Photo : Riad Par Ali Boukhlef La question de la sécurité au Sahara est apparemment prise au sérieux. La preuve a été donnée, hier matin à l'hôtel Sheraton d'Alger, par la détermination affichée par le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci lorsqu'il a inauguré la conférence des chefs de la diplomatie de sept pays du Sahel (Algérie, Mali, Mauritanie, Libye, Niger, Mali et Burkina Faso). La solennité avec laquelle le chef de la diplomatie algérienne a prononcé son discours inaugural, le silence pesant des ministres présents et la durée du huis clos renseignent en effet sur le climat, à la limite tendu, qui a régné autour de cette conférence qui a suscité une présence médiatique imposante. «Notre rencontre témoigne de notre prise de conscience individuelle et collective de l'importance de sujets qui nous interpellent, en l'occurrence la sécurité, la paix et le développement de notre région», a donc précisé le ministre des Affaires étrangères, lors de son discours inaugural. Voulant aller plus loin dans l'évaluation de la situation actuelle de la sécurité dans la sous-région, Mourad Medelci a déclaré : «Nous sommes conscients que la sécurité et la paix sont un préalable au développement et que le terrorisme et ses alliances avec le crime organisé constituent des menaces réelles et objectives à la paix et à la stabilité, et donc autant d'entraves et d'obstacles aux efforts de développement […]». C'est donc la corrélation entre développement économique et social - qui constitue un véritable problème dans une zone comptant parmi les plus pauvres au monde- et l'activité terroriste avec ses corollaires, que sont le banditisme et les trafics en tout genre, qui constituent l'essentiel de cette rencontre. Cela même si, il faut le dire, rares sont les véritables informations qui transpirent de ces conciliabules. Il n'y a qu'à voir, en effet, le dispositif mis en place autour de la salle de réunion du luxueux hôtel algérois pour s'en rendre compte. Hormis les quelques apparitions, furtives au demeurant, de certains participants qui ont refusé de faire des commentaires, le secret était maître des lieux. Mais les phrases de M. Medelci convergent vers cette option qui fait que les pays de la région doivent prendre en main leur destin, malgré l'adversité. Toutefois, avant cela, un constat s'impose, préconise le chef de la diplomatie algérienne, assisté par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. «Il nous incombe d'abord d'évaluer la menace terroriste qui connaît des développements dangereux […]. Il nous revient en même temps d'examiner l'état de développement socio-économique des zones enclavées et isolées de notre région…», a-t-il indiqué. Mais juste après, le ministre algérien a brossé un tableau peu reluisant de la situation dans le Sahel. «Déjà confrontées à un état de dénuement économique chronique et fragilisées par l'aggravation de la pauvreté et la dégradation de l'environnement […], de larges couches de nos populations vivent dans un climat d'insécurité de plus en plus pesant», a-t-il estimé. C'est là, en réalité, le vrai problème actuel. Mais au-delà des constats, y a-t-il de vraies solutions sur le terrain ? Là, il faudra voir au-delà des discours.