Présenté un peu plus dans le détail par le Premier ministre Abdelmalek Sellal,le plan d'action du gouvernement, s'il a eu les faveurs des partis de l'Alliance présidentielle, essuie plusieurs critiques de la part des autres formations politiques qui n'ont pas omis de relever son caractère «vague» et l'absence de bilans. Le plan d'action du gouvernement Sellal s'apparente même à un «programme électoral», selon le chef du groupe parlementaire du FFS, un parti d'opposition qui revient dans l'hémicycle de Zighout Youcef après plusieurs années d'absence. «Nous tenons d'abord à dénoncer le fait que l'ancien gouvernement qui a travaillé pendant deux ans n'ait pas présenté son bilan de politique générale, comme le stipule la Constitution», a déclaré hier Ahmed Batatache au Temps d'Algérie en marge de la séance plénière consacrée à la présentation du plan d'action du gouvernement et au débat. Les règles de responsabilité de ce fait ne sont pas respectées selon lui. «L'important, c'est d'abord de présenter les bilans avant de passer aux objectifs», a-t-il précisé. Et d'ajouter : «Pour nous, le plan n'est pas à la hauteur d'un plan du gouvernement. Il s'apparente plutôt à un programme électoral. Ses objectifs ne sont pas précis et il manque drastiquement de chiffres clairs.» Batatache va plus loin dans sa critique. «Ce ne sont que de fausses promesses électoralistes auxquelles s'est habitué le peuple algérien.» Quelle serait alors la position du parti ? «Je vous dirai d'avance que nous n'allons pas approuver ce plan, mais la position officielle du FFS interviendra à l'issue des débats», a-t-il dit. Les députés de l'Alliance verte (AAV) qui ont consacré avant-hier une journée d'étude sur le sujet s'interrogent quant à eux sur les capacités du gouvernement à réaliser les objectifs, quoique «flous» du plan. «Le plan comporte beaucoup de zones d'ombre. Hormis la question des délais qui n'est pas mentionnée, il y a aussi le problème des moyens d'exécution. Comment un gouvernement dont la durée de vie n'excède pas 20 mois pourra-t-il réaliser autant d'objectifs», s'interroge Naâmane Laouar, chef du groupe parlementaire de l'AAV. Il cite l'exemple du logement où seulement 400 000 ont été réalisés en 3 ans d'après Sellal. «Est-il possible dans ce cas de réaliser 700 000 logements en moins de 20 mois surtout que le plan d'action parle aussi de manque de moyens de production et de réalisation ?», s'est-il encore interrogé, citant également la relance du projet Ousratic, «alors que le bilan de l'ancien programme n'est pas connu». «Notre objectif est d'œuvrer pour le bien du pays. Nous sommes sur un même bateau. C'est pour ça que nous disons, il faut arrêter. Ce chemin n'a pas d'issue», a-t-il tonné affirmant que le problème principal en Algérie «est politique, qui a engendré des problèmes d'ordre économique et social». La solution est donc politique, qui consiste selon le MSP en «de grandes réformes» qui débutent par la Constitution. «Il faut réviser la Constitution dans les meilleurs délais», a-t-il lancé, ajoutant que l'AAV attend des «compléments sur ces zones d'ombre». «Nous attendrons donc la fin des débats et les réponses du Premier ministre pour nous positionner», a-t-il conclu. «Le Premier ministre a exprimé la volonté de son gouvernement» Le PT, qui a souvent «critiqué», change cette fois-ci de fusil d'épaule. Pour son chef du groupe parlementaire, le plan d'action du gouvernement est globalement positif. «Nous sommes d'accord avec le gouvernement sur le fait de relever que le problème principal réside dans le développement, la préservation de l'économie nationale…», a-t-il dit. «Le Premier ministre a exprimé la volonté de son gouvernement de prendre en charge ces volets. Nous allons l'interroger sur les mécanismes et les moyens adéquats pour atteindre ces objectifs ; à l'issue de ses réponses, nous prendrons la position qui s'imposera alors», a encore ajouté Ramdane qui «approuve» les déclarations de Sellal à propos de la politique étrangère du pays. «Nous nous réjouissons également que la règle dite 51-49 soit maintenue. C'est un des combats du PT qui est consacré», a-t-il argué. Seddik Chihab du RND, dont le parti a affiché par la voix de son secrétaire général et ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia son total soutien au plan Sellal, se contentera donc «de ces grandes lignes».»Quant aux détails, ils seront étudiés dans le cadre de la loi de finances notamment et les autres lois qu'auront à présenter d'autres secteurs», a expliqué Chihab. «Le SG du RND nous a toujours instruit de considérer les choses de façon positive. Il nous (les députés) a aussi instruit depuis qu'il était Premier ministre de faire ressortir les points négatifs tout en insistant en parallèle sur la nécessité de présenter des solutions», a conclu le député d'Alger. Les débats entamés hier et qui prendront fin le 30 septembre (269 interventions prévues) ont vu l'intervention de plusieurs députés. Entre soutiens et critiques, les députés ont aussi axé leurs interventions sur des questions locales, mais aussi régionales comme l'insécurité aux frontières sud notamment. Le Premier ministre répondra aux questions des députés le 2 octobre.