Il y a quelques mois, la ministre de la Culture a procédé lors d'une cérémonie officielle à l'installation du Conseil national des arts et des lettres, chargé notamment de veiller à la protection morale et sociale de l'artiste et de la délivrance de la carte d'artiste. Cette cérémonie inédite depuis l'indépendance a été rehaussée par la présence du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, qui avait souligné à cette occasion l'engagement de son département ministériel à accompagner le secteur de la culture dans toutes ses démarches entreprises pour assurer une meilleure couverture sociale aux artistes.A travers la création de ce conseil, qui sera d'abord chargé de l'installation des deux commissions nationales permanentes chargées de la définition des critères de reconnaissance de la qualité d'artiste et de la constitution d'un fichier national des artistes, les premières bases d'une protection juridique pour les artistes seront définies. À propos des apports que pourra apporter le conseil, pour l'amélioration des conditions detravail des artistes, Abdelkader Bendaâmache, président du Conseil des arts et des lettres souligne : «C'est une situation pénible et compliquée que nous sommes en train de vivre aujourd'hui, puisque l'artiste n'as pas été géré d'un point de vue juridique depuis l'indépendance, c'est pour cela qu'existent plusieurs problèmes aujourd'hui, notamment concernant les contrats de travail.»Il a aussi précisé que «le Conseil des arts et des lettres est arrivé aujourd'hui pour mettre de l'ordre dans cette situation, l'artiste doit être organisé juridiquement. C'est-à-dire qu'il doit y avoir un cadre juridique afin qu'il soit sécurisé dans son travail et avoir un minimum de conditions sociosécuritaires pour qu'il puisse œuvrer, créer dans de bonnes conditions, puis finir sa vie dans des conditions décentes. Cela dans l'espoir d'assainir la situation et que l'on n'entende plus parler d'artistes qui vivent dans la précarité et le dénuement total souffrant de maladie ou de conditions difficiles de survie». Abdelkader Bendaâmache, a également mis en relief l'importance de la mise en place de ce conseil, coïncidant avec la célébration du cinquantenaire. Ce conseil offre l'opportunité de mettre en place les bases réelles et définitives pour que l'artiste soit plus tard sécurisé. Il a estimé à cet effet : «On n'est pas un syndicat, mais on fera en sorte par l'intermédiaire de l'amélioration de la situation socioprofessionnelle et sécuritaire, à travers la carte d'artiste qui lui permettra de cotiser et de bénéficier de la sécurité sociale. Ceci va permettre de faire valoir les véritables artistes qui travaillent et produisent en respectant les normes artistiques et légales de leur travail à travers notamment des contrats, où l'artiste sera obligé de verser des cotisations à la sécurité sociale puisque l'artiste est souvent son propre employeur.» Le président du conseil a estimé que ce dernier aspect, était le plus délicat juridiquement et que c'était celui qui avait fait traîner la régularisation des artistes dans un statut à part entière, les plongeant dans une situation de précarité. Il a ajouté qu'aujourd'hui, cet aspect est pris en charge par l'Etat, par l'installation de ce conseil qui va délivrer cette carte et en plus il aura le rôle de conseiller du 1er responsable du ministère de la Culture et aussi d'autres organismes qui chercheront à organiser et normaliser le monde artistique afin d'asseoir une véritable politique culturelle dans le pays. Le conseil aura également comme mission de faire des propositions pour explorer différents axes de réflexion pour la dynamisation de l'action culturelle en Algérie. Pour sa part, l'artiste chorégraphe Brahim Bahloul, membre du conseil souligne que «le Conseil national des arts et des lettres, se réunit actuellement une fois par mois, avec chaque fois un nouvel ordre du jour sur la situation des artistes. Les membres se concertent et échangent leurs points de vue afin de trouver des axes de réflexion et des solutions aux problèmes des artistes, afin de les aider dans leur promotion et dans l'encadrement de leur carrière».Brahim Bahloul, a également affirmé que le conseil était à l'écoute des suggestions et des propositions de tous les artistes afin de les étudier au niveau du conseil et élargir le champ de réflexion. Il a assuré à ce sujet que «le conseil a pour mission de trouver des solutions afin que l'artiste puisse faire une carrière dans de meilleures conditions. Avoir aussi un support social lui permettant d'avoir une retraite décente et une assurance sociale pour lui et ses enfants. Nous sommes au début des suggestions que nous allons traiter, pour établir une liste de propositions allant dans le sens de la protection de l'artiste. Il faudrait d'abord cerner la notion même d'artiste et d'en dégager des catégories, afin que l'on puisse définir pour chaque acteur de la vie artistique ses droits mais aussi ses devoirs».Pour rappel, le Conseil des arts et des lettres a été créé en 2011 en vertu d'un décret exécutif et constitué de treize membres composés d'artistes de différentes disciplines. Il s'agit de Baya Rachedi, Sonia, Yamina Chouikh, Zoubir Hellal, Brahim Bahloul, Zineb Laouedj, Nacera Mohamedi, Kamel Hamadi, Hamidou, Samira Negrouche et Saïd Boutadjine. Font également partie de ce conseil Zahia Bencheikh El Hocine représentante du ministère de la Culture et Abdelali Deroua représentant du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Au final, l'annonce de la mise en place de ce conseil à eu un bon écho chez la majorité des artistes qui espèrent que cela réglera beaucoup de problèmes sociaux dans lesquels se débat la majorité des artistes et aussi définir l'existence juridique de l'artiste et son rôle au sein de la société.