Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est enfin prononcé sur la question de la révision de la Constitution, mettant ainsi un terme à toutes les spéculations provenant de part et d'autre. Ce dossier qui a fait couler beaucoup d'encre n'a laissé personne indifférent, ni la classe politique ni la société civile. Cette question a été au rendez-vous de tous les débats et forums organisés ces derniers mois. Beaucoup de parties ont, à chaque occasion qui leur a été donnée, invité le président de la République à se présenter aux prochaines élections présidentielles, voyant en lui l'homme «idéal et capable» de mener à bien les projets, surtout économiques dont a besoin le pays et, surtout, d'achever les grands chantiers déjà engagés par ses soins. En effet, bon nombre de chantiers restent à finaliser et beaucoup d'autres sont à lancer. En tout cas, les programmes des différents secteurs démontrent que Bouteflika a mis sur les rails un autre programme de développement économique 2009-2014. En effet, lors de ses précédentes auditions des différents ministres, le président de la République a insisté sur la nécessité d'achever les projets engagés et a donné des orientations pour l'avenir. Un réseau de marchés d'envergure nationale A titre illustratif, le département du Commerce «se doit d'ériger le contrôle et la régulation du champ économique, y compris le commerce extérieur, en véritable priorité nationale», a suggéré le président lors de l'audition consacrée à M. Hachemi Djaaboub. Ainsi a-t-il exigé de son gouvernement d'accélérer et de parachever la mise à niveau de la législation et de la réglementation devant encadrer le contrôle et la régulation économique et commerciale ; ce dossier devant être clos à la fin de l'année 2009 comme dernier délai de rigueur. «L'encadrement des activités économiques doit être une préoccupation nationale et sa promotion doit cesser d'être guidée par les nécessités découlant de considérations subjectives», a indiqué le chef de l'Etat. Ce dernier a instruit le gouvernement de veiller à ce que le programme quinquennal 2009-2014 prenne en charge la réalisation d'un réseau de marchés de distribution d'envergure nationale, régionale, locale et même de proximité. Pour lui, la négligence des autorités de cet aspect lié à la réalisation ou la modernisation des marchés est souvent due au manque de ressources financières. Aussi a-t-il signifié à son ministre que «les efforts qui seront déployés à cet effet par les collectivités seront encouragés puisqu'il s'agira en fait d'améliorer la qualité de vie des citoyens et surtout de lutter contre le commerce informel». Par ailleurs, le secteur des ressources en eau, qui a mobilisé près de 2 000 milliards de dinars en une décennie pour augmenter les disponibilités de l'Algérie en eau, continuera ses efforts pour répondre aux besoins des populations en ce liquide indispensable à la vie. De nouvelles stations de dessalement de l'eau de mer à réaliser Aussi, le président de la République a ordonné au gouvernement de prévoir, outre les différentes réalisations en préparation, la prise en charge de trois dossiers particuliers au secteur des ressources en eau, dans le cadre du prochain programme quinquennal 2009-2014. Il s'agit en premier lieu de la réalisation de stations supplémentaires pour le dessalement de l'eau de mer. En second lieu, il est question de l'accélération des études de réalisation de trois ouvrages de transfert des eaux de la nappe albienne au Sud, notamment vers les wilayas de Djelfa, Tiaret, Biskra, Saïda, Mila, Batna et Médéa. Le troisième grand dossier de l'hydraulique que le chef de l'Etat entend voir pris en charge avec davantage de détermination, dans le cadre du prochain programme quinquennal de développement, est celui de l'amélioration de la gestion et de la distribution de l'eau. A ce titre, le gouvernement a été chargé «de dégager tous les moyens nécessaires pour la poursuite de la création de sociétés de gestion des réseaux des villes ainsi que de la formation de cadres et personnels chargés de la gestion de l'eau et des infrastructures hydrauliques». Les autres grands chantiers qui seront lancés au cours du prochain programme quinquennal 2009-2013, concernent cette fois le secteur des Transports pour lequel l'accord de Bouteflika a été donné pour «le lancement des études, la réalisation de nouvelles liaisons ferroviaires