Deux jours après le début effectif du retrait des troupes belges, engagées depuis dix ans en Afghanistan, la date du départ total des soldats de l'Otan de ce pays risque d'être avancée, alors qu'elle avait été programmée pour 2014, comme cela avait été décidé par les Etats-Unis. C'est ce qu'a laissé entendre le secrétaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan), Anders Fogh Rasmussen, qui a reconnu, lundi, dans un entretien accordé au quotidien britannique The Guardian, que les attaques talibanes de l'intérieur ont fortement pesé sur les forces de l'Isaf en Afghanistan. En quelques semaines, les talibans ont tué pas moins d'une cinquantaine de soldats de l'Isaf, dans des attaques-suicides ou des fusillades à l'intérieur de leurs casernes. Les talibans ont, en fait, changé leur stratégie en infiltrant les rangs de la police afghane, que les troupes étrangères entraînent pour prendre le relais de la sécurité au-delà de 2014. «Nul doute, ces attaques de l'intérieur ont mis à mal la confiance», a déclaré M. Rasmussen. «D'ici à 2014, nous allons adapter notre présence. Nos troupes pourraient être redéployées, assumer d'autres tâches, voire se retirer; ou bien nous pouvons réduire leur nombre», a répondu le secrétaire général aux questions du quotidien britannique, repris par l'hebdomadaire français L'Express. «Nous avons envoyé des formateurs en Afghanistan pour aider les forces afghanes de sécurité et, ensuite, les soldats et policiers afghans ont tourné leurs armes contre les formateurs. Les gens ne peuvent comprendre cela, y compris nos formateurs», a-t-il affirmé par ailleurs lors de sa conférence de presse mensuelle. Les Etats-Unis avaient déjà suspendu les campagnes de recrutement des policiers afghans pour au moins un mois, en attendant la révision du dispositif de sélection des candidats, dont certains ne sont en fait que des rebelles talibans infiltrés pour commettre des attaques à l'intérieur des camps d'entraînement et viser aussi les bases des troupes étrangères, en opération en Afghanistan depuis 2001. Toutefois, le processus de retrait ne sera pas interrompu même s'il risque de connaître quelques modifications d'ici là, a signifié Rasmussen, selon Radio Chine Internationale. «A partir de 2015, elle (la mission actuelle de l'Otan) sera suivie par une mission de l'Otan pour former, conseiller et assister les forces afghanes de sécurité. Mon objectif est que nous nous mettions d'accord sur un plan détaillé au début de l'année prochaine, et que nous finalisions le plan bien avant la fin de l'année 2013. Ils nous donneront le temps dont nous avons besoin pour être sûrs que la transition vers la nouvelle mission se fasse sans heurts», a-t-il indiqué. À noter qu'il est prévu la mise en place d'une force de sécurité afghane forte de plus de 350 000 éléments d'ici 2014. Toutefois, quelques cadres de l'armée américaine et de leurs alliés de l'Otan resteront en Afghanistan pour assurer l'encadrement des troupes afghanes, comme cela avait été fait en Irak. L. M. /Agences