Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab «Wa khayrou djaliss fi'l anam kitab» (de tous, le meilleur compagnon est le livre), affirme, à juste titre, un précepte arabe. Cette assertion n'a nul besoin d'être démontrée. De chevet, de bain, d'été, pour le voyage, pour tromper l'attente… le livre a toujours été là pour tenir compagnie à son porteur, le distraire, l'informer ou l'éduquer. Et, pour ceux qui le trouveraient encombrant, il s'est numérisé et vient à eux sur les tablettes, notebooks, laptops et micro-ordinateurs. En quelques mots comme en mille, le livre se rend disponible partout et pour tous.Toutefois, cette disponibilité n'en fait pas pour autant le compagnon qu'il devrait être. Le précepte cité plus haut a grandement besoin d'être traduit dans les faits, en Algérie du moins. Il est vrai que le livre existe et, contrairement à une idée répandue, est à la portée de tous. Certes, il est cher à l'achat, mais pas indisponible, car qui veut lire, peut toujours trouver un livre, chez un bouquiniste à moindre frais, à la bibliothèque ou chez un pote gracieusement. Ce n'est pas le livre qui fait défaut mais le lecteur. On lit de moins en moins. Pourtant, le ministère de la Culture a fait beaucoup pour la diffusion du livre et la promotion de la lecture publique. Le Salon international du livre d'Alger (Sila), qui s'ouvre aujourd'hui, est en soi une action majeure pour amener le monde livresque sur les devants de la scène, en attendant de le faire rentrer dans les maisons, l'école et les cœurs, et si la démarche reste à parfaire, comme le reconnaît le commissaire du Sila, Hamidou Messaoudi, dans sa lettre aux journalistes, le cap est cependant bien tracé. «Bien sûr, ce serait mentir que de vous dire que nous serions insensibles à ce que vous releviez les choses positives que nous pourrions réaliser. Mais nous savons aussi que cela ne serait crédible que si vous pouvez aussi relever les insuffisances. Donc, d'emblée, nous assumons notre position, celle de celui qui fait et qui s'expose naturellement au regard de celui qui observe, surtout quand cette observation est professionnelle […]. Des enjeux passionnants et cruciaux attendent […] pour permettre au Sila, qui a largement gagné la bataille de la quantité, de franchir de nouvelles étapes qualitatives. Une des missions (des organisateurs) sera aussi la création de salons régionaux qui démultiplieront la dynamique du Sila sur l'ensemble du territoire national […]. Au-delà de tout, défendons ensemble la diffusion du livre et la pratique de la lecture dans notre pays», écrit M. Messaoudi. En plus du Sila, et de ses futurs avatars régionaux, le ministère a aussi initié les festivals «Lire en fête» ainsi que des salons locaux et nationaux qui sont organisés par les directions de la culture des wilayas. La maison de la culture Abdelkader-Alloula de Tlemcen, à titre d'exemple, accueille, depuis mardi dernier, la 5e édition du Salon national du livre, à laquelle participent quinze maisons d'éditions. Cette manifestation, organisée pour la cinquième année consécutive, ne cesse de prendre de l'ampleur et, d'année en année, voit croître le nombre de visiteurs qui s'y déplacent pour acheter ou assister aux tables-rondes et conférences organisées pendant le salon. Tlemcen vient aussi de clôturer son festival «Lire en fête». Et si pour certaines régions on ne peut pas organiser ces manifestations, il y a toujours les bibliothèques. Selon les chiffres du ministère de la Culture, les bibliothèques de lecture publique et leurs annexes sont au nombre de 255 à travers le territoire (voir encadré page 14), sans compter les bibliothèques des écoles, CEM et lycées. Pour boucler la boucle, les bibliobus sillonnent les routes et visitent les zones enclavées pour y porter le livre, à l'adresse des enfants particulièrement. Avec ces vecteurs opérationnels, c'est bien le diable si on ne peut pas dénicher un livre, quand on aime et on veut lire. Autrement, il peut pleuvoir des livres qu'on ne s'en soucierait guère. «Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut rien entendre», dit le proverbe. Pour contrer cette défection, les ministères de l'Education et de la Culture ont signé, il y a deux ans, sous le règne de Boubekeur Benbouzid, un accord pour l'introduction, la réintroduction en fait, du livre dans les programmes scolaires. Le livre attend toujours à la porte de l'école d'où il a été chassé. Or, c'est l'école qui façonne le petit lecteur, qui deviendra grand et ira chercher son bouquin où qu'il se trouve. Et quand il y aura un lectorat, donc des consommateurs de livres, les libraires n'iront plus chercher à transformer leurs librairies en fast-foods et le livre redeviendra ce compagnon de tous et de tous les jours. Quant aux salons et autres manifestations, ils reprendront leur rôle d'agent de présentation et de promotion conjoncturel et complémentaire. Le Sila et tous les autres salons pourraient disparaître, ça n'empêchera pas pour autant un lecteur d'avoir son livre. D'ailleurs, la disparition de la foire du livre d'Alger, qui est devenue des années plus tard le Salon international du livre d'Alger, n'a aucunement provoqué celle du lectorat qui existait à l'époque. H. G.
PROGRAMME DES VENTES- DEDICACES AU STAND DES EDITIONS CHIHAB Vendredi 21 septembre 2012 à 16h : Nasser Djabi pour son essai Limadha taakhara errabie el djazaïri. Samedi 22 septembre 2012 à 15h : Rachid Harbi pour Une vie, une phobie, un espoir. Samedi 22 septembre 2012 à 17h30 : Daho Djerbal pour son ouvrage L'Organisation Spéciale de la Fédération de France du FLN. René Gallissot pour son livre Henri Curiel, le mythe mesuré à l'Histoire. Mardi 25 septembre à 16h : Signature autour de Histoires minuscules des révolutions arabes. Jeudi 27 septembre à 16h : Denise Brahimi pour Grandeur de Taos Amrouche. Vendredi 28 septembre à 16h : Ahmed Bedjaoui et Denis Martinez pour le beau livre Images et visages. Au cœur de la bataille de Tlemcen. Nourredine Saadi, Rachid Mokhtari, Badr'Eddine Mili, Arezki Metref autour du recueil de textes Ce jour-là.