Photo : S. Zoheir Par Bahia Aliouche Pour pallier à la demande croissante en ressources hydriques engendrée par la situation de sécheresse répétée qu'a connue l'Algérie pendant les dix dernières années, les pouvoirs publics ont, depuis 2001, décidé de sécuriser l'alimentation en eau potable par le recours à l'eau de mer. Une solution moins conventionnelle et moins dépendante des aléas climatiques. Ainsi, un ambitieux programme de dessalement d'eau de mer a été mis en place. Il prévoit d'installer, à l'horizon 2019 et sur l'ensemble de la côte algérienne, 43 unités, tous modules confondus.Un programme de grande envergure qui, selon le Chef de l'Etat «permettra non seulement de satisfaire les besoins de la population mais aussi de libérer d'importantes quantités d'eau des barrages pour les besoins de l'irrigation». Lancé en 2005, le programme de dessalement d'eau de mer porte sur 30 stations monobloc et 13 mégastations dans le nord du pays en vue de produire 2,26 millions de m3/j d'eau dessalée d'ici 2019.L'ensemble de ces réalisations qui assureront environ 10% de l'alimentation en eau potable en Algérie, correspond à un montant de près de 300 millions de dollars chacune.Sur le plan technique, Sonatrach et Sonelgaz se joignirent en mai 2001 pour créer l'AEC (Algerian Energy Compagny), une société dont l'activité est concentrée sur le dessalement d'eau de mer en partenariat avec des investisseurs internationaux.Les 13 mégastations, conçues sur le modèle «Build, Own and Operate» (construire, posséder et exploiter), sont alors détenues à 49% par AEC et à 51 % par l'investisseur qui exploitera cette usine pendant 25 ans.Leur financement sera assuré à 30 % par apport en capital (IDE) et 70% par un financement local, avec pour objectif de produire près de 825 millions de m3/an.Ces projets sont réalisés en partenariat avec notamment des firmes espagnoles (Befesa, Inima Aqualia, Geida), Sud-Africaines (Black and watch), Malaisiennes (Malakof), Singapourienne (Hyflux), et Américaine (Ge Ionics).Sur les 13 stations prévues par le programme de l'Etat, 8 unités sont opérationnelles, à savoir celles de Kahrama (à Oran) depuis 2005 (90 000 m3/j), Bousfer depuis 2005 (12 480 m3/j), El Hamma (à Alger) depuis 2008 (200 000 m3/j), Skikda, début 2009 (100 000 m3/j), Beni Saf (à Aïn Temouchent) depuis 2010 (200 000 m3/jour), Souk Tleta (à Tlemcen), début 2011 (200 000 m3/j), Fouka (à Tipasa), fin 2011(120 000 m3/j) et Mostaganem, début 2012 (200 000m3/j).Les stations restantes sont en phase de réalisation. Il s'agit de la station de Honaïne, à Tlemcen (200 000 m3/jour), de Ténès (200 000 m3/jour), Oued Sebt, à Tipasa (100 000 m3/jour), Cap Djinet, à Boumerdès (100 000 m3/jour) et de la station de Magtaa, à Oran (500 000 m3/jour).Grâce aux progrès réalisés, la consommation moyenne de l'eau en Algérie est passée à 185 l/j/hab. actuellement alors qu'elle était de 90 l/j/hab. en 2000. Concernant le coût de l'eau dessalée, il est revu à la baisse, selon le ministre des Ressources en eau. Aujourd'hui, il n'est pas très loin du prix du mètre cube d'eau d'un barrage. L'eau transférée d'un barrage revient à 32 DA/m3, alors que l'eau dessalée est de 48 DA/m3.
Les limites de la technologie membranaire Certes, le dessalement de l'eau de mer est une solution parmi d'autres pour remédier au manque d'eau potable, néanmoins, la production d'eau dessalée, selon des experts, ne doit pas servir à alimenter l'agriculture dans des lieux inadaptés ou encore d'autres industries. Elle doit exclusivement servir à alimenter des populations en manque d'eau potable. Par ailleurs, ce procédé très consommateur d'énergie et polluant, notamment par les rejets de saumure, doit être mieux maîtrisé et amélioré dans un souci de préservation des ressources écologiques, marines et d'une diminution des impacts environnementaux en général. Face à toutes ces contraintes, la meilleure solution reste une bonne gestion des ressources en eau de surface et souterraine ainsi que le recyclage des eaux usées. Ces procédés durables demandent beaucoup moins d'énergie, et sont moins impactants pour l'environnement.