Présidé par le chef de l'Etat, le Conseil des ministres de lundi dernier a, en approuvant le projet de loi portant révision de la Constitution, fait suivre d'effet le souhait du président de la République de revoir la première loi. Et de fait, le même Conseil a sérié les priorités asseyant une révision cohérente dont l'objectif est d'être fidèle aux aspirations du peuple dont elle est, est-il besoin de le souligner, l'émanation et le patrimoine inaliénable. Un peuple dont la volonté, la force et l'abnégation ont, tout au long de son histoire, été puisés dans le respect des symboles que la révolution de Novembre est venue définitivement sceller. En toute logique, la première loi ne pouvait, voire ne devait avoir pour socle essentiel que le respect et la protection de l'emblème et de l'hymne national, symboles par excellence que l'histoire, la nation et la perpétuation de sa mémoire sont appelées à consolider. Le reste de l'édifice constitutionnel coulant de source. Il n'est pas anodin aux yeux du premier magistrat du pays d'accorder le plus grand intérêt à une question, laquelle logiquement ne devrait pas se poser. Or, est-il besoin juste de rappeler qu'il n'est pas loin le temps où l'hymne national aurait pu être amputé partiellement au motif qu'un couplet indisposait des nostalgiques de «l'Algérie française» au moment où celui (hymne national) de ces mêmes nostalgiques magnifiait la quête et la conquête de la liberté par les armes. Cela étant, il n'est pas besoin de diaboliser uniquement les autres sur des velléités que nous serions tentés de dire de bonne guerre. Les plus grands risque et atteinte, si involontaires seraient-ils et ils le sont d'ailleurs très souvent, pouvant altérer les symboles nationaux sont, depuis la modification du paysage politique national, le fait de nos compatriotes. La multiplication des associations, qu'elles soient à caractère politique ou non, l'extension du paysage médiatique et la diversification des titres de presse, l'émergence d'un mouvement associatif non chevillé ont inéluctablement conduit à la présence d'interfaces dont le respect des conventions était peu évident compte tenu du passage non maîtrisé ou chaotique d'un système à un autre. Une phase politico-historique durant laquelle beaucoup de repères et des symboles nationaux en payeront le tribut. Mais si le roseau plie, il ne casse pas et ces symboles ne tomberont heureusement pas malgré les risques profilés du basculement de la République vers l'inconnu. L'idée généreuse de l'article 62 du projet de loi établit ainsi visibilité et lisibilité de l'avenir et lignes de démarcation que nul n'est autorisé à franchir au nom de l'exclusive et pour quelque motif que ce soit. «L'Etat garantit le respect des symboles de la Révolution, la mémoire des chouhada et la dignité de leurs ayants droit et des moudjahidine… L'histoire est la mémoire et le patrimoine commun de tous les Algériens. Nul n'a le droit de se l'approprier et de l'instrumentaliser à des fins politiques.» Il était temps que l'Etat de droit se réapproprie les symboles, que le seul dénominateur commun pour tous les Algériens reste l'histoire telle qu'écrite et qu'elle le soit fidèlement au fur et à mesure. En tout état de cause et quels que soient les procès qui pourraient être faits à la révision de la Constitution, une réalité est là… palpable : la normalisation de l'avenir et la fin des appréhensions générales à l'annonce de tout événement politique. Platon avait dit : la démocratie a deux dimensions conjointes : le désordre et l'immoralité. Une chose est certaine, c'est certainement la fin du désordre… de tous les désordres. Pour l'anecdote, il suffirait de se souvenir qu'à l'issue de la rencontre amicale de football France-Tunisie Sarkozy a exigé que tout match où la Marseillaise serait sifflée devait automatiquement prendre fin. Hier, un de ses ministres, Hortefeux pour ne pas le nommer, a souhaité que «les migrants connaissent les valeurs du même hymne». C'est dire… A. L.