L'annonce de la future révision de la Constitution a fait sortir la classe politique de sa somnolence, même si les déclarations faites jusque-là ne présagent pas vraiment un débat passionnant, comme c'est souvent le cas dans ce genre d'événements. Il est vrai que le week-end prolongé qui a suivi le discours présidentiel n'est pas de nature à revigorer une classe politique qui peine à sortir des sentiers battus. Et les premières flèches n'ont pas tardé à être décochées, en même temps que les flatteries des partisans d'un troisième mandat présidentiel. Le plus virulent des partis politiques a été, sans doute, le Front des forces socialistes qui, tout au long de la période du suspense –laquelle a quand même duré plusieurs mois- n'a cessé de pourfendre le bilan présidentiel et de s'opposer à toute consultation électorale, exception faite des locales où le parti est présent, même avec un énorme recul. «L'annonce de la révision de la Constitution par le chef de l'Etat n'a rien d'inédit. Une simple levée de suspense. Le pouvoir continue de veiller sur la pérennité du système. Cette décision ne change rien ni aux problèmes politiques, sociaux et économiques des Algériens, ni aux défis qui attendent notre pays. Mis à part le personnel habituel qui meuble l'arène du pouvoir, l'annonce de la révision de la Constitution n'apporte rien de positif à la population.» Ce premier passage d'un communiqué du parti de Aït Ahmed est, en effet, un prélude à ce qui allait suivre, c'est-à-dire un constat sans concession et une radicalité qui ne tranche pas avec les traditionnelles positions du parti. Deux jours après ce communiqué, Karim Tabbou a repris son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des militants de son parti. A Bouira, d'abord, vendredi dernier, où le responsable s'est encore une fois attaqué avec plus de véhémence à la manière dont la Constitution sera amendée. «Seuls les parlementaires, dont le salaire a été augmenté, et le personnel habituel qui meuble l'arène du pouvoir seront mobilisés afin de tirer profit des privilèges qui découleront de cette révision de la Constitution et des dividendes des échéances présidentielles», a constaté Karim Tabbou (voir la Tribune d'hier) avant de prendre le chemin de Béjaïa où il devait animer, hier, une autre conférence. Le RCD, qui a adopté depuis un certain temps un ton beaucoup plus véhément, ne s'est pas encore suffisamment exprimé sur cet événement pourtant important. Les dirigeants du parti se sont limités à dénoncer ce qui s'apparente à «un asservissement du peuple algérien» et une velléité de «s'offrir une présidence à vie». Si les deux premiers partis sont critiques, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune -qui s'attaque plus souvent aux ministres Temmar et Khelil- s'est montré beaucoup plus conciliant en préférant attendre les propositions concrètes du Président pour se prononcer. Cela même si les grands axes qui seront proposés à amendement sont déjà clairs, puisque le chef de l'Etat a déjà donné le ton. Il faudra, cependant, attendre le courant de la semaine pour voir, probablement, la scène politique s'animer davantage. Parce que, d'ores et déjà, plusieurs activités sont annoncées ici et là. Cela en attendant le Conseil des ministres qui va donner un contour clair au projet présidentiel.