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Se repentir de la repentance ?
Publié dans La Tribune le 16 - 07 - 2012

à la veille de la visite à Alger du chef de la diplomatie française, le ministre des moudjahidines s'est exprimé en faveur de la criminalisation de la colonisation de l'Algérie. Laurent Fabius a inventé pour sa part le triptyque «objectivité, proximité, amitié» comme sens du nouvel élan que le président François Hollande entend impulser aux relations algéro-françaises. L'objectivité est en rapport avec la mémoire coloniale. La criminalisation de la colonisation signifierait pour les Algériens, au minimum des regrets publics, au mieux, des excuses officielles et, dans l'idéal, une repentance en bonne et due forme. Quand à François Hollande, le «regard lucide et responsable» qu'il entend désormais porter sur la colonisation, est un synonyme de l'objectivité fabiusienne. Si rien ne doit faire préjuger de ce que sera ce regard hollandais, on peut en revanche présumer que les sujets des regrets et des excuses éventuelles sont nettement moins problématiques que la question de la repentance. Elle est même au centre des contentieux mémoriels entre les deux pays. Cinquante ans après, les rapports bilatéraux restent toujours vissés au nœud gordien de la reconnaissance officielle des crimes de la colonisation. Quoi qu'on dise ici et quoi qu'on fasse ailleurs, le temps présent de la relation bilatérale est toujours rythmé par la fixation sur le temps colonial. La France a même voté une loi vantant les mérites de la colonisation, avant d'abroger les dispositions mythifient et mystifient. En guise de réplique tardive, l'Algérie a répondu par une loi visant à criminaliser la colonisation. Ce texte maximaliste, exigeant la reconnaissance du «génocide colonial», le pardon, des indemnisations financières et la traduction des criminels de guerre devant des juridictions algériennes, est finalement resté dans les cartons. Mais, tout solde de tout compte colonial fait, la question de la repentance, que les Algériens n'ont jamais formulée officiellement, est déjà consacrée dans le droit international. Ce droit au profit des nations anciennement colonisées, est même justifié par une riche jurisprudence. D'abord en France où, en 1995, Jacques Chirac a reconnu en 1995 la responsabilité de l'Etat à l'égard des Juifs de France dans la rafle du Vel d'Hiv. En 1997, le Premier ministre Lionel Jospin le fait aussi envers les descendants des fusillés français dans la répression des mutineries de la guerre de 14-18. En 2005, c'est encore Chirac qui s'excuse, au nom de l'Etat, pour la vaste répression de 1947 à Madagascar, trois ans après les massacres du 8 mai 1945 en Algérie. Toujours en France, la loi Taubira sur la traite et les esclavages reconnus comme crime contre l'humanité en 2001. Ailleurs qu'en France, l'histoire de la repentance dans le monde montre que la revendication algérienne, toujours officieusement exprimée, n'est pas un cas inédit dans les annales internationales. L'Allemagne, qui s'est réconciliée avec la France, a accepté de verser des compensations financières massives à Israël, au titre d'indemnisation des victimes du nazisme. Elle a aussi reconnu son entière responsabilité en tant que puissance coloniale dans le génocide des Bantous Héréros de Namibie, qui se sont opposés à la colonisation germanique de leur pays entre 1884 et 1915. Il y a aussi la repentance italienne de 2008. L'Italie de Berlusconi a en effet présenté des excuses à la Libye qu'elle a colonisée entre 1911 et 1943. Elle s'est engagée à verser à son ancienne colonie, sous forme de projets de développement, 5 milliards de dollars échelonnés sur 25 ans. A l'évidence, les Français qui ont été passablement irrités par le cas italien, préfèrent de loin le modèle franco-allemand de réconciliation. Plus pragmatique, adossé à un travail commun de mémoire, il visait à dépasser les haines du passé, sans conséquences pour l'Allemagne en termes financier et de repentance. Dans le cas de l'Algérie, la France refuse toujours d'accepter que la repentance ou les excuses officielles soient le prix à payer pour une réconciliation durable, un traité d'amitié solide ou même, comme c'est déjà à l'ordre du jour, un partenariat d'exception. De ce point de vue, elle se distingue de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne qui ont su mieux gérer leurs relations postcoloniales, moins lestées il est vrai de pesanteurs mémorielles. Tout en refusant la repentance, voire des excuses attendues aujourd'hui du président Hollande à l'égard de l'Algérie, la France ne s'est pas privée de criminaliser le génocide arménien. A la faveur de l'irrésistible montée du Front National, elle n'a pas hésité à opposer l'identité nationale française à l'altérité musulmane. Elle persiste à voir deux menaces stratégiques : le Sud dans sa globalité et l'islamisme, parfois confondu avec l'islam. Là n'est pas la seule contradiction. Paradoxe majeur, elle perçoit l'Algérie à la fois comme une menace sécuritaire et comme un partenaire privilégié. En 2010, elle a en effet inscrit l'Algérie sur la liste des pays à risque pour sa sécurité intérieure. En vertu de cette liste noire, les Algériens candidats au voyage dans l'Hexagone sont soumis à des procédures de contrôles sévères en termes de visa et de séjour. Curieuse singularité que ce blacklistage intervenu dans un contexte d'intensification de la coopération antiterroriste bilatérale ! Les Etats Unis, c'est vrai, ont fait de même avant de revenir à un système de sécurisation plus mesuré, après un dialogue avec les autorités algériennes. Pour les Algériens, s'agirait-il finalement de se repentir de l'exigence de repentance pour mieux faciliter les choses pour François Hollande, dont il est attendu un geste qui ne soit pas normal ? Non pas de chanter des psaumes pénitentiel, mais une reconnaissance de la faute coloniale. Faire la vérité, comme le disait l'Algérien Saint-Augustin. Ou bien, comme le Français La Rochefoucauld, penser que «le repentir est le dernier profit que l'Homme tire de sa faute.»
N. K.

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