L'investissement dans la motoculture, depuis 2010, a coûté à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), 10 milliards de dinars.Pour répondre à la forte demande des agriculteurs en machines et devant leur incapacité de rentabiliser leur investissement dans la mécanisation, l'Oaic, selon son directeur général, M. Noureddine Kehal, a acquis 1 250 moissonneuses-batteuses, 350 tracteurs et plus de 1 000 semoirs. Dans une déclaration à l'APS, M. Kehal a précisé: «70% des exploitations du secteur privé ou celles relevant du domaine privé de l'Etat ont moins de 50 hectares (ha), alors que pour rentabiliser une moissonneuse-batteuse qui coûte un (1) million de dinars, il vous faut 400 ha, 100 ha pour un tracteur et 200 ha pour un semoir».L'absence d'un environnement prestataire de services a engendré des exploitations sous-équipées et les rendements les plus faibles du bassin méditerranéen. «Or, la mécanisation et la semence garantissent à elles seules 70% des résultats de production», souligne le même responsable. Pour assurer des prestations de services aux agriculteurs, l'office a décidé en 2010 de créer une section motoculture au niveau de chaque coopérative de céréales et de légumes secs (Ccls) «Depuis que l'Etat a pris conscience de cette contrainte, le ministère de l'Agriculture a décidé de créer une section motoculture au niveau de l'office qui dispose de moyens financiers nécessaires», a souligné M. Kehal. Les pouvoirs publics ont mis le paquet pour soutenir l'acquisition d'équipements agricoles à titre individuel ou privé, à travers notamment la création de petites et moyennes entreprises de prestation de services, par le biais des dispositifs de soutien à l'emploi de jeunes, et l'achat en commun par un groupe d'agriculteurs. A titre d'exemple la moissonneuse-batteuse est soutenue à 70% de son prix, le reste étant assuré par un crédit bancaire bonifié sur une période de 5 ans. Les autres équipements, dont ceux d'irrigation, sont subventionnés en fonction de leur intérêt. «C'est un mal nécessaire. L'Etat encourage les agriculteurs à équiper leurs exploitations pour améliorer les rendements et par ricochet, réduire sa facture alimentaire», explique M. Kehal.D'après ce responsable, l'impact de la mécanisation et l'amélioration de l'itinéraire technique se fait déjà sentir au niveau du rendement moyen, national, qui est passé de 8 quintaux/ha dans les années 1980 à 18 qx/ha actuellement, soit une évolution d'un quintal tous les trois ans. L'autre condition garantissant les rendements est l'irrigation d'appoint, une technique économique en eau, que l'Oaic est en train d'encourager. L'Office a étudié avec la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) et l'entreprise nationale de tubes et transformation de produits plats (Anabib) deux formules d'acquisition du matériel d'irrigation au profit des agriculteurs. Pour la première option, l'Oaic achètera des équipements d'irrigation, par crédit fédératif à taux bonifié, pour les céder aux agriculteurs en leasing. L'agriculteur paiera ses équipements par une partie de sa production livrée à la Ccls, a expliqué M. Kehal soulignant que l'office va signer une convention avec Anabib dès la prochaine campagne céréalière. Concernant la deuxième formule, l'Oaic se porte garant auprès d'Anabib dans le remboursement de l'équipement acheté par l'agriculteur directement de l'usine. Selon un échéancier établi à l'avance entre l'acquéreur et l'entreprise, l'office prélèvera le coût de l'équipement sur la production céréalière livrée par le producteur. L'Oaic table ainsi sur une superficie céréalière de 500 000 ha à équiper en système d'irrigation d'appoint à court terme contre 95 000 ha actuellement, sur 3,3 millions d'ha réservés pour la production céréalière. En introduisant ces techniques, le secteur compte porter la superficie agricole irriguée de 1,1 million d'ha actuellement à 1,6 million d'ha à l'horizon 2014. B. A.