Le gouvernement qui met l'habitat aux premiers rangs de ses priorités, s'attaque à cet épineux problème, qui constitue en fait une «bombe à retardement», il n'y a qu'à voir les contestations que génère chaque affichage de listes de logements à distribuer, en dépit de l'importance des programmes déjà lancés. Dans un pays comme l'Algérie, qui se décline sous la forme d'un vaste chantier, cette situation paradoxale est le produit de la demande accumulée et sans cesse croissante, très souvent insatisfaite durant les deux dernières décennies, et du retard dans la concrétisation des projets annoncés. Pour désamorcer la crise, le gouvernement Sellal prévoit dans son plan d'action, présenté devant l'APN, deux mesures phares : le retour à la formule location-vente, qui a eu un grand succès lors de son lancement dans les années 2000, et faire appel à d'importants groupes internationaux pour accélérer la réalisation des 1,2 million de logements inscrits dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Afin de satisfaire les demandes en souffrance des citoyens ayant postulé à la formule location-vente, le gouvernement de M. Sellal prévoit de poursuivre et de renforcer le programme Aadl, en programmant la réalisation de 150 000 logements de type location-vente, au lieu de 20 000 unités initialement projetées. «Nous n'avons pas de limites pour ce programme (Aadl) qui s'adresse à la classe moyenne, nous irons jusqu'à extinction de la demande, tranche par tranche et selon les capacités financières du pays», a annoncé le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Mais, cela s'accompagne de deux autres annonces. Premièrement que les prix de ces logements pourraient connaitre une augmentation, consécutivement à l'augmentation de ceux des logements sociaux. En 2001, les logements Aadl de type F3 ont été cédés à Alger à 140 millions de centimes, et les logements F4 l'ont été à 170 millions de centimes. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, qui l'a laissé entendre en marge des travaux de l'APN, a tout de même précisé que le gouvernement n'était pas encore arrivé à une décision concernant ce point. Deuxièmement le ministre s'engage, en outre, a ce que «la transparence totale» soit «rétablie» dans la distribution de logements, à travers la mise en place du fichier national du logement en cours de finalisation, selon ses déclarations, et qui permettra de «savoir qui a pris quoi et quand», allusion au renforcement du contrôle en matière de distribution de logements. Aux côtés de ces mesures, le gouvernement a donné son feu vert pour des partenariats avec des entreprises étrangères dans le but d'accélérer la réalisation de logements et pallier aux insuffisances des capacités nationales de réalisation, pour concrétiser l'engagement de livrer 1,2 million de logements durant la période 2010-2014, dont 491 000 unités sont déjà achevés, et 790 000 unités en cours de réalisation. Le programme quinquennal 2010-2014 prévoit la réalisation de 2 450 000 logements dont 1 million de logements publics locatifs à caractère social, 900 000 logements ruraux et 550 000 logements promotionnels. Le plan d'action prévoit également l'achèvement en 2014 du programme de 381 000 logements neufs inscrits au titre de la résorption de l'habitat précaire. Pour faire face aux insuffisances des capacités nationales de réalisation, «le gouvernement veillera à mettre en œuvre les incitations nécessaires, y compris l'appel aux moyens de réalisation extérieurs», souligne le plan d'action du gouvernement, soumis mardi au Parlement. Il s'agit précisément d'encourager l'investissement public et privé, pour valoriser le potentiel existant, qui reste insuffisant, et créer des capacités supplémentaires nouvelles de réalisation de logements, notamment à travers des partenariats avec des entreprises étrangères. Par ailleurs, le gouvernement se propose d'inscrire de nouveaux programmes de logements publics locatifs, dans le but de répondre à la pression persistante de la demande, notamment sur le logement à caractère social. Le gouvernement promet de veiller, en outre, à ce que l'ensemble des autorités publiques responsables de la conduite des programmes de logements soient effectivement à l'écoute des préoccupations des citoyens, à travers leur implication à la mise en œuvre des politiques publiques de logement. Ce faisant, et pour régler la question de la contrainte foncière, particulièrement dans les quatre plus grandes villes du pays, le gouvernement envisage l'exploitation de toutes «les alternatives sous exploitées, y compris la requalification des tissus urbains anciens qui offrent des potentialités foncières importantes».