Lire en fête, Feliv (contraction de festival du livre), Salon du livre, Festival de la BD,… Ce ne sont pas les manifestations dédiées à la promotion du livre qui manquent, aussi bien internationales que nationales ou locales. On a à peine clôturé une que la suivante pointe le bout du nez. Des livres ? Vous en voulez, vous en avez. Mais quand on n'en veut pas, il en pleuvrait que personne ne se pencherait pour prendre un livre. Et c'est là tout le problème. Il y a des livres, mais pas de lectorat. Il y a des lecteurs, mais pas de quoi transformer en Crésus un éditeur, y compris celui qui a soutenu le contraire, sinon pourquoi sont-ils si nombreux à s'investir dans l'ouvrage parascolaire ? D'ailleurs, les quotas du ministère de la Culture (près de 7000 ouvrages) et des différentes institutions et structures (wilayas et directions centrales et/ou locales) ainsi que les commandes spéciales pour le cinquantenaire de l'indépendance, «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», le Panaf, et toutes ces mégas manifestations budgétivores sont la première source de revenus de la majorité des maisons d'éditions algériennes. C'est même une bénédiction pour les éditeurs qui ont la «chance» de figurer sur la liste des bénéficiaires de cette aide de l'Etat. Les centaines de milliers d'ouvrages qui sont publiés à ces différentes occasions ne sont pas vendus mais distribués aux bibliothèques et salles de lectures des communes et des écoles à travers le pays. Les rayonnages des bibliothèques ne peuvent pas être vides. Il suffit de passer commande pour voir arriver un quota. Les livres sont ainsi placés dans le circuit où ils devraient être pour qu'ils soient à la disposition de tous et bénéficier à un maximum de lecteurs. Mais s'il n'y a pas ces lecteurs - et c'est le cas -, ils resteront là à s'empoussiérer, inutiles et improductifs. Or, ni le ministère de la Culture ni un bibliothécaire ne peut aller prendre les enfants par la peau du cou pour les emmener dans une bibliothèque et leur coller un livre entre les mains. Et quand bien même on le ferait, ce n'est pas pour autant qu'on aura inculqué le plaisir de lire, qui engendre le lecteur. En fait, les seules personnes qui peuvent obliger l'enfant à lire sont celles ayant de l'ascendant ou de l'autorité sur lui, ses parents d'abord et ses enseignants ensuite. Si pour les premiers, on ne peut rien faire pour les amener à assumer leurs responsabilités si ce n'est les sensibiliser, pour les seconds on peut leur redonner la mission de former des lecteurs, qu'ils avaient avant qu'on ne décide de réformer l'école en remettant à plat tout ce qui a été construit. C'est ainsi qu'une convention a été signée entre les ministères de la Culture et de l'Education nationale pour la réintroduction de la lecture dans les programmes scolaires, la dynamisation des bibliothèques scolaires et la relance des activités culturelles à l'école. Plus de deux ans après, aucun des chapitres de la convention n'a été concrétisé et l'école se débat toujours dans le bourbier de problèmes hérités de la décade benbouzidienne, caractérisée par une gestion faite d'approximations, improvisations, bricolages et replâtrages. On a bien installé une commission pour choisir les ouvrages qui devront être étudiés, mais, c'est connu, les commissions ne sont pas faites pour faire avancer les choses… On a aussi créé, en 2009, un Centre national du livre. Ce n'est pas mieux qu'une commission… Au final, le livre est partout, sauf là où on voudrait, il faudrait, qu'il soit. H. G.