Quel constat ferons-nous de la participation algérienne à cette 30 édition des Jeux Olympiques ? Quoique les Olympiades ne sont pas encore terminés, et que d'autres athlètes entreront en lice dans les jours à venir, il est clair qu'au vu des premiers résultats le commun des Algériens pourra se faire une idée du niveau du sport national et les stratégies adoptées en terme de préparation des sportifs d'élite. Le cas qui symbolise le mieux cette «mauvaise gestion» est l'élimination de la judokate algérienne Soraya Haddad, médaillée de bronze aux JO de Pékin en 2008, dès le premier tour. Ajoutons à cela les déclarations de certains athlètes, comme le nageur Nabil Kebbab, qui a évoqué une mauvaise préparation. En tous cas, en plus de ces problèmes liés à l'absence d'une vision claire du développement du sport en Algérie, il y a un certain manque de sérénité au sein du groupe, quoique les différents responsables affirment le contraire, provoqué par des problèmes nés quelques semaines seulement du début des Jeux. A ce propos, il y a lieu de citer la crise qui a secoué le Comité olympique algérien (COA) dont une partie des membres du Comité exécutif a réclamé le départ de son président, le Pr Rachid Hanifi. Quoique les deux parties insistent sur le fait que cette crise n'a eu aucune répercussion négative sur la préparation des athlètes pour les JO, il n'en demeure pas moins que ce «différend» a créé un climat très tendu qui a été étalé sur la place publique. Ainsi, au lieu d'assister le chef de la délégation, Mohamed Azzoug, dans la préparation, certains membres du Comité olympique se sont beaucoup plus préoccupés de collecter les signatures nécessaires pour démettre Hanifi de ses fonctions. Tout a commencé, du moins c'est devenu public, à la fin du mois d'avril, lorsque dix membres du comité exécutif ont rendu public une lettre dans laquelle ils dénoncent «une gestion personnelle» par Hanifi des affaires du COA. Le 7 mai, le secrétaire général du COA, Hacen Chikh, a animé une conférence de presse, à laquelle ont assisté neuf autres membres du comité exécutif, pour réitérer ces accusations. Hanifi y voit, par contre, une tentative des cadres du MJS (ministère de la Jeunesse et des Sports) de mettre un terme à sa volonté d'asseoir l'autonomie du COA. Une crise mal venue à la veille des JO, d'autant plus que même si Hanifi est contesté, il faut à ses détracteurs de toute façon attendre quelques mois encore, puisque le mandat du président de l'instance olympique se terminera l'an prochain. Pour certains, au-delà de ce problème récurent d'autonomie des instances sportives, cette crise cache la volonté de certaines parties d'anticiper et de chercher un bouc émissaire en prévision des piètres résultats des athlètes algériens aux JO. Lors des précédents rendez-vous, les Jeux africains de Maputo et les Jeux panarabes de Doha, les responsables de la chose sportive en Algérie justifiaient les mauvais résultats par le fait que ces deux rendez-vous ne sont que des étapes préparatoires pour les JO. Maintenant, ils seront, bien évidemment, à court d'arguments. Qu'est ce qu'ils vont évoquer ? A moins que ces mêmes responsables, au lieu d'assumer leur échec, cette fois-ci déclareront que les véritables objectifs sont les Jeux Olympiques 2016 du Brésil. Par ailleurs, certaines autres «affaires» ont encore accentué ce climat déjà assez tendu. Il s'agit du scandale lié au vol commis par deux volleyeuses de la sélection nationale, en France, à la veille des JO. Même si les concernées ont été finalement exclues de l'équipe, cette affaire a quelque peu déstabilisé le groupe. Il y a eu également, aux premiers jours de l'arrivée de la délégation algérienne à Londres, l'incident des vélos, utilisés par trois boxeurs algériens sans l'aval de leurs propriétaires, qui a failli tourner aussi au scandale. En dernier lieu, rappelons les cas de dopages des deux athlètes Zahra Bouras et Larbi Bouraada exclus des JO. Tous cela pour dire que la sérénité n'était pas au rendez-vous au sein du groupe algérien. Si certains comportements ne peuvent être imputés aux responsables sportifs, il n'en demeure pas moins qu'ils pouvaient éviter aux athlètes algériens ce regain de tension à la veille des JO. Quant à la stratégie de développement du sport et de la préparation et la prise en charge de l'élite, les choses sont encore plus complexes… A. A.