En marge de la clôture de la 17e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila 2012), le colloque international Littérature et Histoire, organisé en partenariat avec le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), s'est également clôturé, après deux jours de travaux avec des interventions de nombreux experts et spécialistes autour de la question des enjeux de l'écriture de l'Histoire à travers le prisme de la littérature.Parmi ces interventions, citons celle de l'écrivaine Leïla Hamouten, qui estimera que «la littérature va s'interposer entre l'Histoire et les lecteurs, à travers le vécu du personnage. Dès lors, le texte littéraire permet de partager des expériences, il fait revivre une époque, des événements par le biais de l'imaginaire de l'écrivain». Elle affirmera à cet effet que «la littérature se constitue comme un lieu de mémoire et de quête identitaire». Dans le même ordre d'idées, l'écrivaine Hawa Djabali, estime qu'«écrire, c'est se mettre sur les traces de la mémoire, donc aller à la rencontre de l'Histoire, la quêter, et une fois celle-ci convoquée, elle organise l'univers romanesque en s'associant, en s'y imbriquant, avec l'imaginaire de l'écrivain». Elle affirmera à ce sujet que «la littérature naît lorsque l'Histoire est inventée et qu'elle est consignée dans l'écriture». Par conséquent la littérature va influencer le comportement des sociétés, en apportant un témoignage sur tout ce qui la construit, elle fait notre histoire d'homme. Dès lors, «la littérature est un exercice répétitif sur notre Histoire. Toute littérature dévoile la réalité, mais en même temps la trahit quand elle est subjectivisée par la fiction qui, elle, est nourrie par l'imaginaire de l'écrivain».Pour sa part, le chercheur Hadj Miliani Hadj, met en exergue le fait que l'Histoire est «une pièce à conviction que les écrivains vont utiliser dans l'écriture. Car l'écriture est une convocation événementielle». Il précise à cet effet que «l'écriture est une construction de processus historiques. C'est l'espace dans lequel se mettent en place des personnages, travaillé par l'imaginaire et la sensibilité de l'écrivain, qui convoque l'Histoire et la met en relation avec la littérature». Ainsi, l'écrivain travaille sur la spatialisation et celle-ci va produire un sens, établir un rapport à l'Histoire. Le colloque dédié à la grande écrivaine algérienne Assia Djebbar, a aussi été l'occasion d'aborder l'étroite relation qu'entretient la romancière avec l'Histoire dans ses écrits. A titre d'exemple, citons l'intervention de l'universitaire Ali Ben Ali Zineb, qui estime que l'écriture d'Assia Djebbar est une prise de position sur la mémoire. Elle souligne à ce sujet : «L'œuvre d'Assia Djebbar, se constitue comme un lieu de croisement de l'histoire individuelle et de l'histoire collective.» Ainsi, «Assia Djebbar travaille, par l'écriture, à donner la parole à l'Histoire et cette parole l'associe, voire l'assimile à la sienne pour en faire un matériau littéraire. Ce matériau travaillé, poli se transforme en un imaginaire dans lequel viennent s'associer, se croiser ou s'imbriquer fiction et Histoire, dans un mouvement de résonance continu, et aussi dans un mouvement révélateur d'une réalité : fiction et Histoire sont en échos l'un à l'autre».Dès lors, le roman se révèle alors le lieu de l'écriture historique, le lieu où l'Histoire est dite à travers la voix de la narratrice, derrière laquelle se cache celle de la romancière. Cette voix est un prolongement de la parole historique dans l'espace romanesque. S. A.