La wilaya de Béjaïa a été, cette année, fortement éprouvée par les feux de forêt. Depuis la mi-juin jusqu'à la fin du mois d'août, les flammes n'ont quasiment pas cessé de réduire en cendre le dense couvert végétal de la région. Les forestiers et les services de la Protection civile, au regard de l'intensité des feux et de l'accès difficile aux zones atteintes, n'ont pas pu faire grand-chose. Des dizaines d'incendies sont quotidiennement enregistrés dans les communes et les villages haut-perchés. Adekar, Barbacha, Feraoun, Darguinah, Tamridjt, Tizi N'Berber, Aït Smaïl, Melbou et Toudja sont parmi les communes les plus affectées. Le bilan est catastrophique. Selon les chiffres de la conservation des forêts, plus de 7 000 hectares de maquis, de chênaies et de pinèdes ont été réduits en cendre. Tous les efforts consentis ces dernières années en matière de reboisement ont été conséquemment compromis. On doit, à ce propos, rappeler que l'Etat avait dégagé au cours des années 2 000 d'importantes ressources financières pour le développement de la foresterie. Rien qu'en 2010, la wilaya avait bénéficié d'une enveloppe de 17 milliards de centimes destinée à la plantation de 870 hectares de chêne-liège et 685 autres de résineux. Les vergers et les exploitations agricoles n'ont pas échappé, non plus, à cette exceptionnelle vague de chaleur. Les services agricoles ont, de leur côté, recensé d'importants dégâts dont près de 25 000 oliviers calcinés. Le coup est dur pour la filière oléicole qui avait sommairement renoué avec une certaine dynamique au cours des dix dernières années. Les paysans, grâce au soutien de l'Etat à travers le Fnrda (Fonds national de régulation et de développement agricole), ont effectivement œuvré au rajeunissement des plantations et à l'entretien adéquat du patrimoine existant. Même si les résultats tardent encore à se traduire en matière de production d'huile d'olive, les oléiculteurs, organisés en associations, gardent un grand espoir pour l'avenir de la filière. Cette perte sèche de 25 000 oliviers aura certainement un impact négatif sur la production de la prochaine récolte. Les prix déjà plafonnés de l'huile d'olive sur le marché local connaîtront, à coup sûr, une autre hausse dissuasive pour les ménages à faible revenu. Les autres segments de l'agriculture de montagne ont été aussi asphyxiés par ces incendies. Même si aucun constat détaillé n'a été établi à ce sujet, des champs fruitiers (figues et raisins) et des maraîchages ont été également ravagés. Cela explique en partie la flambée des prix de légumes et fruits sur le marché local. Les aviculteurs et apiculteurs, nombreux dans les zones touchées, ont pareillement enregistré de grosses pertes. On parle de plus de 2 000 poulets et de 210 ruches directement détruits par le feu. A cela s'ajoute un taux de mortalité relativement élevé en raison de la hausse conséquente des températures ambiantes. Sérieusement pénalisés, les agriculteurs de la région, soutenus par le mouvement associatif, revendiquent l'ouverture d'une enquête sérieuse pour situer l'origine et la nature de ces nombreux feux de forêts. Ils soutiennent que les incendies ont été sciemment provoqués par des personnes et des parties qu'il convient d'identifier pour d'éventuelles poursuites en justice. Etant non assurés, les paysans cherchent à épingler les «pyromanes» pour d'éventuelles réparations.