Photo : S Zoheir Par Sihem Ammour Samedi dernier, sous une chaleur suffocante, amplifiée par le manque d'aération du pavillon central, une grande foule se bousculait aux différents stands des éditeurs présents à ce 17e Salon international du livre d'Alger. Le week-end a été l'occasion pour de nombreuses familles de visiter le salon en compagnie des enfants. Au niveau du stand aux couleurs orange des éditions Alpha, les lecteurs ont été attirés par la vente-dédicace des auteurs Abelkader Ferchiche et Zoubeïda Mameria. Cette dernière dédicaçait son nouveau roman Voyage au bout du délire, qu'elle dédie à la jeunesse algérienne «parce qu'elle ne cesse de chercher sa place, notre jeunesse n'as pas tout à fait les moyens de vivre dans la réalité. On a l'impression qu'elle vit dans une sorte de délire. C'est ce qui lui permet de survivre». Zoubeïda Mameria explique qu'elle donne une grande place à cette notion de délire dans son livre, car les jeunes ne souffrent pas de la misère, mais plutôt du mal-vivre et du mal-être. Son personnage principal est un jeune qui a fait des études et qui travaille en tant que journaliste, mais «quand on n'a pas d'espace de vie, quand on n'arrive pas à se structurer dans une société, cela engendre un grand malaise, et on ne peut pas se reconnaître dans l'autre». Ainsi, à la fin du roman, le personnage est dans le coma et pose cette question : «Est-ce que j'ai le droit de vivre ou pas. Si j'ai le droit de vivre pleinement, tous les jeunes doivent avoir ce droit, si je ne l'ai pas je préfère mourir.» Concernant la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance, l'auteure annonce qu'elle a publié dans une autre maison d'édition, Kaléidoscope de mémoires de guerre, dans lequel elle reproduit des récits, des anecdotes et des témoignages sur la Guerre de libération nationale comme elle l'a vécu personnellement et sous forme romanesque, afin de rendre toute l'émotion ressentie lors des événements.L'autre ouvrage en préparation est intitulé La 23ème heure, où elle relate les événements qui se sont déroulés dans sa région natale, à la frontière Est, en zone interdite, en 1958, plus précisément les batailles de Souk Ahras et d'Oued Souf. Des événements qui ont conduit, par un effet papillon, à la chute de la 4e République française et, plus tard, à l'indépendance de l'Algérie. Pour sa part, Abdelkader Ferchiche dédicaçait ses deux romans Ils avaient le soleil pour tout regard et Le roman noir d'Ali. Il s'agit en fait d'une trilogie sur la Guerre de libération nationale et l'émigration algérienne en France, avec, à chaque fois, un personnage que l'on retrouve dans les trois ouvrages basés sur des faits réels. L'auteur explique que «dans le premier roman, dont l'événement se déroule avant le 1er novembre 1954, c'est l'histoire d'un comité d'entraide de travailleurs algériens. C'était l'occasion de rendre hommage aux acteurs de cette entraide mais aussi de raconter l'histoire de l'Algérie à l'époque coloniale, en mettant en exergue que cette colonie, qui est décrite par certains Somme un paradis, poussait en fait les Algériens à s'exiler de leur patrie légitime pour aller ailleurs. En montrant l'enfer de la colonie, je tente d'explique aussi les causes du déclenchement du 1er novembre 1954.» Le deuxième roman, sous forme d'énigme, transporte les lecteurs dans l'année 1957, au moment où la Guerre de libération nationale fait rage en France aussi. Dans ce contexte, le cadavre d'un Algérien est découvert, une enquête va alors être ouverte sur la mort de cet homme. On peut retrouver dans ce thriller historique, Madjid, un des personnages créé dans le 1er roman volet de cette trilogie en tant que militant de l'ALN, qui mène aussi son enquête en parallèle de celle menée par la police française, afin d'élucider cette énigme. Dans le troisième volet, on retrouvera le même personnage de Madjid, en 1962, durant la période du 19 mars, celle du cessez-le-feu, jusqu'à celle de la déclaration de l'Indépendance, le 5 juillet 1962. A propos de l'engouement du public pour les ventes- dédicaces, il confiera que «cela est en étroit rapport avec la notoriété de l'écrivain. Et c'est une tradition qui est en train d'être acquise au fil du temps». Il estime toutefois que «c'est intéressant, même lorsque l'on ne possède pas cette notoriété, de faire des ventes-dédicaces car cela permet les échanges avec les lecteurs et de discuter avec eux. Cela ne se quantifie pas car c'est un échange humain inestimable». Malika Laïb, représentante des édition Alpha, explique pour sa part, que cette année, coïncidant avec la célébration du Cinquantenaire, les éditions Alpha participent avec plusieurs nouveaux titres consacrés à cette thématique, tels que l'ouvrage collectif sur l'histoire de la naissance du drapeau algérien, une anthologie de la littérature algérienne à travers les siècles et divers romans. Elle explique que dans le cadre du salon, il y a une remise, entre 20 et 50%, sur l'ensemble des ouvrages, précisant que le prix de la littérature jeunesse varient entre 60 et 200 DA et le prix des essais et œuvres littéraires entre 100 et 600 DA. A propos du choix des visiteurs, elle confie que «les parents s'intéressent toujours autant aux parascolaire, mais il y a un regain d'intérêt pour la littérature jeunesse, surtout les livres de contes et, par ricochet, on a aussi remarqué un plus grand intérêt pour les romans algériens». Avec cette 7e participation au Sila, la maison d'édition, qui a pour slogan «les livres ont une âme», accorde toujours autant d'intérêt à la littérature jeunesse, avec des ventes-dédicaces en présence des auteurs des contes et l'organisation d'animation avec des conteurs.