Photo : S. Zoheir Par Sihem Ammour En marge du 17e Salon international du livre d'Alger, un colloque international intitulé Littérature et Histoire, a débuté, hier, à l'hôtel Hilton, organisé en partenariat avec le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah). Le colloque est animé par de nombreux chercheurs et spécialistes nationaux et internationaux, autour de la thématique centrale des traces du combat pour l'indépendance et le champ des résistances algériennes dans la littérature. D'une durée de deux jours, le colloque est dédié à la grande écrivaine algérienne, Assia Djebbar de l'Académie française.A ce sujet, Slimane Hachi, directeur du Cnrpah précise que «c'est une écrivaine de renom international, et si on met une femme à l'honneur, c'est aussi parce qu'elle s'est beaucoup adossée à l'Histoire pour écrire ses romans», lors de la conférence de presse qui a été organisée jeudi passé, avec les autres membres du comité scientifique de cette manifestation, afin de présenter les grandes axes du colloque. Il a ajouté qu'à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance, il était important pour les organisateurs d'associer littérature et Histoire, d'autant plus qu'associer ces deux éléments, c'est montrer l'influence de l'Histoire en tant que référant et source d'inspiration pour la créativité littéraire.Pour sa part, l'universitaire Nadjet Khadda, a estimé que le colloque va contribuer à l'écriture du récit national qui connaît, depuis un demi-siècle, une difficulté de réalisation. Elle a précisé à ce sujet que «la conscience historique se nourrit de ce que lui donne la littérature qui travaille l'imaginaire. L'Histoire s'impose des règles de rigueur, d'objectivité, alors que la littérature nous parle certes d'Histoire mais avec subjectivité. On n'y découvre donc pas la réalité historique d'une façon objective». Elle soulignera toutefois que la vision de l'Histoire par la littérature peut être une «matière historique» sur laquelle peuvent travailler les historiens, avec en guise d'exemple celui d'Assia Djebbar qui, étant de formation historienne, fait de l'Histoire un mode d'expression de la réalité dans ses écrits littéraires.De son côté, le sociologue et chercheur Mustapha Heddab, a déclaré que «la culture se constitue à travers les échanges entre les différentes disciplines. La littérature stimule l'imaginaire et suscite la création. Cela aboutit à la curiosité historique et à l'envie de s'adonner à la lecture. Il faut encourager, favoriser le dialogue entre littérature et Histoire pour qu'il y ait diverses approches de la réalité sociale». Ainsi, la culture n'est jamais figée, elle est évolutive et se nourrit de plusieurs disciplines et divers horizons. Quant à l'historien Fouad Soufi, il affirmera que «la littérature joue un rôle important dans la connaissance de la société. Même si cela se fait selon les expériences personnelles de l'écrivain, selon le regard qu'il porte sur elle et suivant son rapport à elle».C'est tout naturellement que le colloque a débuté, hier, avec un hommage à Assia Djebbar, marqué par les conférences de Zineb Ali Ben Ali, intitulée «Assia Djebbar : Dire sans dire. Ecrire la trace du silence et de l'absence» et de Benamar Mediène intitulée «Taos et Assia : deux voix dans L'histoire».Parmi les grands sujets qui seront abordés durant ces deux journées, dans le cadre du colloque, citons celui intitulé L'histoire dans la littérature avec, notamment, Rabah Nourdine Saad intervenant sur le thème Réflexion sur le rapport a l'histoire dans le travail d'écriture, Leila Hamoutène dont la conférence portera sur Le couple Histoire/Roman comme lieu de mémoire et de quête identitaire, Waciny Laaredj avec Le roman historique, jeux et enjeux, et Mohamed Sari avec Roman et guerre de libération national entre Histoire et idéologie. Un autre axe de réflexion sera consacré à la révolution algérienne dans la poésie des pays arabes, avec les conférences de Rania Mamoun du Soudan, Mohamed Mustapha El Achry d' Egypte, Mohamed Ghozi de Tunisie, Abdelghani Mahmoud du Maroc et Mohamed Richa Khetam de Palestine. Dans le troisième axe, intitulé Histoire et littérature, les auteurs algériens, l'universitaire Nadjet Khadda présentera une conférence intitulée Le personnage féminin comme lieu textuel de la perception de l'Histoire avec une analyse des textes de Mohamed Dib, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri et Rachid Boujedra. L'intervention d'Ismaïl Abdoun, portera sur L'écriture de Kateb Au souffle de l'Histoire, et celle de Mourad Yelles sur Le rapport de l'Histoire dans l'œuvre Dibienne. Eléments de réflexions. Les derniers axes qui seront abordés dans le cadre de ce colloque sont notamment consacrés au rapport entre l'écrivain et l'Histoire, avec les interventions de Fatima Bekhai, Habib Tengour, Arezki Metref, Mimi Haféda et Lazhari Labter, à l'Histoire, la poésie et le théâtre et l'Expérience personnelle d'écriture.Slimane Hachi a, par ailleurs, indiqué que ce colloque augurera d'autres rencontres traitant de cette thématique de La littérature et l'Histoire, car «on ne peut pas en deux jours faire le tour de notre littérature», a-t-il affirmé, à juste titre.