Photo : M. Hacène Par Amirouche Yazid Le développement économique ne peut se faire sans des institutions représentatives et des dirigeants munis d'une réelle volonté politique. C'est ce qu'a soutenu, hier, à Alger, Mohand Amokrane Cherifi, président du comité d'éthique et conseiller économique au sein du Front des forces socialistes (FFS). Animant la «conférence économique et sociale», organisée par le parti à l'occasion de la rentrée, l'expert auprès de l'ONU, a défendu aussi «une décentralisation de la décision économique». Dans son introduction, M. Cherifi a expliqué pourquoi le discours du FFS est dominé par des thèmes à dimension politique plutôt que ceux relevant de l'économie. «Tout simplement, dira-t-il, parce que le développement économique et le progrès social dépendent fondamentalement des institutions et de la volonté politique des dirigeants». Après l'interrogation «pourquoi nous n'avançons pas ?», le conférencier a présenté la vision du parti sur les plans économique et social. Dans le domaine de l'économie, M. Cherifi cite trois urgences. La première porte sur la «décentralisation et l'autonomisation du pouvoir de décision économique». Le conseiller d'Aït Ahmed suggère, sur ce chapitre, un transfert du pouvoir de décision économique à la population, à travers ses élus. Mais un tel transfert nécessite, selon l'orateur, «une profonde réforme de l'Etat pour donner plus de pouvoirs administratifs et financiers aux collectivités locales. Ceci nécessite une révision appropriée de la fiscalité». Proposant une charte de l'entreprise publique et privée, M. Cherifi estime que c'est un moyen de «soustraire ces entités économiques du diktat bureaucratique et de libérer les initiatives sur le plan national et international. L'objectif est de favoriser la création d'entreprises dans le secteur productif par les jeunes diplômés en quête d'emploi, grâce à des programmes, dans chaque wilaya, de formation et d'accompagnement à l'entreprenariat qui viendront compléter le dispositif actuel de l'emploi des jeunes». La deuxième urgence citée par le conférencier : soustraire les secteurs stratégiques à l'appropriation par le capital étranger. A ce propos, l'expert onusien estime plus judicieux de garder nos ressources dans le sous-sol. Pour lui, c'est «plus sécurisant et plus profitable pour les générations actuelles et futures que de les extraire pour les transformer en réserves de change dormantes». La troisième urgence évoquée par Cherifi, est celle de «réduire notre dépendance des importations pour satisfaire les besoins primaires de la population par la production nationale». Pour y arriver, il faudrait, selon le conférencier, diversifier l'appareil de production et l'orienter vers la substitution aux importations. Concernant le plan social, M. Cherifi a axé son propos sur le «respect de la dignité du citoyen, qui est le véritable enjeu, en ne faisant pas de lui un assisté». Au sujet de l'exploitation du gaz de schiste, le conférencier s'y oppose. Il faut noter que le FFS a tenu, dans l'après-midi d'hier, une séance ordinaire de son conseil national consacrée à la préparation des élections locales.