Photo : Sahel Par Ali Boukhlef Une fois n'est pas coutume, Louisa Hanoune applaudit les dernières mesures du gouvernement. Au cours d'une conférence de presse animée, hier mercredi, à Alger, à l'issue de la réunion du bureau politique de son parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs ne s'est pas contentée de déclarer sa flamme pour la loi de finances complémentaire 2009. Elle s'est même étonnée que le gouvernement n'ait pas fait l'effort nécessaire d'expliquer au citoyen le contenu du texte «pour une fois qu'il y a des choses positives». Louisa Hanoune a donc de quoi être fière : une bonne partie des dispositions contenues dans la loi de finances complémentaires constitue l'essentiel de ses revendications depuis des années. Dans un long exposé, qu'elle dit tirer des conclusions de la réunion du bureau politique de sa formation, la secrétaire générale du PT a énuméré presque tous les «points positifs» de cette loi. Du contrôle des sociétés d'importation au soutien des entreprisespubliques en passant par la préférence nationale, tout passe. A ses yeux, cette loi de finances complémentaire «jette les bases d'une économie viable». Et par «économie viable», Louisa Hanoune parle, bien sûr, de la protection de la production nationale, «même privée», précise-t-elle, et la suppression des conventions internationales signées l'Algérie, à commencer par l'Accord d'association avec l'Union européenne «qui doit être révisé», jusqu'à la zone arabe de libre-échange, en passant, bien entendu, sur les négociations d'accès à l'OMC. «Mais de quel droit applique-t-on les dispositions de l'OMC avant d'y adhérer ?», s'insurge Mme Hanoune, comme pour soulever une contradiction dans la démarche du gouvernement. Mais, cette fois-ci, l'heure n'est vraiment pas à la critique. La conférencière veut convaincre son auditoire que, finalement, «la politique est l'art du possible» et que le rôle d'un parti politique est «de dire ce qui va et ce qui ne va pas, en toute souveraineté». «Oui, nous sommes pour la préférence nationale», a-t-elle martelé avant de qualifier d'audacieuses les mesures fiscales relatives notamment à la production agricole et à la détaxation des produits nationaux, notamment les machines agricoles et le matériel sportif. C'est à partir de ce choix qu'elle suggère de chercher une solution pour le crédit à la consommation, supprimé dans cette loi de finances complémentaire. Tout en s'interrogeant sur la focalisation des médias sur ce seul article, Louisa Hanoune indique que «la classe moyenne» qui peut s'offrir un crédit «est une proportion infime» de la population, même si elle avoue que cela relève de la liberté individuelle. La mesure est cependant opportune à ses yeux -puisqu'elle touche surtout les banques étrangères- même si elle suggère d'autres alternatives, comme par exemple permettre aux banques publiques de consentir des crédits à la consommation «en exigeant l'achat de produits nationaux, publics ou privés». Mais l'Algérie ne fabrique pas de véhicules. Et la pasionaria du Parti des travailleurs le sait. Mais elle hésite, avant de clamer que «nous ne défendons pas les concessionnaires». Une fois les «choses positives» relevées et le silence du gouvernement dénoncé, Mme Hanoune reprend un autre ton. Celui de la revendication. Et elle dit que cette loi de finances complémentaires comporte encore des manques, à commencer par l'absence de texte portant sur le soutien aux entreprises publiques, malgré les assurances du ministre de l'Industrie. Elle réclame également la suppression des autorisations d'extraction de sable des oueds, d'abord pour les atteintes à l'environnement, et puis, pour «la connexion de la maffia avec le terrorisme». Sur le plan interne, la secrétaire générale du Parti de travailleurs, qui espère que la lettre envoyée au président de la République récolte 200 000 signatures d'ici la rentrée, a annoncé que l'université d'été du parti se tiendra en plein mois de Ramadhan, début septembre, pour absence d'infrastructure dans l'immédiat.