Photo : Riad Par Youcef Salami La ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, en visite de deux jours à Alger, a déclaré, hier, au cours d'une conférence de presse : «J'ai perçu, dans les entretiens que j'ai eus avec mes homologues algériens, la volonté de revisiter le cadre règlementaire», allusion faite à la règle du 51/49%. Elle a ajouté que cela n'a pas été évoqué de manière «explicite», mais que «certains cadres souhaitent que cette règle soit réaménagée». Et si elle l'est, cela va permettre «d'écourter les délais de procédures», et inciter les entreprises à investir, notamment celles qui disposent de «fonds fragiles». Nicole Bricq souligne que si le marché «ne s'ouvre pas, les entreprises vont chercher du partenariat ailleurs», estimant que le 51/49 n'est pas un obstacle «infranchissable».Pour ce qui se rapporte au projet Renault en Algérie, la ministre a rappelé qu'il y a des négociations entre Renault et l'Etat algérien et que les négociations «étaient très suivies». Et d'ajouter que la France est «attachée» à ce projet, mais que c'est l'Algérie qui le négocie.La ministre française du Commerce extérieur a, par ailleurs déclaré, que le président François Hollande devrait «normalement» venir en décembre prochain en visite d'Etat en Algérie. «Cette visite pourrait avoir lieu au début de mois de décembre ou à la fin décembre, il y a des discussions entre les deux pays pour trouver une date qui corresponde aux vœux des deux présidents, français et algérien», a-t-elle expliqué. Nicole Bricq est arrivée lundi 24 septembre à Alger, dans l'objectif de préparer cette visite. La ministre française a rencontré le nouveau ministre de l'Industrie, Chérif Rahmani, et estimé qu'il y avait «place pour un partenariat et une complémentarité». «J'ai eu un large entretien avec le ministre de l'Industrie, des chefs d'entreprises françaises étaient également de cette rencontre et ont exposé un certain nombre de problèmes, et le ministre à instruit ses cadres pour les régler», a-t-elle rapporté. Le ministre algérien de l'Industrie, pour sa part, a souhaité «que le savoir-faire français puisse accompagner le développement industriel algérien». «Il y a des opportunités importantes aujourd'hui dans le secteur public et dans le secteur privé», a-t-il dit. Nicole Bricq est accompagnée de patrons de quatre entreprises hexagonales spécialisées dans les énergies renouvelables (le solaire), le pétrole, et le désamiantage. La ministre française doit rencontrer, aujourd'hui, son homologue Mustapha Benbada. Elle sera ensuite reçue par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Mme Bricq a souligné que l'Algérie est un pays émergent intermédiaire, avec lequel la France entretient des relations de partenariat économique anciennes et denses, les investissements français en Algérie représentent 250 millions d'euros par ans, ce qui fait de la France le premier investisseur étranger du pays. Elle est aussi son quatrième client. Mais, a-t-elle estimé, «nous pouvons et nous devons mieux faire». Nicole Bricq a déclaré : «Nous souhaitons relancer la relation bilatérale privilégiée à laquelle nos deux pays aspirent.» Elle a également rappelé que les procédures de visas ont été simplifiées pour les chefs d'entreprise et les cadres. Mais, a-t-elle ajouté, «nous devons encore améliorer ce qui peut l'être». «Mon collègue Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, sera prochainement à Alger pour évoquer ces sujets et je suis aujourd'hui à votre écoute», a-t-elle annoncé. Et, de poursuivre qu'il est vital de «fluidifier la circulation entre nos deux pays car les échanges humains accroissent les échanges commerciaux». Nicole Bricq relève, par ailleurs, que «depuis une décennie, la position de la France en Algérie, qui demeure élevée, s'érode et je ne m'y résous pas». Elle ajoutera que les acteurs du commerce entre nos deux pays, à savoir le service économique de l'ambassade, la Chambre de commerce et d'industrie, Ubifrance, les Régions, les Chambres de commerce françaises, «doivent mieux conjuguer leurs efforts». La ministre a souhaité que ce nouvel élan permette «aux entreprises françaises de réussir ici et aux entreprises algériennes de réussir en France». La France compte 450 entreprises opérant en Algérie. «Avec nos flux d'investissements, ce sont de vrais atouts pour encourager nos PME et nos entreprises de taille intermédiaire à venir sur ce marché proche», a noté la ministre, ajoutant : «Je veux que la destination Algérie devienne une évidence pour les entreprise de tous les secteurs, qu'il s'agisse de celles de l'agroalimentaire, l'industrie, des nouvelles technologies, des services…. ». C'est aussi la volonté des chefs d'entreprises qui ont souhaité m'accompagner dans ce voyage, a-t-elle dit. Nicole Bricq a, par ailleurs, expliqué que les deux gouvernements souhaitent établir un dialogue permanent et fructueux sur les deux rives de la Méditerranée et que les entreprises doivent faire de même. Elle a évoqué, dans ce registre, un nouveau concept, celui de la «Méditerranée des projets», un espace que la France veut promouvoir, mais avec du «concret», ainsi qu'elle le relève, manière de se différencier du fameux projet proposé par la droite et qui a tourné court. En résumé, la ministre française a parlé d'enjeux dans les discussions qu'elle a eues avec les autorités algériennes. Elle les a qualifiées de «fructueuses». Elle a conclu : «Nous avons la volonté de mettre en place un nouveau cadre de confiance partagé.» Sa visite à Alger fait suite à celle effectuée par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, le 16 juillet, et à celle faite par la ministre de la Francophonie Yamina Benguigui, début septembre. Leur homologue de l'Intérieur, Manuel Valls, est attendu, comme déjà évoqué, début octobre. Et une visite du ministre de l'Education Vincent Peillon, dont la date n'a pas encore été arrêtée, est également prévue.