En l'absence d'une déclaration du chef de l'Etat sur le sujet, Belkhadem semble vouloir entretenir «la flamme». «La révision de la Constitution pourrait intervenir durant le mandat du RND.» C'est ce qu'a déclaré hier le secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement, relançant, de fait, la question de la nouvelle Constitution qui, faut-il le souligner, a fait couler beaucoup d'encre ces dernières semaines. Intervenant à l'ouverture du sommet de l'Alliance présidentielle et en l'absence d'une déclaration claire du chef de l'Etat sur le sujet, Abdelaziz Belkhadem semble vouloir entretenir «la flamme», tout en mettant ses deux alliés devant un fait accompli. En effet, en donnant un délai ne dépassant pas trois mois, le n°1 du FLN «court-circuite» ses «amis» qui, eux, dans leurs interventions, avaient affirmé ignorer les intentions du président de la République. Outre, cette «distinction» du FLN, le sommet s'est tenu sous le signe du bilan. En effet, le MSP a voulu marquer sa présence par l'élaboration, en coordination avec ses partenaires du FLN et du RND, d'un rapport sur les activités de l'Alliance présidentielle depuis sa mise en place. Un aspect écarté jusqu'ici pour des considérations liées à son fonctionnement. Lors de son intervention à l'ouverture du sommet, Boudjerra Soltani a évoqué les grandes lignes du «rapport de l'alliance», que les trois leaders vont discuter à huis clos. Le document, élaboré par le MSP qui cède la présidence, met en évidence la réconciliation nationale. Selon Soltani, contrairement à ce qui se rapporte ici et là, «il n'y a aucune divergence sur le fait que le processus de réconciliation ne peut avoir une limite temporelle». Il reprend, à son compte, une déclaration du secrétaire général du FLN qui a affirmé que le processus lancé par le président transcende l'aspect strictement politique pour prendre une dimension civilisationnelle. Sur le volet social, le leader du MSP soutient que la coordination des trois partis a conduit à la signature du pacte économique et social. Sur la révision de la Constitution, les trois partis attendent une réaction du président de la République, «seul habilité à décider d'une révision constitutionnelle», souligne Soltani qui ajoute que les partis de l'Alliance soutiendront les propositions du chef de l'Etat. Le seul point noir du rapport MSP tient dans l'absence de coordination au niveau local entre les trois partis de l'Alliance. Un état de fait qui peut déboucher sur une mauvaise surprise aux sénatoriales. Si rien n'a filtré officiellement sur le contenu de ce document, des sources proches de la commission des 9, que nous avons pu joindre au téléphone, nous ont confirmé que les débats ont été marqués par les échanges de critiques. Chaque formation s'est plaint de l'absence de concertation autour des questions stratégiques. L'équation clef que les protagonistes de l'Alliance essaient de développer, s'articule autour de la définition des limites entre l'engagement stratégique des formations politiques pour l'application du programme du président, et la particularité partisane, défendue bec et ongles par les trois dirigeants et leur base. Chose qui a influencé directement sur le rendement politique de l'Alliance, fragilisée chaque fois davantage à l'occasion des événements en relation directe avec le programme du président de la République dont les partis concernés ont pourtant affiché leur loyauté et se sont engagés à mettre en oeuvre. Il s'agit de prime abord du dossier de la réconciliation. Le président du MSP, M.Boudjerra Soltani, a pris de court tout son monde en se prononçant pour l'amnistie générale. Ce dernier a rencontré Rabah Kebir, avec qui a il abordé le retour de l'ex-FIS sur la scène politique. Idem pour le FLN, lequel a pris, néanmoins, ses distances concernant l'amnistie. Le RND est le seul parti de l'Alliance à avoir boudé le responsable du FIS dissous. La révision de la Constitution, la levée de l'état d'urgence, les échéances électorales, sont autant de donnes qui séparent les alliés stratégiques. Des désaccords qui risquent de s'alourdir avec la tenue des sénatoriales. Par ailleurs, la présidence du RND intervient dans une conjoncture très particulière sur le plan national. Ce parti en est conscient. Tout en défendant que sa formation «ne fera pas autre chose de plus que celles faites par le FLN et le MSP», une source proche du parti fait savoir que le règne du RND sera «différencié par les événements majeurs que connaîtra la scène politique nationale», citant dans sa lancée, «la probable révision de la Constitution, et les sénatoriales». Sur un autre chapitre, le RND compte, selon notre source, «dynamiser les mécanismes de fonctionnement et amener les trois formations à respecter le règlement intérieur de l'Alliance», qui constitue une autre forme de contrôle. Que va apporter de plus la présidence de l'Alliance au RND et à son secrétaire général, M.Ahmed Ouyahia, principalement dans cette conjoncture? Notre interlocuteur estime que son parti a toujours été très présent sur la scène nationale, que ce soit dans le cadre de l'Alliance ou en dehors de cette instance. Autrement dit, cette formation ne fera pas de cette entité une tribune pour médiatiser ses positions.