Photo : M. Hacène Par Hasna Yacoub Le procès en appel de l'affaire Algérie Télécom, mettant en cause un ancien conseiller du P-dg du groupe, Mohamed Boukhari, et l'homme d'affaires algéro-luxembourgeois, Chani Medjdoub, a été reporté au 18 octobre prochain, par la Cour de cassation. Le renvoi a été décidé à la demande de la défense qui a invoqué la nécessité de la présence de certains «témoins-clés» à l'audience. C'est Me Khaled Bourayou qui a insisté en particulier sur la présence du témoin Dominique Fermine, employé à la banque «Natixis» au Luxembourg, dont le témoignage, selon lui, est très «important» pour l'accusé Chani Madjdoub. Ce dernier ainsi que Mohamed Boukhari sont accusés d'avoir commis entre 2003 et 2006 des transactions douteuses et blanchiment d'argent au préjudice d'Algérie Télécom. Trois cadres de deux sociétés chinoises à savoir ZTE Algérie et Huawei Algérie, en fuite, sont également impliquées dans cette affaire et sont accusées d'avoir versé des pots-de-vin aux deux mis en cause, cités plus haut, pour la conclusion de transactions douteuses au détriment d'Algérie Télécom. Chani Madjdoub et Mohamed Boukhari ont été condamnés, rappelons-le, le 6 juin dernier en première instance par le pôle judiciaire spécialisé d'Alger, à dix-huit ans de prison assortie d'une amende de 5 millions de dinars. Le tribunal avait également condamné par contumace à dix années de prison ferme assortie d'une amende de 1 million DA, les trois cadres des deux sociétés chinoises qui sont Dong Tao, Chen Zhibo et Xiao Chuhfa et contre lesquels des mandats d'arrêt internationaux ont été lancés. Le tribunal de première instance avait décidé aussi de saisir les biens de Mohamed Boukhari au Luxembourg ainsi que ses comptes bancaires. Concernant les personnes morales qui sont les deux sociétés chinoises ZTE Algérie et Huawei Algérie, le tribunal leur avait infligé une amende de 3 millions DA chacune ainsi que leur exclusion des marchés publics pendant deux ans pour «corruption et trafic d'influence». Cette affaire de corruption et de blanchiment d'argent a éclaté avec l'instruction diligentée dans le cadre d'un autre dossier (qui est toujours en instruction), celui de l'autoroute Est-Ouest. À la Suite d'une commission rogatoire internationale qui a conduit le juge d'instruction de la 9e chambre près du pôle judiciaire de Sidi M'Hamed au Luxembourg, ce dernier a découvert, selon l'ordonnance de renvoi, que Mohamed Boukhari et Chani Majdoub ont perçu des «pots de vins à l'étranger (Luxembourg) en relation avec des transactions douteuses en matière de télécommunications et d'Internet, conclues par Algérie Télécom et les deux sociétés chinoises ZTE Algérie et Huawei Algérie». Les sociétés ZTE Algérie et Huawei Algérie avaient versé en contrepartie de ces transactions avec Algérie Télécom des «commissions» au profit de deux sociétés de consulting appartenant à Boukhari et Chani dans des comptes «offshore» ouverts au Luxembourg.Mais selon la défense, les accusés ne sont pas fautifs et seul le témoignage du représentant de la banque luxembourgeoise Natixis pourrait le prouver. D'ailleurs, la défense a organisé en août dernier, une conférence de presse où elle a menacé de boycotter l'audience évoquant le non-respect de ses droits, ce qui ne permet pas la tenue d'un procès équitable. Les avocats exigent le témoignage de M. Femine Dominique, le représentant de Natixis. Ce dernier et lors de son audition par le juge d'instruction du pôle judiciaire spécialisé, dans le cadre de la commission rogatoire internationale aurait reconnu le non-respect, par la banque, des procédures de gestion des comptes de ces deux clients à savoir les deux accusés Boukhari et Chani. Il aurait affirmé que M. Medjdoub ne connaissait pas Mohamed Boukhari. Ce témoignage-clé pourrait donc, s'il venait à se vérifier, remettre en cause les chefs d'accusation contre Medjdoub Chani. Rappelons enfin que Mohamed Boukhari et Chani Medjdoub ont également été cités à comparaître dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest.