Le procès en appel de Mohamed Boukhari, ancien cadre d'Algérie Télécom, et Chani Madjdoub, homme d'affaires, condamnés en première instance à 18 ans de prison ferme chacun pour le chef d'inculpation de corruption au détriment d'Algérie Télécom, a été renvoyé, hier, au 18 octobre prochain, par le juge Aït Akache Ali. Le motif du renvoi est lié à une requête de la défense qui a invoqué la nécessité de la présence de certains «témoins-clés» à l'audience. Le juge a accédé à la demande des avocats qui avaient exigé la présence de Dominique Fermine, l'employé de la banque Natixis, basée à Luxembourg, un «témoin-clé» pour complément d'informations, ainsi que la présence des représentants d'Algérie Télécom. De son côté, Me Khaled Bourayou a, en particulier, insisté sur la présence de Dominique Fermine, dont le témoignage, selon lui, est très «important» pour Chani Madjdoub, co-inculpé dans cette affaire. «Il y a de nouvelles déclarations de la part de Dominique Fermine, c'est pour cela qu'il doit assister à l'audience pour apporter son témoignage», a-t-il déclaré. Il faut noter que la défense a été renforcée par un apport externe, soit l'arrivée d'un avocat français inscrit au barreau de Paris et qui fait partie du collectif de défense de Chani Madjdoub. Me William Bourdon, qui est un pénaliste spécialiste des questions relevant du délit économique, a déclaré que «Chani est innocent car il n'y a pas de charges contre lui dans le dossier». Dans le même procès-verbal d'audition, Fermine affirme que «Chani ne connaissait pas Boukhari» et qu'il «avait fait des recherches en Algérie mais n'avait pas trouvé d'élément s'opposant à une entrée en relation professionnelle» avec Boukhari. Selon Me Belarif, cette déclaration de Fermine «confirme que Chani ne connaissait pas Boukhari». Pour rappel, les deux accusés ont été condamnés en juin dernier par le tribunal de Sidi M'hamed à verser une amende de 5 millions DA chacun pour avoir commis, entre 2003 et 2006, des «transactions douteuses» et pour «blanchiment d'argent» au préjudice d'Algérie Télécom. Le tribunal avait également décidé de saisir les biens de Mohamed Boukhari, au Luxembourg, ainsi que ses comptes bancaires. Il avait été condamné par défaut à 10 ans de réclusion, ainsi que 3 cadres, Dong Tao, Chen Zhibo et Xiao Chuhfa, de deux sociétés chinoises, la ZTE-Algérie et Huawei-Algérie pour «trafic d'influence». Des mandats d'arrêts internationaux ont été lancés contre eux. Concernant les personnes morales que sont les deux sociétés chinoises précitées, le tribunal leur avait infligé une amende de 3 millions DA chacune, ainsi qu'une exclusion des marchés publics pendant deux ans, et ce pour «corruption et trafic d'influence». Selon l'ordonnance de renvoi, l'affaire a commencé avec l'instruction diligentée, dans le cadre du dossier de l'autoroute Est-Ouest, suite à une commission rogatoire internationale qui a conduit le juge d'instruction de la 9e chambre près du pôle judiciaire de Sidi M'hamed à Luxembourg. L'instruction a permis de révéler que Boukhari et Chani, qui a la double nationalité algéro-luxembourgeoise, avaient perçu des pots-de-vin à l'étranger (Luxembourg), pour des transactions douteuses (en matière de télécommunications et d'Internet) conclues par Algérie Télécom et les deux sociétés chinoises. Ces dernières avaient, en effet, versé en contrepartie de ces transactions, des «commissions» au profit de deux sociétés de consulting appartenant à Boukhari et à Chani dans des comptes off-shore à Luxembourg. Par ailleurs, Me Bourayou a indiqué qu'une assemblée générale des avocats aura lieu ce jeudi devant le siège de l'UGTA à Alger.