Parmi les objectifs attendus de la prochaine révision de la Constitution, annoncée hier par le chef de l'Etat à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, figure le point lié aux symboles de la révolution. L'amendement partiel du texte fondamental contiendrait ainsi des articles qui assureront constitutionnellement la protection et la préservation des symboles de la nation, notamment ceux de la glorieuse révolution, afin que nul ne trouve moyen d'y attenter, de toucher, d'altérer ou de les manipuler. Il est donc attendu à ce que la future Constitution mette de l'ordre quant à l'usage des symboles de la nation à des fins qui sont souvent en contradiction avec l'esprit ayant conduit ces mêmes symboles à des œuvres de gloire. Il est manifestement temps que le personnel politique, les leaders des associations de masse, les porte-parole de toutes les organisations se réfèrent à d'autres idéaux car l'histoire de l'Algérie, la récente et la plus lointaine, appartient à tous les Algériens. Partant de ce principe, nul n'a le droit d'accaparer une quelconque symbolique. Tout ce qui a été entrepris au nom de la nation est l'œuvre de tous les Algériens, à la différence de ce que chacun a apporté au pays. Depuis l'indépendance, ils ont été toujours nombreux à exploiter les symboles de la nation à des fins électoralistes. Un parti politique est bien dans son rôle quand il se réclame de l'une des composantes ou des références de la nation. Mais les choses virent vers l'inacceptable dès que l'exclusion domine le discours développé. Dans l'histoire du multipartisme en Algérie, les exemples en la matière sont légion. Il est désormais établi que la naissance de partis politiques et d'autres associations de cette nature n'a pas aidé à élever le niveau du discours et des pratiques de toutes les représentations sociales de la nation. C'est plutôt le contraire qui s'est produit. La totalité des organisations de masse, qu'elles représentent les familles de martyrs ou de moudjahidine, tentent d'accaparer tous les référents de l'Algérien, de la religion à la langue en passant par l'histoire. Or, ces éléments sont le propre de tous les Algériens sans aucune exclusion. En tentant d'accaparer ces références, qui constituent naturellement le trait d'union de toute la population, on a fini par les pervertir jusqu'à provoquer d'absurdes polémiques. La plus récente a eu lieu à l'Assemblée populaire nationale qui a servi d'arène à des accusations mutuelles entre députés. La chose devient intolérable et institutionnellement inadmissible quand des personnes s'invitent dans ces querelles au nom de l'Etat. Et pour boucler la boucle, on ose servir ces images télévisées aux téléspectateurs.Le recours à cette «régulation» est décidemment nécessaire pour renforcer l'unité du peuple. L'on se rappelle que le chef de l'Etat avait dit il y a quatre ans, lors d'une rencontre ayant regroupé le gouvernement et les walis, qu'il ne comprenait pas «pourquoi l'hymne national et les caractéristiques du drapeau national soient définis par une loi. Or, cette dernière peut être amendée par la suite». La révision de la Constitution a pour objectif de mettre un terme à un processus de travestissement des symboles du pays. Un travestissement qui continue de faire tant de mal à la société et à son identité. A. Y.