Photo : S Zoheir Par Smaïl Boughazi La rentrée sociale s'annonce rude sur plusieurs fronts. Malgré les augmentations salariales décidées l'année dernière, les bourses moyennes et petites devraient faire encore des efforts et des acrobaties pour assurer leurs besoins minima. Cette situation qui se réédite pratiquement chaque année risque de s'accentuer en raison de l'inflation qui explose ces derniers mois. En fait, si le gouvernement a cherché par les dernières augmentations à atténuer un tant soit peu les dépenses des travailleurs et des salariés, il semblerait que des effets indésirables soient venus compliquer la situation. L'inflation s'est déjà invitée durant le mois de Ramadhan ou même avant. Elle risque de tout compliquer avec son rythme actuel sans cesse en hausse. Selon l'ONS, les prix à la consommation ont augmenté de plus de 8% au mois de juillet dernier par rapport à la même période de 2011, ce qui a accentué le rythme de l'inflation en glissement annuel, atteignant 7,5% contre 7,3% en juin dernier. La Banque d'Algérie n'a pas caché ses inquiétudes quant à cette tendance haussière. Explication : Elle est due en grande partie à des facteurs internes, notamment au dysfonctionnement des marchés, aux positions dominantes et à la spéculation. L'inflation a progressé en dépit de la baisse de l'expansion monétaire durant le premier semestre 2012 à 17,88% contre 19,91% en décembre 2011, a précisé le gouverneur de la BA, Mohamed Laksaci. Donc pour lui, contrairement à 2011 où l'inflation était beaucoup plus due à l'expansion de la masse monétaire, principal déterminant de l'inflation en Algérie, la hausse des prix en 2012 est le résultat de facteurs internes. L'expansion de la masse monétaire a été le principal facteur déterminant de l'inflation durant la période 2000 et 2011, estime une étude économétrique de la Banque d'Algérie. Elle contribue à hauteur de 61% dans l'inflation globale, suivie des prix à l'importation qui participent à hauteur de 18% dans sa montée, alors que les prix à la production industrielle, agroalimentaire et le taux de change sont à l'origine de hausses respectives de 13% et 8%. Pour l'année en cours, l'inflation exogène n'a pas contribué à la hausse des prix sur les marchés internes puisqu'elle a été atténuée par la relative appréciation du taux de change du dinar révèle, également, le patron de la BA. Mais malgré les chiffres de la banque des banques, la réalité économique est également un facteur déterminant à prendre en considération. Les économistes ne cachent guère que les augmentations salariales qui n'ont pas pris en compte la productivité engendreraient forcément des taux d'inflation élevés, provoqués particulièrement par un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché. D'autres observateurs mettent en cause les sommes colossales mobilisées durant cette année pour satisfaire les revendications de certaines catégories de personnels. En effet, pas moins de 39 milliards de dollars ont été consacrés aux salaires et autres indemnités. Des sommes faramineuses qui n'ont servi en fin de compte qu'à alourdir davantage la facture des importations déjà salée. Mais cette expansion monétaire a été mise à l'index par la Banque d'Algérie qui a assuré, récemment, dans un rapport, qu'avec ce rythme dépensier, un baril au-dessous de 110 dollars provoquerait un déficit du budget. Ce qui reflète la fragilité des équilibres budgétaires, mais aussi les faiblesses des secteurs productifs, locaux qui n'arrivent toujours pas à décoller et répondre aux besoins de plus en plus grandissants des consommateurs. Pour le Conseil national économique et social (Cnes), la réponse à cette problématique devrait toucher le système économique entier. En d'autres termes, pour enrayer ces poussées inflationnistes qui remettent en cause régulièrement les acquis des couches vulnérables, il est urgent de revoir l'ensemble du dispositif de régulation monétaire et budgétaire en lien avec le rôle et la responsabilité de l'Etat et réformer la fiscalité en direction des opérateurs économiques de manière à l'assouplir pour encourager l'investissement et la création d'emplois. Le Cnes a, également, soumis au président de la République une batterie de mesures afin de soutenir le produit local et l'encourager.