Photo : M. Hacène Par Younès Djama Rouler à Alger n'est pas une simple balade. Quand on est usager, l'exercice est, aussi, peu reluisant en raison de l'anarchie ambiante dans laquelle «baigne» le transport en commun. Le bus est le moyen le plus accessible. Le métro et le tramway qui sont venus satisfaire les besoins des usagers, ont allégé, quelque peu, les souffrances des citoyens mais ils restent hors de prix pour les petites bourses. Les tarifs pratiqués par les taxieurs algérois sont jugés exagérés. Indispensable, le taxi est rare à Alger et de plus en plus cher. Mais les professionnels se défendent. Ce ne sont pas les taxis qui manquent mais les citoyens n'en trouvent pas, faute d'organisation. La situation de ceux qui travaillent avec le taxi-compteur est peu reluisante. Cela fait des années que les prix stagnent, tandis que les prix des produits alimentaires se sont multipliés. Les représentants des taxieurs demandent d'augmenter les prix pour permettre aux chauffeurs de taxi de gagner leur vie. Une réduction des impôts peut être une solution, suggère-t-on, devant la concurrence «déloyale» des clandestins qui «pèsent lourd» sur le rendement des chauffeurs dûment autorisés. Devant la démission de l'Etat, les transporteurs privés font la loi, au grand dam des usagers. Ainsi, certains opérateurs privés de transport collectif, public, urbain de voyageurs n'ont pas trouvé mieux que d'ajuster leurs tarifs pour s'aligner sur ceux pratiqués par les établissements publics de transport urbain de voyageurs depuis le 6 juillet 2010. Ces augmentations anarchiques du tarif n'ont pas été précédées par une amélioration de la qualité du service offert aux citoyens qui soit égale à celle qu'offre le secteur public. Le ministère des Transports précise pourtant (Circulaire 0483 du 29 juillet 2010 relative au relèvement de la tarification des prestations de transport collectif, urbain) que tout alignement de tarif sur ceux du secteur public (doit) être la conséquence d'une amélioration des prestations du service (hygiène, régularité, sécurité et confort) identiques à celles offertes par les établissements publics de transport urbain de voyageurs. Or, les opérateurs privés font fi de ces prestations, sans se soucier ni de la sécurité de leurs clients encore moins leur confort. Administration bureaucratique, opérateurs récalcitrants Les pouvoirs publics tentent une riposte en enjoignant à l'ensemble des opérateurs privés de transport collectif, urbain de voyageurs de remédier notamment aux insuffisances, à l'instar de la vétusté du véhicule (entraînant des risques pour la sécurité des usagers), la surcharge du véhicule, le manque d'hygiène et de sécurité, la tenue vestimentaire indécente du chauffeur et du receveur et l'usage abusif des supports audio et audiovisuels. Suite en page 14 Dans une circulaire de 2010, Amar Tou, ministre des Transports, a sommé les directeurs des transports d'organiser des inspections régulières et inopinées pour veiller au strict respect de ces conditions. Ces inspections peuvent être menées avec la collaboration des services de sécurité concernés (Gendarmerie et Sureté nationales). Il leur a été fait également obligation à ces opérateurs de respecter les conditions consacrées par la réglementation en vigueur, notamment la circulaire n°08/0327 du 10 septembre 2008 relative à l'organisation des activités des transports routiers de personnes et de marchandise. En vue de donner un peu d'ordre et une meilleure organisation à la profession de transport, le gouvernement, à travers le ministère des Transports, a tenté quelques solutions, notamment délivrer des autorisations pour de nouvelles dessertes au niveau de certaines lignes qui connaissent une saturation. Mais les intéressés sont confrontés à la bureaucratie et à la lenteur de l'administration des transports. Des postulants à l'investissement dans le domaine du transport routier de voyageurs se trouvent souvent confrontés à des contraintes bureaucratiques, insoutenables. Les organismes et institutions de soutien ou de développement de l'investissement conditionnent, en effet, l'octroi des avantages accordés dans le cadre de leurs dispositifs, par la présentation d'une attestation de l'administration des transports. Un document qu'ils éprouvent beaucoup de mal à se voir délivrer. Aussi, les demandes d'autorisation d'exploitation du service de transport public, routier de voyageurs émanant de citoyens ayant acquis leur moyen de transport sur fonds propre ou via le dispositif Ansej, ne sont pas satisfaites au motif de la saturation de lignes. Raison pour laquelle la tutelle a instruit les directeurs de transport à l'effet de satisfaire l'ensemble des demandes formulées par des postulants à l'exercice de cette activité dont les moyens de transport ont été acquis sur fonds propre. Un même traitement doit également être réservé aux investisseurs ayant postulé dans le cadre du dispositif Ansej. Pour ce dernier cas, les directeurs de transport de wilaya sont tenus de saisir les agences bancaires, locales et les antennes de l'Ansej couvrant leurs wilayas respectives pour leur signifier, d'une part que l'ouverture du secteur du transport routier de voyageurs à l'investissement concurrentiel constitue plus qu'une promesse d'attribution de lignes aux bénéficiaires et les informer, d'autre part que des autorisations d'exploitation seront attribuées automatiquement à tout investisseur ayant acquis son véhicule dans ce cadre.
Mauvaise gestion des infrastructures d'accueil, des voyageurs maltraités S'agissant de la gestion des infrastructures d'accueil et de traitement de voyageurs par route (Gares routières, stations urbaines, zones d'arrêt équipées et haltes routières) celle-là se caractérise, dans la capitale, à l'instar des autres régions du pays, par une anarchie et de multiples dysfonctionnements. Ces insuffisances se traduisent par une désorganisation de l'activité de transport, une mauvaise prise en charge des voyageurs et un manque d'entretien et de sécurité au niveau de ces infrastructures, assorties, dans certains cas, d'affectations arbitraires et opaques de transporteurs au profit de certaines gares au détriment d'autres gares. Aussi grave que cela et dans certains cas, contrairement à la réglementation en vigueur, la gestion est assurée directement par des associations professionnelles ou par des transporteurs au lieu et place de l'Administration, altérant ainsi la notion de service public rattachée à ce type d'équipement. Cette situation s'explique, essentiellement, par la méconnaissance, voire la non-application des textes en vigueur en la matière et par une faible implication des structures administratives en charge directement de la gestion de ces infrastructures. Pourtant, du point de vue de la réglementation, la gestion des infrastructures d'accueil et de traitement de voyageurs par route relève de la compétence des collectivités locales, en leur qualité de propriétaires et d'autorités concédantes de ces infrastructures et que toute concession en la matière doit obéir aux dispositions du décret exécutif n°04-417 du 20 décembre 2004.