en Algérie est assuré par l'Etat", a-t-il ajouté. Il a affirmé également son adhésion à la proposition de l'organisation patronale sur la modernisation du régime des changes, relevant la nécessité d'engager un débat sur la politique de taux de change adoptée par la banque centrale actuellement. L'économiste s'est dit aussi en faveur de la modernisation et du renforcement du dialogue social, plaidant pour le développement du rôle du CNES dans le dialogue économique et la concertation sociale. Cependant, il s'est prononcé contre la proposition liée à la création d'une banque d'investissement spécialisée dans le développement de la PME privée tant que, a-t-il dit, le mode d'organisation de l'industrie bancaire n'a pas évolué". Il a plaidé, à ce titre, pour "la mise en place d'une industrie bancaire à travers la création de banques privées, publiques et étrangères pour le financement de l'économie". L'ancien ministre s'est dit, par ailleurs, "préoccupé" par la proposition du FCE ayant trait à l'amnistie fiscale en taxant à hauteur de 10 % les montants déclarés au fisc puis déposés dans les banques. Il a préconisé, dans ce sens, la nécessité d'identifier d'abord les sources d'enrichissement du secteur informel. M. Benachnhou a conditionné, par ailleurs, la réussite du programme national de développement des énergies renouvelables, tel que préconisé par le FCE, par l'identification au préalable du marché et des prix de vente. Il appelé, à ce propos, les décideurs à développer ce programme avec les Chinois car ces derniers, a-t-il soutenu, "maîtrisent parfaitement bien l'industrie électro-solaire". Sur le plan énergétique, l'ancien ministre a appelé à la révision de la politique gazière du pays parallèlement à la politique pétrolière. "Dans le secteur des hydrocarbures, nous nous apprêtons à connaître des années de récession productive", a-t-il estimé. M. Benachenhou a mis également l'accent sur la nécessité d'effectuer des évaluations périodiques de tout politique de développement et revoir les méthodes d'approche, soulignant l'importance de bien gérer l'inflation en période de transition.