Dans la symbolique mémorielle du souvenir et de la pensée, une poignée de terre de ses restes datant du 29 septembre 1958 a été rapatriée de Tunis.Nous entamerons ce modeste pamphlet de la mémoire par un surréalisme numérique du chiffre 29 à travers la destinée de l'illustre disparu. Larbi Ahcène dit Cheikh H'cicene est né en 1929 à la Casbah d'Alger, il décède à l'âge de 29 ans, un 29 septembre 1958 à Tunis. Cette phénoménologie cyclique du temps en mouvement, nous rappelle un concept philosophique de la vie de l'être humain dans une inexorable trajectoire vers la mort, ponctuée cette fois-ci par le carillon de l'horloge du sort, dont le balancier était réglé au triptyque fatidique du chiffre 29.Revanche contre l'oubli ravageur et hideux de plus d'un demi-siècle, le parcours riche et fécond de cheikh H'cicene qui constitue une des épopées historique et glorieuse de l'Algérie combattante est à présent dans la pensée de toute une génération, pour être léguer à la postérité, à la jeunesse et aux générations montantes.C'est un repère de notre culture de résistance qui rejoint la terre natale, après une très longue absence, pour reposer dans l'éternité du sommeil du juste mérité à El Kettar dans la tombe de sa mère qui n'a eu de cesse de le pleurer sa vie durant. Au terme de sa vie, à l'âge de 71 ans, celle-ci, inconsolable et meurtrie par la disparition de son fils unique, a, au cours de son ultime agonie, surpris par l'émoi toute une assistance de proches qui l'accompagnait dans son dernier soupir. Dans un état d'inconscience profond, celle-ci a, dans un ultime sursaut d'éveil, prononcé un émouvant monologue d'outre-tombe à l'adresse de son fils adulé. D'une voix étrangement très audible, malgré son état de décompensation très avancé, elle prononcera cette seule et dernière phrase avec un regard profond des yeux grands ouverts sur l'encadrement d'un portrait photographique de Cheikh H'cicene. Entamé par une expression affective en kabyle «Ayouch Vihiw» «Mon beau», elle continua dans une rime poétique du terroir algérois ainsi traduite : «Je suis heureuse de te revoir aujourd'hui pour te rejoindre à jamais dans un monde meilleur. Toi qui à été l'âme de ma vie.» Invraisemblable, mais réel et authentique, sitôt cette pathétique incantation achevée, lalla Tassadit, la mère de Cheikh H'cicene, s'éteignit tranquillement entourée des siens ébahis et affectés par l'épreuve. Ceci est un témoignage de sa belle-fille, la veuve de Cheikh H'cicene, inlassablement présente à cette veillée de l'adieu de celle qu'elle appelait avec une tendresse infinie «Yema».Dans la «rahma» divine et de là où il est, cheik H'cicene célèbrera avec le peuple de sa chère patrie, ce lumineux 50e anniversaire de la renaissance de la nation algérienne, heureux et comblé de retrouver après une absence d'éternité la douceur de la terre bénie qu'il a passionnément aimé.La réinhumation dans la symbolique de ses restes aura lieu à l'évocation du 54e anniversaire de sa mort, le samedi prochain à 10 heures au cimetière d'El-Kettar inférieur par l'entrée d'accès de la mosquée Enour de Climat de France. A l'ombre de l'épigraphe du souvenir scellé sur sa tombe, il repose désormais dans la quiétude célèste, à El Kettar, le cimetière des aïeux qui majestueusement surplombe le bleu de la mer inondée par le soleil sonore d'El Bahdja.En cette solennelle et émouvante circonstance, l'Association les Amis de la Rampe Louni Arezki Casbah, le Commissariat du Festival national de la chanson chaâbi ainsi que la famille Larbi de Cheikh H'cicène convient ses compagnons, amis et proches a assister à cette marquante cérémonie pour accomplir ensemble un acte de mémoire et de reconnaissance à l'endroit d'un repère symbolique de la culture algérienne de résistance. L. A. A. *Président de l'Association les Amis de la Rampe Louni Arezki Casbah