Le Front des forces socialistes (FFS) a plaidé, hier à Alger, pour une décentralisation et une autonomie «effective» du pouvoir économique au niveau des collectivités locales et des entreprises comme première étape vers un développement durable. Le président du comité d'éthique et conseiller économique du parti, Mohand Amokrane Cherifi, a estimé que la première mesure «urgente» à entreprendre en vue du développement est de décentraliser et autonomiser «dans l'immédiat» le pouvoir économique au niveau des collectivités locales. Il s'agit de «doter chaque municipalité des moyens administratifs et financiers pour répondre aux besoins de la population, ce qui suppose une réforme fiscale», a expliqué l'expert en économie lors d'une conférence. Le budget dont disposent les Assemblées populaires communales est «insuffisant» pour faire face aux besoins de la population, selon M. Cherifi qui juge primordial de «transférer le pouvoir aux élus locaux au lieu de la daïra». Les entreprises, notamment publiques, doivent également avoir l'autonomie «effective» de décision, a-t-il préconisé, car selon lui, «le pouvoir de décision économique est tellement centralisé aujourd'hui, qu'il freine l'investissement». L'expert a souligné en revanche que chaque élu et chaque entreprise doit «rendre compte de son budget», et pour l'entreprise, c'est à son conseil d'administration, de pouvoir orienter et contrôler son fonctionnement. «Transférer le pouvoir vers les collectivités locales et les entreprises n'est que le transfert du pouvoir vers la population et vers l'emploi», a soutenu le conférencier qui pense que les bénéfices de cette décentralisation sont «plus importants» que ses inconvénients. La population saura sanctionner ses élus «corrompus et malhonnêtes» en les désavouant au vote, et «avec le temps la décentralisation et l'autonomie sera effective», a estimé M. Cherifi. Par ailleurs, le conseiller économique du FFS a estimé que les propositions pour améliorer les conditions de vie des citoyens contenues dans le plan d'action du gouvernement «nécessaires dans l'immédiat, restent insuffisantes car ne se projetant pas dans l'avenir». Il a réitéré la position du FFS relative à la priorité de l'instauration de la démocratie et des libertés comme préalables à un développement durable, et de la «primauté du politique sur l'économie». «La priorité aujourd'hui du FFS est de passer un discours politique à la population pour en éveiller la conscience politique, car on a beau tracer des programmes économiques, si le politique n'avance pas, on ne fera rien sans l'adhésion de la population», a-t-il relevé. Les membres du conseil national du parti ont assisté à la conférence à laquelle était présent le premier secrétaire national, Ali Laskri, qui a rappelé dans son intervention d'ouverture, l'option du FFS pour une alternative démocratique pacifique qui passe par «l'instauration des libertés, la bonne gouvernance et le développement durable». Le conseil national tiendra, cet après-midi, une session ordinaire pour définir la stratégie à adopter pour les élections locales du 29 novembre 2012. Une résolution sera rendue publique à l'issue de cette réunion. La dernière session ordinaire du conseil national du FFS a eu lieu le 22 juin dernier lors de laquelle le calendrier de la restructuration des structures du parti avait été adopté. La décision du FFS de prendre part aux élections locales avait été prise lors de la session extraordinaire du conseil national tenue le 10 août dernier qui a été sanctionnée par une résolution portant sur le code des élections locales. Il est à relever, par ailleurs, que le FFS a programmé, pour aujourd'hui, une série d'activités pour célébrer le 49e anniversaire de la création du parti, dont des portes ouvertes, des conférences et des rencontres commémoratives à Oran (ouest), Tizi Ouzou (centre) et à Bruxelles (Belgique). Le FFS, plus vieux parti de l'opposition, a été créé dans la clandestinité le 29 septembre 1963 et est présidé, depuis, par Hocine Aït Ahmed, âgé aujourd'hui de 86 ans.