et l'électrification du réseau à inclure dans le programme de développement 2009-2014». Il s'agit, pour information, des lignes Boumedfaa-Djelfa-Laghouat-Ghardaïa-Ouargla, Mecheria-El Bayadh, Ouargla-Hassi Messaoud, Hassi Mefsoukh-Mostaganem, Saïda-Tiaret et enfin Tissemsilt-Boughezoul-M'sila. Bouteflika a également donné son accord pour «la réouverture et la modernisation graduelle des voies ferrées qui ont été délaissées depuis l'indépendance et la création de nouvelles dessertes, qui sont aujourd'hui requises pour répondre au développement du pays». Il s'agit des voies Guelma-Bouchegouf-Souk-Ahras, Aïn Beida-Khenchela, Biskra-El Oued, Bouira-Sour el Ghozlane, Oued Aïssi-Tamda-Azzazga, M'sila-Bou Saada-Djelfa, Chlef-Ténès, Aflou-Laghouat, Relizane-Mostaganem et Ouled Mimoun-Sebdou. Agriculture : faire face à la crise alimentaire Par ailleurs, le secteur de l'Agriculture sera, lui aussi, renforcé. Un programme de développement est fixé à l'horizon 2013. Cela se traduira entre autres par «des contrats de performance qui seront signés avec chacune des wilayas du pays en prenant en compte les expériences du développement agricole ainsi que les spécificités et les potentialités de chacune d'entre elles». Il s'agit en fait de 10 programmes nationaux d'intensification des productions agricoles telles que les céréales, les légumes secs, le lait, la pomme de terre, l'huile, les dattes, les semences et plants, l'élevage et l'aviculture ainsi que les programmes relatifs à l'économie de l'eau et aux pôles agricoles. «Le développement de l'agriculture et de l'élevage doit être le levier de la politique de développement rural et de l'aménagement du territoire dans son ensemble. Voilà pourquoi le programme de soutien au renouveau rural, lancé l'année dernière, sera une composante importante du programme quinquennal 2009-2014», avait signalé le président Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier avait précisé que «les conditions sont, aujourd'hui, réunies pour engager un développement structurel à même d'asseoir les fondements d'une croissance agricole soutenue et un développement durable des territoires ruraux à travers la mise en œuvre de la loi d'orientation agricole qui a précisé les objectifs fondamentaux que notre pays assigne à son agriculture». Le chef de l'Etat a estimé que «ceci est d'autant plus important et urgent que le contexte international est caractérisé par l'émergence d'une crise alimentaire dans plusieurs régions du monde et qui risque de prendre de l'ampleur». En outre, le chef de l'Etat, à la vue des résultats satisfaisants obtenus dans le cadre du Plan national de développement de l'agriculture (PNDA), avait indiqué que «les efforts de l'Etat seront renforcés pour accompagner et soutenir le développement du secteur». Des directives ont été émises en direction du gouvernement, qui doit, avait déclaré le Président, hâter «l'aboutissement de la législation relative au mode d'exploitation des terres agricoles du domaine privé de l'Etat, texte qui devra fixer les droits et obligations des exploitations concessionnaires». Cela, en plus de «la réactivation de l'Office national des terres agricoles, pour régir par délégation du Domaine national, l'octroi des concessions des terres agricoles du domaine privé de l'Etat, ainsi que la régularisation des titres des exploitants agricoles». Pour le président de la République, «le soutien de l'Etat à l'agriculture doit désormais se focaliser davantage sur les productions de base, y compris la production laitière et celle des viandes. Un programme national rationnel doit être élaboré et mené avec détermination et tendre vers l'autosuffisance alimentaire du pays». Et d'ajouter que «le gouvernement doit œuvrer à améliorer l'activité agricole et l'élevage par la relance de la mécanisation des cultures, la production de fertilisants, la production locale de semences, le développement des capacités nationales de stockage et de conservation, et par la promotion de l'industrie agroalimentaire. Cela doit entraîner le développement des industries et services d'accompagnement». Renforcer les technologies de l'information et de la communication Pour ce qui est du secteur de la Poste et des Technologies de la communication, le président de la République avait mis l'accent, lors de l'audition de son ministre, sur la nécessité de maintenir et d'intensifier l'effort en cours avec