La dernière tripartite a décidé une augmentation du SNMG à hauteur de 25%, le portant à 15 000 DA. C'est un effort considérable, même s'il faut le dire tout de suite : les 15 000 dinars sont largement insuffisants en raison de l'inflation galopante qui sévit et du niveau de vie qui s'est gravement érodé ces derniers temps. La somme ne suffirait même pas à couvrir une partie des dépenses vitales liées à l'alimentation. C'est d'ailleurs l'un des premiers obstacles qui freinera l'élan visé par cette mesure. Car le retard dans le domaine de la politique salariale est tellement grand qu'il sera difficile de le rattraper par des augmentations de ce genre. Il est vrai, aussi, que les capacités économiques du pays, notamment des entreprises publiques, ne pourront pas supporter une augmentation importante. Il ne s'agit pas de défendre ces entreprises. Mais la réalité est parfois amère au point de devoir choisir entre sauvegarder l'emploi et une augmentation conséquente. Et cette dernière peut être fatale, dans ce cas précis.Mais dans cette euphorie nationale, suscitée par la qualification de l'équipe nationale de football pour la Coupe du monde, cette augmentation du SNMG fait figure de bonus. Sauf que la réalité risque, une nouvelle fois, d'avoir raison de l'espoir. En effet, en plus de l'inflation, cette augmentation risque également d'être compromise par une série de contraintes législatives, à commencer par le fameux article 87 bis du code du travail qui indique que «le SNMG est constitué du salaire de base et des indemnités qui lui sont indexées». Autrement dit, le salaire minimum n'est pas du net, mais plutôt du brut, dans ce cas-là. Et, il faut l'avouer, c'est une immense déception pour des milliers de salariés. Puisque leurs émoluments ne seront pas forcément augmentés comme attendu.A cela, il faut ajouter que, de par l'absence de conventions collectives ou de branches, l'augmentation du SNMG n'entraînera pas forcément l'augmentation des autres salaires. Ce qui fait que ne seront touchés par cette augmentation, dans sa forme actuelle, que les smicards (près de 200 000 salariés), les femmes de ménage, certains pensionnaires et surtout les cadres supérieurs de l'Etat dont les salaires sont calculés selon le salaire minimum. Il est vrai que les déclarations de certains hauts responsables se veulent rassurantes. Mais la mise en pratique sur le terrain risque de prendre l'exemple de ces centaines de salariés non déclarés à la Sécurité sociale au vu et au su de toutes les autorités. Il en est de même d'ailleurs de beaucoup de lois qui ne sont pas appliquées malgré leur promulgation.Ce qui est demandé aux autorités dans ces situations, c'est d'aller au bout de cette logique. Car la décision d'envoyer, en masse, les supporters à Khartoum pour le match contre l'Egypte, peut servir d'exemple pour le futur. C'est la preuve que si on veut, on peut. Et c'est possible, par exemple, de réviser, par voie parlementaire ou par voie d'ordonnance, ces lois qui bloquent, à commencer par l'article 87 bis, que la tripartie n'a même pas discuté. Car la crédibilité de l'Etat est reconnue lorsque ses responsables font ce qu'ils disent. A. B.