Année après année, le Salon international du livre d'Alger est devenu un rendez-vous incontournable pour les éditeurs algériens qui s'activent pour sortir un maximum de nouveautés, tant le Sila offre visibilité et favorise le contact direct avec le lecteur, mais le cru 2010 est plutôt mince. On notera tout de même le retour d'Amara Lakhous avec un roman bien ancré dans la réalité de l'émigration, la sortie du dernier Hamid Grine – le roman le plus accompli, dit-on, et la découverte de la plume acéré de Tarik Taouche. Si les éditions Barzakh préfèrent attendre la célébration de leur dixième anniversaire pour dévoiler toutes leurs nouveautés (ils ne publient pour ce Sila que deux essais : la Vaillance des femmes, de Camille Lacoste-Dujardin, et un Intellectuel musulman chez le pape, de Mustapha Chérif), les éditions Sedia manifestent un intérêt certain pour la littérature d'Ahlem Mosteghanemi. En effet, après la publication en langue française, l'an dernier, du roman le Chaos des sens, de cette auteure, l'éditeur publie pour ce Sila, le plus grand roman d'Ahlem Mosteghanemi : Mémoire de la chair. Récompensé par le prestigieux prix Naguib-Mahfouz, et adaptée par le réalisateur syrien, Najdat Ismaïl Anzour, en feuilleton pour la télévision, ce roman est un hymne à la ville perdue. Aux côtés des romans et autres essais publiés par Sedia, on retrouve également l'essai, Tous ruinés dans 10 ans ?, de Jacques Attali. De leur côté, les éditions Chihab marquent leur rentrée avec trois essais et deux recueils de nouvelles. Le premier est un ouvrage collectif portant sur le thème du scandale, et signé Kamel Daoud, YB, Aziz Chouaki, Wahiba Khiari, Mina Sif, Chawki Amari, Rachid Mokhtar et Ali Bécheur. Scandale(s) est l'intitulé de ce recueil qui a inspiré huit auteurs. Chacun explore et exploite le scandale pour peindre un univers, le temps d'un conte, d'un pamphlet, d'une confession, d'un carnet ou d'un portrait. Exaltant ! Avec sept nouvelles, Tarik Taouche, premier prix du concours de la nouvelle Arts et Culture en 2006, décrit, dans une atmosphère oppressante, des personnages entiers qui inspirent tendresse et empathie. Chihab publie également l'essai 50 ans de cinéma maghrébin, de l'universitaire, essayiste et critique Denise Brahimi, qui, en plus de son intérêt pour les littératures du Maghreb, s'intéresse de très près au domaine du septième art. Elle passe en revue, dans son ouvrage, le jeune cinéma maghrébin, ses différentes mutations et sa représentativité. Toujours dans la catégorie essai, Rachid Mokhtari publie chez cet éditeur l'essai Tahar Djaout, un écrivain pérenne. L'universitaire et auteur propose une relecture de l'œuvre romanesque de Tahar Djaout. Il s'intéresse à la thématique et l'esthétique des romans de cet écrivain, notamment l'Exproprié,les Chercheurs d'os,les Vigils,les Rets de l'oiseleur et le Dernier été de la raison. Pour Alpha, la rentrée rime toujours avec beaucoup de littérature. En plus du dernier Hamid Grine, cet éditeur propose le Roman d'Ali, de Kader Ferchiche, le Naufrage, de Mohamed Sari, et la trilogie Izuran, de Fatéma Bakhaï. La maison d'édition Lazhari Labter fête ses cinq années d'existence et s'est spécialisée, depuis janvier 2010, dans la littérature jeunesse et la bande dessinée. Pour ce Sila, les lecteurs découvriront l'ouvrage jeunesse, le Kalimagier, signé Nadia Roman, Lazhari Labter et Marie Mahler. Cet ouvrage est sorti simultanément en Algérie et en France, puisque c'est une coédition avec les éditions du Ricochet. Cependant, l'éditeur continue de développer la collection Passe Poche et lance la collection Ilhem dédiée à la poésie, avec la sortie de deux recueils : Après la main, de Hamid Nacer Khodja, et l'Aube nous vêt de sa robe blanche, de Hafsa Saifi. Pour leur part, les éditions Dalimen proposent, entre autres beaux livres, deux albums de bande dessinée : l'Enigme du mystérieux dessinateur oublié, d'Omar Zelig, et Togui Diary', du talentueux Samir Toudji. De leur côté, les éditions Apic proposent beaucoup de littérature d'Afrique, notamment Temps de chien, de Patrice Nganang ou encore Madame l'Afrique, d'Eugène Ebodé. Les éditions Média Plus de Constantine, qui égayent le paysage littéraire constantinois, proposent deux ouvrages pour le Sila : un livre historique intitulé, Histoire de Constantine sous la domination turque de 1517-1873, d'Eugène Vayssettes, et le recueil de nouvelles Au pied du mur, d'Abdelwahab Boumaza. Les éditions Ikhtilef proposent aux lecteurs le dernier roman d'Amara Lakhous, intitulé El Qahira Essaghira. Après Piazza Vittorio, cet auteur, qui écrit simultanément en arabe et en italien, plante le décor de son intrigue à l'avenue Marconi. Tout commence lorsque les services secrets italiens apprennent qu'un groupe d'immigrés musulmans du quartier de l'avenue Marconi prépare un attentat. Alors, Christian Mazzari, un jeune sicilien qui parle parfaitement l'arabe, s'infiltre dans ce quartier et tente de découvrir la vérité. Intriguant ! En somme, et même si le nombre de nouveautés n'est pas très important, la qualité sera certainement au rendez-vous.