Le chef de l'Etat a fait savoir que l'option du Parlement n'exclut pas à l'avenir le recours au référendum. C'est la fin du suspense politique. La Constitution sera partiellement amendée dans le courant du mois prochain. Cette fois-ci, c'est officiel. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fini par l'annoncer. Dans un discours qu'il a prononcé, hier, à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire 2008/2009, au siège de la Cour suprême, le premier magistrat du pays a dévoilé son projet constitutionnel, lequel a suscité de vives interrogations de part et d'autre depuis 1999. «Eu égard aux engagements prioritaires et aux défis de l'heure, il m'est apparu nécessaire d'introduire des amendements partiels et limités, loin de la profondeur, du volume et même de la forme que je souhaitais donner à ce projet de révision constitutionnelle, ce qui aurait dans ce cas imposé le recours au peuple», a déclaré le chef de l'Etat. Cette déclaration a été faite après l'annonce de l'ouverture officielle de l'année judiciaire. Alors que tout le monde pensait qu'il allait clôturer son discours, le président a observé une pause avant de reprendre son propos. S'adressant aux magistrats et aux cadres de la nation, il a pris le soin de bien expliquer les raisons d'un tel choix. Il a, tout d'abord, tenu à rappeler qu'«en 1999 et 2004, j'avais exprimé mon souhait de revoir la Constitution lorsque les circonstances le permettraient». Pourquoi ce retard? Le chef de l'Etat dit qu'il n'a jamais renoncé à son projet. Il explique tout simplement «le poids des engagements autant que les priorités nationales ou encore la multiplicité des consultations ont empêché la réalisation de cet objectif et imposé de ce fait la pondération». Et de poursuivre: «J'avais annoncé que je n'hésiterais pas un seul instant à consulter le peuple directement à propos du projet de révision constitutionnelle. Mais, à la lumière de l'expérience vécue ces dernières années et après avoir constaté de temps à autre des interférences entre les différents pouvoirs dans la pratique de leurs missions, la nécessité d'introduire certains correctifs urgents à quelques dispositions de la Constitution est apparue nécessaire pour garantir une plus grande maîtrise dans la gestion des affaires de l'Etat.» Respectant son engagement, le président a expliqué que l'option de la voie parlementaire n'indique en aucun cas que le recours au référendum est abandonné. «J'ai préféré, en conséquence, recourir pour l'instant aux dispositions de l'article 176 de la Constitution, éloignant l'idée de la révision constitutionnelle par voie référendaire, mais sans pour autant l'abandonner», a-t-il précisé avec énergie. Que veut-il dire par-là? La révision de la Constitution se fera en deux étapes. La première concerne l'introduction de petites modifications par la voie du Parlement. La seconde, elle, portera sur les grandes lignes qui touchent au fond du texte fondamental, laquelle se fera par voie référendaire. En termes plus clairs, le président va procéder au cours de son troisième mandat à la révision de la Constitution pour l'adapter à la conjoncture actuelle. Revenant sur les changements qui seront introduits, le chef de l'Etat a avancé quatre axes. Ils s'articuleront autour de la protection des symboles de la glorieuse Révolution devenus aujourd'hui les symboles constants de la République. «En ce qu'ils représentent comme héritage éternel pour l'ensemble de la nation afin que nul ne puisse y toucher, les altérer ou les manipuler, et ce en conférant à ces symboles la place constitutionnelle qui leur est due», a-t-il expliqué. Le deuxième porte sur la réorganisation, la précision et la clarification des prérogatives et des rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres des pouvoirs. «Un pouvoir exécutif doit être fort, uni et cohérent, à même d'assumer ses responsabilités et de décider avec célérité et efficacité, de sorte à éviter les dualités et les contradictions et de dépasser les effets négatifs induits par l'incapacité à coordonner certains programmes», a t-il affirmé en ajoutant: «Ces dualités et ces contradictions conduisent finalement à l'émiettement et à la dissolution de la responsabilité et au chevauchement des décisions, induisant par là même un retard dans l'exécution des programmes et la réalisation de nos projets portant ainsi atteinte aux intérêts du peuple et de la Nation.» Il s'agit également de l'article 74 relatif à la limitation des mandats. Sans citer l'article, le président l'a contourné en affirmant toutefois le principe de «permettre au peuple d'exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté». Enfin, le dernier point porte sur la promotion du rôle de la femme dans la société. «Nous avons donc veillé à ce que le projet de révision constitutionnelle comporte une disposition nouvelle consacrée à la promotion des droits politiques de la femme et à l'élargissement de sa représentation dans les assemblées élues, à tous les niveaux», a-t-il souligné. Avant de clôturer son discours, le président a exprimé le souhait, à travers cette révision, «de conférer une plus grande cohésion à notre système politique en enracinant des fondements aux repères clairs, en déterminant encore plus les responsabilités, en mettant fin au chevauchement des prérogatives et à la confusion des concepts».