Depuis le début du mois sacré de Ramadhan, l'Office national de la culture et de l'information (Onci) tente tant bien que mal de proposer au public algérois un programme d'animation éclectique pour égayer ses sorties nocturnes et cela à travers tous les espaces d'animation qu'il coiffé, à savoir les salles El Mouggar et l'Atlas ainsi que l'amphithéâtre du Casif de Sidi Fredj.Abritant des soirées musicales dédiées au mouachah et patrimoine musical algérien, la salle Atlas, en plein cœur de Bab El Oued, enregistre chaque soir un flux important de gens qui viennent apprécier la bonne musique et se changer les idées. Après le passage fracassant du mounchid libanais Maher Zine, un artiste qui a su déplacer tout le quartier, le public a pu admirer, la soirée de jeudi dernier, la remarquable prestation de la troupe Ichrak Bouna qui comme son nom l'indique est originaire d'Annaba. C'est devant un public restreint, vu que nous vivons actuellement les derniers jours du mois de Ramadhan et que la plupart des gens sont occupés à faire les achats de l'aïd, que la troupe Qouswa de Tipaza fait son entrée sur scène. Composée d'une dizaine de vocalistes et percussionnistes, cette troupe a présenté au public un cocktail de chants religieux et de madih. Les artistes revisiteront également une partie du chant religieux marocain, ce qui a beaucoup plu au public. Malgré son manque de professionnalisme -les chanteurs discutaient entre eux sur scène et prenaient beaucoup de temps pour choisir les titres à interpréter- cette troupe a cependant réussi à séduire le public.Après le passage de la troupe de Tipaza, le public a eu droit à une agréable surprise avec la très distinguée prestation de la troupe Ichrak Bouna. Vêtus de tenues traditionnelles (serouals, gilets brodés et tarbouches), les choristes également musiciens de cette formation ont carrément subjugué les présents avec les titres de malouf qu'ils interpréteront avec brio. Violon, derbouka, ney et tar, la formation a concocté au public algérois une hadra tunisienne, et cela dans les véritables règles de cet art, le tout relevé par la remarquable voix du 1er vocaliste également leader de la troupe. Très à l'aise sur scène, les chanteurs enchaînent avec des reprises de grands standards du malouf et des titres traditionnels, tunisiens tels Ya Chadli ya Belahcen et Si El Hadi Ben Aïssa. Très vite le charme de la troupe opère sur le public, d'ailleurs ce dernier n'a pas hésité à gratifier chacun de leur titre avec des youyous et des avalanches d'applaudissement.Fondée en 1990, cette formation qui multiplie les concerts et les tournées au niveau national et international a largement fait valoir son talent et sa renommée. Les artistes offriront également au public un medley de certaines chansons populaires que le public chantait en chœur. Digne représentante du chant traditionnel de l'est algérien, Ichrak Bouna est une formation qui œuvre pour la protection de notre patrimoine immatériel et cela à travers sa transmission aux nouvelles générations et en donnant le meilleur d'elle-même.