L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a effectué hier une visite remarquée dans la bande de Ghaza. Il s'agissait de la première d'un chef d'Etat depuis 2007. Cette brève visite revêt d'autant plus d'importance que, à de rares exceptions, les personnalités qui viennent à Ghaza depuis cinq ans, comme le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ou les ministres européens des Affaires étrangères sont embarrassées par la situation de ce territoire, véritable prison à ciel ouvert. «Aujourd'hui vous annoncez officiellement la levée du blocus politique et économique imposé à la bande de Ghaza», a tenu à déclarer le chef du gouvernement Ismaïl Haniyeh à l'intention de cheikh Hamad, lors d'une cérémonie à Khan Younès. L'occasion pour poser la première pierre d'un projet immobilier destiné à des familles défavorisées. La visite de l'émir se décline sous le signe des investissements, que Doha a accepté d'augmenter de 254 à 400 millions de dollars en faveur de Ghaza. Annonce faite par le Qatar le 25 septembre, avec pour objectif l'aide à la reconstruction du territoire palestinien, dévasté par l'armée israélienne entre décembre 2008 et janvier 2009, notamment des infrastructures routières et des logements. L'émir du Qatar est arrivé à la tête d'une importante délégation, comprenant son épouse, cheikha Moza, et son Premier ministre, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, via le terminal de Rafah, où l'a accueilli Haniyeh. «Aujourd'hui nous abattons le mur du blocus israélien grâce à cette visite historique et bénie», se sont réjouis les dirigeants du Hamas. Cheikh Hamad était déjà venu en 1999 à Ghaza, où il avait été reçu à l'époque par le président Yasser Arafat. Le Hamas, qui dénonce «le blocus politique» dont il est victime, malgré sa victoire sans conteste aux élections législatives de 2006, s'évertue à attirer des personnalités internationales à Ghaza depuis la déroute de l'Autorité palestinienne en juin 2007. Cette visite très particulière ne fait cependant pas l'unanimité parmi les Palestiniens. Le Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a dénoncé la venue de l'émir du Qatar, appelant les pays arabes à «ne pas poursuivre la politique d'établissement d'une entité séparatiste dans la bande de Ghaza, qui sert fondamentalement les desseins israéliens». Plus diplomatique, Mahmoud Abbas a tenu à remercier le Qatar pour «ses efforts en faveur de Ghaza», mais a insisté sur la nécessité de «préserver l'unité des Territoires palestiniens et de mettre fin à la division». Doha a maintenu de bonnes relations avec le Hamas, dont il a accueilli le dirigeant, Khaled Mechaal, en 1997 à la suite d'une tentative d'assassinat en Jordanie. Le Hamas a récemment cédé face à la politique d'isolement en rompant les liens avec la Syrie et en se rapprochant du camp adverse. Le Qatar se trouve engagé dans l'aide aux rebelles syriens, engagés dans une sanglante confrontation avec le gouvernement en place. M. B./Agences