Photo : Riad Par Amel Bouakba Malgré les multiples programmes de logements initiés ces dernières années, l'accès à un toit décent demeure toujours un rêve quasi inaccessible pour le commun des Algériens. Le bilan du quinquennat 2010-2014 reste peu reluisant. Seuls quelques milliers de logements ont été livrés. Officiellement, on affirme que sur un programme de 1,2 million de logements, 491 000 unités ont été achevées et 790 000 unités sont en cours de réalisation. Ce qui, en soi, est un aveu d'échec, puisque ce n'est même pas la moitié des prévisions qui a été atteinte. D'autres sources avancent sous le sceau de l'anonymat que ce chiffre devrait être revu à la baisse assurant que 80 000 logements seulement ont été mis en chantier. Mais tous ces programmes n'ont pas réussi à désamorcer la crise du logement. Une crise qui est toujours d'actualité. Car aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus on construit, plus le prix de l'immobilier explose en Algérie et plus les chances d'obtenir un logement s'amenuisent. Quant au logement promotionnel, aidé, destiné initialement aux classes dites moyennes, il est réservé à certains clients «pistonnés». Mouloud, jeune cadre dans une entreprise privée, en a fait les frais. Après avoir postulé aux différentes formules du logement aidé, il ne voit toujours rien poindre à l'horizon. LSP, LPA, Aadl… des formules qu'il connaît bien mais auxquelles il n'a jamais pu avoir accès.Désabusé, il ne croit plus aux promesses des politiques. «J'ai déposé des dossiers partout, mais comme je n'ai pas de piston, je n'ai pas pu bénéficier d'un logement», dit-il. «Qui a droit aux logements promotionnels publics, à qui sont destinées ces formules ?» s'interroge t-il, découragé. «Toutes ces formules sensées être destinées à une majorité de citoyen restent néanmoins inaccessibles et tributaires de passe-droits» déplore t-il. Selon lui, les chiffres avancés sur les réalisations en matière de logements, sont en deçà des prévisions ce qui, à ses yeux, confirme l'inanité des annonces des politiques. Face à un marché de l'immobilier qui ne cesse d'augmenter et à une spéculation effrénée, le citoyen ne sait plus où donner de la tête. «Pas moins d'un milliard de centimes voire deux pour un F3 de 70 m2 dans la banlieue d'Alger. Il y a de quoi devenir fou», dit, hors de lui, Mouloud. «Les prix ont littéralement quadruplé en moins de dix ans. Il est inconcevable que le logement soit plus coûteux que son équivalent sur la côte espagnole», ajoute t-il. Le gouvernement Sellal se dit attentif à la préoccupation majeure des citoyens, à savoir le logement. Pour rattraper le retard enregistré dans la réalisation des différents programmes annoncés, il s'est engagé à faire du secteur de l'habitat une priorité afin de faire face aux demandes en souffrance des citoyens. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que sa mission principale consistera à combattre le déficit en matière de logements et l'anarchie urbanistique, tout en insistant sur le respect de la qualité et les délais de réalisation des logements. En vue d'accélérer les différents programmes, il sera fait appel aux entreprises étrangères. Selon lui, la demande s'élève à 225 000 logements par an, alors que la capacité nationale de réalisation est de 75 000, ce qui exige de l'Etat des mesures et une stratégie spéciale pour répondre aux revendications continues à l'origine des manifestations et de la grogne sociale. Et parce que la distribution des logements a le plus souvent été entachée d'irrégularités et d'opacité, le ministre a assuré que dorénavant la transparence totale sera rétablie dans les opérations d'affectations de logements. Pour le ministre, le fichier national du logement est fin prêt et il constituera un gage en plus de la transparence escomptée en matière d'affectation de logements en Algérie. Autre mesure annoncée, le retour de la formule location-vente, le fameux programme Aadl (Agence nationale pour l'amélioration et le développement du logement) qui avait suscité, lors de son lancement, en 2001, un grand engouement auprès des citoyens aux revenus moyens. Le gouvernement s'engage à réaliser 150 000 unités de logements de type location-vente afin de satisfaire la demande des citoyens ayant déposé leurs dossiers dans le cadre de l'ancien programme. «Nous n'avons pas de limites pour ce programme (Aadl) qui s'adresse à la classe moyenne, nous irons jusqu'à extinction de la demande, tranche par tranche et selon les capacités financières du pays», avait déclaré Abdelmadjid Tebboune. Toutefois, les prix des logements Aadl, pourront connaître une augmentation, selon le ministre. En 2001, les logements Aadl de type F3 ont été cédés à Alger à 1 400 000,00 dinars alors que les logements F4 l'ont été à 1 700 000,00 dinars. Pour ce qui est des logements sociaux, le ministre de l'habitat a annoncé qu'un quota national de plus de 100 000 logements est prêt à être livré ou à être préaffecté d'ici fin 2012. Aujourd'hui, le citoyen moyen n'a qu'un seul souhait : que ces engagements soient honorés le plus rapidement possible.