C'est quand même rassurant de voir que nos compatriotes, en général, n'ont pas été embarqués dans la fièvre qui a saisi le reste de la planète à mesure que les élections américaines se rapprochaient. Il ne s'agit surtout pas de penser que cette désaffection est à mettre sur le compte de l'ignorance des Algériens de la chose politique. Bien au contraire, l'expérience montre que nos compatriotes maîtrisent parfaitement l'actualité à l'étranger. L'Algérien a, de tout temps, fait preuve de la plus grande curiosité si ce n'est de l'intérêt pour tout ce qui ne lui est pas directement propre. Ce qui est vrai en politique l'est d'ailleurs dans d'autres domaines. Il suffirait qu'il ou elle parmi nos compatriotes s'intéresse au cinéma pour en savoir plus du cinéma mondial que toute autre personne vivant de cet art. La même particularité se manifeste dans le domaine du sport, notamment en football. Le plus ordinaire des amateurs de la balle ronde vous parlera de la Premier Ligue, de la Liga, de la Bundesliga, du fonctionnement du championnat argentin, vous dira ce que sont les tournois d'ouverture et de clôture. Et jusqu'au tennis pourtant réputé sport élitiste par excellence, il a la parfaite connaissance du classement ATP dans toutes ses fluctuations. Ainsi, l'élection américaine n'a pas vraiment emballé les nôtres d'autant plus qu'elle a été enrobée depuis plus d'une année d'une telle mise en scène que c'en était devenu soporifique, rendu plus étrange encore par l'absence de suspense, exception faite de celui qui prévalait chez les médias de toute la planète et dont il faut bien évidemment imputer les raisons au besoin de ne pas tomber dans le routinier quitte pour cela à jouer les illusionnistes face à un lectorat pas dupe du tout. Obama a été élu, il y a plusieurs mois déjà, parce que tout le monde savait que rien que la couleur de sa peau et sa jeunesse étaient les sésames d'un duel où son adversaire partait battu avec plus d'une longueur d'avance parce que l'héritage Bush était difficile à assumer et qu'il fallait aussi concéder que non seulement les Démocrates mais tous les citoyens du monde se seraient bien passés de la bouille d'un candidat (McCain) qui serait alors parti pour squatter quatre autres années l'actualité déjà navrante martelée par les chaînes de télévision. L'expérience de sénateur d'Obama n'a donc finalement pas énormément pesé. Et, enfin, l'Amérique de tous les extrêmes avait besoin de changement que l'opportunité… sans doute unique de se connecter à la fiction s'offrait cette année. C'est d'ailleurs parce qu'ils sont amateurs de fictions et de fictions bien faites que les Algériens n'ont pas été sous le charme du nouveau président des Etats-Unis, si exceptionnel serait-il. Trop d'ingrédients ont pesé en sa faveur au cours de la course vers la Maison-Blanche. Des ingrédients analogues à s'y méprendre aux thèmes des superproductions américaines. Il suffira, à partir de janvier 2009, de gratter le vernis pour voir que les changements… ce n'est pas pour demain. L'Irak, l'Afghanistan, les velléités contre l'Iran, le soutien à Israël, le besoin de dominer le reste du monde sont une affaire d'adultes pour lesquels Obama ne risque pas d'être qualifié. Les différents lobbies y veilleront. Et tout ça, nos compatriotes le savent… déjà. A. L.