Le livre, entre tracas et mésaventure «Selon un rapport accablant de l'Unesco, l'Algérien lit un quart de page par jour» a déclaré M.Azzedine Mihoubi, directeur de la Bibliothèque nationale. A l'occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, la chaîne radiophonique Alger Chaîne III a organisé, hier, au sein de l'auditorium Aïssa- Messaoudi, un forum très intéressant, qui a réuni un ensemble de personnes liées au monde de l'édition, de la littérature et des droits d'auteur notamment. Cette journée se voulait, selon ses organisateurs, un «hommage rendu aux auteurs, aux éditeurs, aux directeurs de bibliothèque, à l'Onda, aux libraires, aux critiques littéraires, aux traducteurs, aux amoureux du livre et à tous ceux qui contribuent à la promotion du livre». Elle aura permis ainsi de se rencontrer autour du même combat de revalorisation de la lecture, auteurs et lecteurs, sans oublier ceux qui travaillent pour la promotion du livre en Algérie. «La traduction est indispensable pour faire l'unité de ce pays» fera remarquer madame Ahmis qui estimera que le problème en Algérie est dû à la non-utilisation des langues maternelles et cette «volonté idéologique de les écarter» de l'école. Pour le directeur de la Bibliothèque nationale d' El Hamma, Azzedine Mihoubi, qui évoquera les différentes étapes de la création du livre jusqu'à sa réception par le lecteur, il y a une réelle guerre des langues dans le monde et pas seulement en Algérie tout en indiquant la nécessité d'utiliser la langue dans le développement par le biais de traduction des livres notamment. «On doit penser comment faire introduire le livre dans les écoles et chez les familles. Car le rôle de la bibliothèque n'est pas l'animation. Sa mission principale, c'est la recherche. Or, elle a dévié en faisant de l'animation. Ses prérogatives sont la numérisation qui est notre défi de modernité. La lecture publique n'est pas son rôle» Et de relever: «Selon un rapport accablant de l'Unesco, l'Algérien lit un quart de page par jour.» De son côté, Hassen Bendif, directeur du Centre national du livre, rappelant la signature établie entre le ministère de la Culture et celui de l'Education nationale, afin d'encourager la lecture et pousser l'élève à raisonner et lire, dira qu' «Il faut d'abord encourager nos enseignants à lire», a-t-il estimé. M.Mihoubi a émis le souhait que la Télévision algérienne puisse accorder plus d'espace à la littérature ne serait-ce qu'en montant une petite émission de trois minutes consacrée aux nouveautés littéraires, chose qu'il avait, a-t-il rapporté, proposé il y a quelques années, sans avoir eu de réponse. M.Bencheikh de l'Onda exhortera les auteurs à se rapprocher de son établissement afin d'adhérer à son organisme et bénéficier ainsi de leurs droits révélant que l'auteur est libre de négocier les conditions de rémunération et de distribution. Présente dans la salle, une dame ayant publié chez l'Harmattan lancera un SOS afin de trouver un éditeur algérien pour qu'elle puisse éditer ici. Elle fera remarquer que les éditeurs ne sont intéressés que par les livres de cuisine. Prenant la parole, Madame Samia Zenadi, directrice des éditions Apic, tâchant de répondre à cette dame en remettant un peu les choses à leur place dira que les éditeurs de littérature qui font du bon boulot sont peu nombreux mais qu'ils existent. Et de souligner: «Le travail de lecture devrait concerner touts les ministères.» Appelant à casser ce «mur des lamentations» qui prévalait durant ces discussions, elle invitera les présents à trouver des solutions et les moyens de «construction de notre moi éclaté» et faire de l'animation enfantine autrement «pour ne pas dégoûter l'enfant de la lecture». Mustapha Madi, représentant des éditions Casbah et traducteur s'est dit «contre l idée de faire vendre le livre scolaire dans les écoles, arguant, de façon radicale, qu'on vit dans un pays de marginalisation par la langue». Evoquant la politique de sa structure, le Conseil national du livre, M.Bendif, évoquera ses prérogatives dont les mécanismes de soutien aux auteurs ainsi que les bourses octroyées aux auteurs et les résidences d'écriture. A propos du problème du lectorat en Algérie, il annoncera le lancement prochain d'une étude scientifique à même de connaître les différentes strates que compose le lectorat, mais aussi l'introduction du chèque /livre afin d'assurer une meilleure régulation des prix du livre que ce soit à l'école ou en librairie. Pour rappel, depuis 1995, l'Unesco a déclaré le 23 avril, Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, un jour qui met à l'honneur le livre et la lecture, mais également et surtout le respect des auteurs. Plus qu'une journée, le livre mérite plus!