plus d'organisation et de régulation. «Le partenariat dans ce domaine doit avoir pour objectif un apport de savoir-faire, et ne saurait aboutir à la perte du contrôle de l'Etat sur le secteur des télécommunications», avait-il annoncé. Pour les nouvelles technologies de la communication et de l'information, «le gouvernement doit conduire d'une manière intégrée le programme de construction de la nouvelle société de l'information, pour laquelle le pays mobilisera plus de moyens encore dans le cadre du prochain programme quinquennal de développement», a encore souligné le premier magistrat du pays. «A ce titre, la commission nationale chargée de piloter la promotion de la société de l'information et de l'économie fondée sur le savoir, doit intensifier son travail et faire progresser intensément l'élaboration de la mise en œuvre du plan stratégique e-Algérie 2013, au bénéfice des citoyens et de l'économie nationale», avait ordonné le chef de l'Etat. Côté finances, Bouteflika entend mettre fin au gaspillage sous toutes ses formes, et rationaliser davantage la dépense publique. Dans ce cadre là, il avait instruit M.Djoudi pour qu'«à l'avenir l'examen de tout projet d'investissement public soit accompagné de la prise en considération des dépenses de fonctionnement et autres dépenses récurrentes qu'il générera, l'objectif étant de renforcer la visibilité sur l'avenir à moyen et long terme». Cette démarche doit être mise en œuvre lors de la préparation du prochain programme quinquennal pour la période allant de 2009 à 2014. «La priorité doit être accordée, dans ce futur programme, aux projets ayant fait l'objet d'études préalables afin de le lancer sans retards ni réévaluation», avait indiqué le chef de l'Etat. Toujours pour ce qui est de la rationalisation des ressources financières du pays, Bouteflika compte lancer une réflexion pour créer un mécanisme financier national à travers lequel «le Trésor public sera en mesure de mobiliser et de faire fructifier une part de l'importante épargne de l'Etat, en appui au financement de l'investissement économique dans le pays». Quand aux réformes en matière de services fiscaux et des Douanes, le premier magistrat du pays a ordonné de mettre en place «un programme spécial de renforcement et de modernisation». Ainsi, et après le programme spécial tracé pour le développement de la justice, de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales, ainsi que des gardes frontières, «l'accent doit être mis maintenant sur les services des Impôts et des Douanes». Le cadastre doit être prêt dans les 5 ans à venir La finalisation du cadastre général doit aussi se faire dans un délai n'excédant pas les 5 années et non pas en 10 années comme cela a été suggéré initialement. Bouteflika a instruit son ministre des Finances de mettre en œuvre tous les moyens, y compris aériens, pour le finaliser dans les temps requis. En ce qui concerne la petite et moyenne entreprise, l'Etat va appuyer davantage, durant les 5 années à venir, leur développement. Le président de la République avait instruit le gouvernement pour la présentation à la fin de l'année, d'«un plan d'action, accompagné de propositions concrètes pour la dynamisation du développement et de la mise à niveau des PME ». Les bonnes pratiques de gouvernance par l'amélioration de leur compétitivité, l'innovation et l'intégration des nouvelles technologies doivent être aussi renforcées. Enfin, et sur les travaux publics, un secteur qui a entrepris beaucoup de réalisations ces dernières années, le président de la République avait précisé que les opérations à inscrire au titre du prochain programme quinquennal «doivent être marquées par la continuité et la rationalité avec les efforts nationaux en cours en matière de moyens de voies de communication, y compris le réseau national des voies ferrées». Des directives en ce sens sont données au gouvernement. Ainsi, au titre des liaisons routières rapides, «l'important portefeuille de projets en cours devra être complété par la rocade des Hauts Plateaux ainsi que par la modernisation et le dédoublement des axes routiers majeurs du Sud du pays». «Le reste des efforts ira au renforcement et à l'entretien du réseau des routes nationales, de wilayas et des chemins communaux, pour que l'amélioration du réseau routier profite aux citoyens à travers tout le territoire», avait dit le premier magistrat du pays. B. A.