Après son adoption par le Conseil des ministres, la semaine passée, le plan d'action du gouvernement Sellal a été soumis hier aux parlementaires. Comme il fallait s'y attendre le successeur d'Ouyahia à la tête de l'exécutif ne devrait pas subir un examen difficile : la composante de l'APN, dominée par le duo FLN-RND, applaudit avant même qu'on lui demande de le faire. C'est le cas du député Seddik Chihab, du RND, qui, tout en prenant la précaution de rappeler qu'«il s'agit du programme du président de la République», parle «d'une touche du Premier ministre». Cette touche, le député du RND l'a trouvée dans «la réhabilitation du service public». Et c'est à ce niveau que se résume, selon le même parlementaire, «la nouveauté de ce plan». Mais le plan du gouvernement Sellal n'a pas que des partisans. Des voix discordantes se sont bel et bien exprimées dans les couloirs de l'Assemblée. Lakhdar Benkhellaf, du FJD d'Abdallah Djaballah, remet en cause le plan du gouvernement. Le député et porte-parole du Front pour la justice et la démocratie estime qu'avec tout le bruit créé autour de ce plan, l'existence du gouvernement poserait problème. Car si on se réveille, dira t-il, aussi soudainement, «cela autoriserait à croire que le gouvernement était absent depuis 1999». Sinon, ajoutera-t-il sur un ton de dérision, «c'est le citoyen qui était absent depuis 1999 et à qui on promet aujourd'hui une vie meilleure». Le député du FJD propose ainsi deux interprétations. «Ou bien le Président n'a pas de programme, ou bien ce programme n'a pas été appliqué.» Soutenant que le gouvernement s'initie à une campagne électorale avant l'heure, Benkhellaf est convaincu que le présent plan n'est qu'une «reformulation de ceux des précédents gouvernements». Il note néanmoins une petite évolution dans le discours officiel, «qui passe du sécuritaire d'Ahmed Ouyahia à celui du compromis sous le règne de Sellal».Du côté du FFS, on estime que le plan Sellal est beaucoup plus proche d'un programme électoral entamé avant l'heure par le régime, en perspective de 2014. Ahmed Bettatache, président du groupe parlementaire du Front des forces socialistes déclare que «le plan Sellal est une succession de généralités qui traduisent les promesses que le régime réitère à chaque fois que c'est nécessaire pour sa perpétuation». Le député de Bouira a mis en évidence l'absence de chiffres dans le plan gouvernemental. Le représentant de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) ne croit pas à l'utilité de voir le plan du gouvernement transiter par l'APN. Selon Naâmane Laouar, «l'urgence est d'aller vers une révision constitutionnelle à travers laquelle seront définies les prérogatives de chacun des trois pouvoirs : l'exécutif, le législatif et le judicaire». Le PT, pour sa part, préfère attendre pour poser ses questions. Ramdane Taâzibt a exprimé cependant la satisfaction de son parti dès lors que «l'Etat n'est pas revenu en arrière dans la règle des 51/49, même avec les pressions qu'il a subies». A propos du plan du gouvernement, il dira que «le PT attend des explications quant aux mécanismes et moyens de sa mise en application, ainsi que sur les délais de sa réalisation». A. Y.