Arrivés sur l'esplanade de Riadh El Feth, on ne peut manquer le festival. Les chapiteaux abritant la 5e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda 2012) dont la blancheur se découpe sur le gris du béton et le bleu du ciel, occupent les deux tiers de l'esplanade. Des barrières délimitent l'espace. Petite fouille à l'entrée (mesures de sécurité), et le Fibda s'ouvre au visiteur. On ne se bouscule pas, ni à l'entrée ni dans les stands. Ça tranche avec le rush des fins de semaines. Très peu de visiteurs en cette veille de week-end. C'est jour d'école. Les enfants, premiers visiteurs et clients du Fibda, sont soient en classe soient à faire leurs devoirs. Quelques jeunes, dont des bédéistes, vont de stand en stand. Un groupe s'arrête devant l'étal de Dalimen, maison d'édition qui s'est spécialisée dans la publication de livres jeunesse et enfant avant de se lancer, depuis quelques années, dans la BD. Sa responsable, Mme Dalila Nadjem, est d'ailleurs l'initiatrice et la commissaire du Fibda. Cette éditrice a ouvert la voie aux bédéistes algériens, surtout les jeunes, et les a mis sur les devants de la scène avec la publication de leurs créations soit en album individuel soit en ouvrage collectif, comme Monstres et Waratha (héritiers). L'apport de Dalimen et de sa responsable ainsi que Z-Link, la première maison d'édition de mangas algériens, est surtout dans leur contribution effective et concrète à la relance de la BD en Algérie, la révélation de toute une génération de bédéistes qui ne demandaient qu'à se faire publier, et, indirectement, à la naissance de nouvelles maisons d'éditions spécialisées dans la BD. De deux maisons d'éditions qui existaient, Z-Link et Dalimen, on en est aujourd'hui à neuf travaillant toutes pour la promotion de la BD et des bédéistes algériens.Parmi ces jeunes maisons d'éditions, nous avons visité le stand de Kaza Editions qui a été fondée par Salim, lui-même bédéiste. Dès l'abord, l'animatrice du stand nous présente les réalisations de Kaza, deux livrets collectifs de poche de mangas, Le Voyage de la mouette et l'Eveil de la contrée d'Azeroth, ainsi que deux collections de BD éducatives, Fourtout et Petit futé. «Nos productions et produits sont 100% algériens», précise la jeune fille avec une pointe de fierté. Pour le premier livret, l'éditeur a lâché la bride aux bédéistes qui ont travaillé librement, développant leurs histoires et leurs scénarios alors que pour le second ils ont travaillé sur un scénario. Pour l'heure, les ouvrages de Kaza Editions sont vendus essentiellement à Alger et à Tizi Ouzou. La distribution reste le gros problème de l'édition en général et de la BD en particulier, qui, de plus, souffre d'une très mauvaise mise en valeur. Et ce n'est pas le Fibda qui pourra lever ces écueils. Il y a d'abord tout un travail à faire pour promouvoir la BD en tant qu'outil éducatif et distractif à la fois. Valorisée, elle pourra dès lors devenir le produit qu'on gagnerait à distribuer, commercialement parlant. Car, l'art et la culture sont également soumis aux lois de la commercialité, même s'ils essayent toujours de s'en affranchir. H. G.